Mgr Delmas, évêque d’Angers, a plus de sens commun que Mgr Kerimel évêque de Toulouse – alors que ce dernier s’est obstiné un mois et demi à promouvoir un prêtre condamné pour viol sur mineur comme chancelier, contre ses propres fidèles, le bon sens et même la miséricorde qu’il a tenté de réécrire à sa sauce, l’évêque d’Angers a renoncé, quelques jours après la médiatisation de la nomination d’un prêtre condamné pour pédopornographie, à le nommer notaire à la chancellerie – fonction où le droit canonique exige des gens « au-dessus de tout soupçon« , et lui a retiré ses autres fonctions.
Il n’a pas fallu que la CEF écrive à l’évêque d’Angers – démarche historique s’il en est – ou qu’un autre évêque monte au créneau : après la médiatisation de l’affaire, et bien que la communication du diocèse, en vacances, soit aux abonnés absents, l’évêque a pris ses responsabilités : « conscients que les charges confiées, notamment notaire et délégué à la protection sociale du clergé, pouvaient susciter une incompréhension, et étaient susceptibles d’ajouter au trouble des fidèles , Mgr Emmanuel Delmas et le prêtre en question ont décidé d’un commun accord d’y renoncer . Ses responsabilités ont cessé à partir de ce mardi 12 août », précise ainsi Ouest-France.
Mediapart précise même à ce sujet que le diocèse a décidé «
de lui retirer les différentes responsabilités diocésaines qu’ils lui avaient précédemment confiées. Le prélat ne quitte pas seulement ses fonctions de délégué à la protection sociale du clergé, auxquelles il venait d’accéder, il renonce aussi à des charges plus anciennes qu’il exerçait depuis la fin de l’exécution de sa peine de deux ans de prison, dont quatre mois ferme.
D’après l’annuaire diocésain, le père Renaud cumulait par exemple, en 2025, les fonctions d’aumônier et de notaire (rédacteur des actes juridiques du diocèse). « Aucune de ces charges n’implique d’être en contact avec des mineurs », indique le diocèse, tout en expliquant que Mgr Delmas comme le père Renaud, âgé de 76 ans, ont tous les deux fini par prendre conscience que ces fonctions « pouvaient susciter une incompréhension et étaient susceptibles d’ajouter au trouble des fidèles ».
Que faire des prêtres condamnés pour abus ?
Il a fallu quatre jours d’isolement et d’orgueil en plus à Mgr de Kerimel à Toulouse pour prendre une décision similaire et
renoncer à la nomination de l’abbé Spina comme chancelier. Reste la question lancinante du
non-renvoi de ce prêtre à l’état laïc. Il n’est jamais trop tard pour bien faire – ou pour qu’il écrive au pape Léon XIV pour être relevé de ses voeux.
Les deux affaires – de l’abbé Renaud à Angers et de l’abbé Spina à Toulouse –
posent aussi la question du suivi des prêtres (et laïcs en mission d’Eglise) auteurs d’abus, et des charges qui peuvent leur être ou non confiées. Rendre au moins publiques les sanctions canoniques visant les prêtres – qui sont largement maintenues confidentielles encore aujourd’hui, et s’abstenir de nommer à des charges canoniques ou en ministère public les prêtres condamnés pour abus et
delicta graviora sont des solutions qui tombent sous le bon sens.
Avant d’envisager le renvoi systématique à l’état laïc des prêtres condamnés pour abus sur mineur ou majeur, l’abandon de la prescription canonique qui fait l’objet aujourd’hui de multiples détournements, et la publicité systématique des faits reprochés et des sanctions, canoniques et pénales.