La nomination par Mgr de Kerimel de l’abbé Spina, condamné définitivement pour viol sur mineur dans les années 1990, comme chancelier du diocèse de Toulouse – autrement dit comme la personne qui contresignera et paraphera tous les actes du diocèse – suscite un tollé national qui commence aussi à intéresser les médias étrangers. Après avoir affirmé prendre « le parti de la miséricorde« , celui que Mgr de Kerimel n’a pas pris envers ses fidèles où les victimes du père Ribes quand il était évêque de Grenoble, il se fend d’une lettre de deux pages pour tenter de justifier sa décision – on peut la résumer par « le chef a toujours raison. S’il se trompe, voir le paragraphe précédent« .
« Le chancelier n’a aucun rôle de premier plan » : Mgr de Kerimel ment par omission
« Depuis que je suis à Toulouse, le père Spina s’occupe des archives de la catholicité et en tant que vice-chancelier gère les notifications de baptêmes, de mariages, les extraits de baptême pour les paroisses qui en demandent. Il trie, archive, numérise des documents. Après la démission du chancelier en fonction, j’ai choisi de maintenir la continuité de mission et de nommer le père Spina chancelier en gardant son activité aux archives.
En tant que chancelier et comme avant, il continuera à travailler à son bureau à l’archevêché; il n’a donc aucun contact avec les jeunes, et vit de manière très discrète. Le chancelier est un homme de l’ombre dans un diocèse, il n’a aucun rôle de premier plan et cela ne peut être en aucune manière compris et présenté comme une promotion« .
Si ce n’est que Mgr de Kerimel omet un détail d’importance – la signature et le nom du chancelier figure sur tous les actes importants du diocèse, notamment les nominations de prêtres ou les conventions avec telle ou autre communauté ou diocèse. Si ce n’est pas un rôle de premier plan.
Mgr de Kerimel relit le droit canonique à sa sauce
Relevant que certains médias ont cité le droit canonique qui précise que le chancelier doit être « de réputation intègre et au-dessus de tout soupçon », il affirme qu’on « peut dire cela aujourd’hui du père Spina, si toutefois nous croyons que la conversion d’une personne est possible. […] Faire miséricorde à un prêtre qui a pêché gravement il y a trente ans et qui depuis fait preuve d’abnégation et d’intégrité dans son service et son rapport à ses supérieurs et ses confrères, est-ce possible ? »
Et d’aller plus loin encore, enfonçant toutes les portes ouvertes au bélier : « La miséricorde ne s’oppose pas à la justice, elle va plus loin. Ne pas faire miséricorde, c’est enfermer l’auteur de l’abus dans une mort sociale, c’est rétablir une forme de peine de mort ».
Où est la miséricorde pour la victime, deux fois brisée à vie par des religieux ?
On peut se demander légitimement où est la miséricorde de Mgr Kerimel pour la victime de l’abbé Spina, brisée à vie, et deux fois – d’abord par le directeur de Bétharram l’abbé Silviet Carricart, puis par l’abbé Spina, à l’époque responsable des vocations religieuses pour le diocèse de Bayonne, à qui la victime est présentée par l’abbé Carricart : « L’abbé Spina n’arrive pas par hasard dans ma vie. Il arrive parce que le directeur de Bétharram, qui m’avait déjà agressé, me jette dans les bras d’un nouvel agresseur lorsqu’il comprend que mon projet de formation religieuse est sérieux. L’abbé Spina prend le relais dans ma formation, et dans ma souffrance. C’était quelqu’un qui était très connu à Pau. Il officiait à l’aumônerie du très chic lycée Barthou de Pau et tenait la – très chic aussi – paroisse Saint-Jacques, non loin du tribunal. Il était très charismatique et très narcissique. D’un côté, sans mauvais jeu de mots, vous lui donniez le bon Dieu sans confession, mais de l’autre il était dans l’emprise et la perversité. Il m’a agressé sexuellement et m’a violé à plusieurs reprises, avec violence et sous contrainte« .
La victime mentionne le premier procès, qui s’est tenu en public, et où l’abbé Spina n’a pas eu vraiment une attitude « d’intégrité et d’abnégation« , pour reprendre les mots de Mgr de Kerimel : « J’ai demandé que le premier procès se tienne publiquement, pour rompre l’omerta. Cela a été une catastrophe énorme car tous mes proches ont été souillés. Ma mère élevait seule cinq enfants dont l’un en situation de handicap, alors on nous a fait passer pour les « cassos » du coin. La défense a prétendu que je faisais tout cela pour l’argent, dont ma famille manquait. On ne faisait effectivement pas partie de la bonne bourgeoisie paloise. Il y avait aussi des comités de soutien à l’abbé Spina très virulents. Pendant le procès, Spina m’a même accusé d’avoir fréquenté des prostituées et j’ai dû prouver devant le tribunal que je n’avais pas le sida ! »
Et néanmoins, l’abbé Spina a été protégé par l’institution, et sa promotion – car c’en est une, n’étonne pas du tout la victime : « je ne suis absolument pas surpris. On parle d’un criminel qui a été condamné à deux reprises [en première instance et en appel, ndlr] pour des faits de viols et agressions sexuelles sur mineur. Pourtant, il a toujours bénéficié d’une très grande bienveillance. Dès le départ, tous les pontes de l’Église ont été très bienveillants à son égard, et cela continue assez logiquement. Je sais bien qu’il y a eu la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église, dite Commission Sauvé) mais je connais tellement de cas de religieux qui ont été gentiment transférés… Même s’il n’est plus au contact d’enfants, c’est un symbole terrible que de le réintégrer. Prêtre, c’est le seul métier où vous réussissez à vous recaser malgré des crimes abominables« .
La promotion de l’abbé Spina, un « symbole terrible » pour les victimes : il est temps que Rome intervienne ?
Un communiqué de presse signé par plusieurs collectifs de victimes d’établissements scolaires religieux (dont Ustarritz, Betharram, Dax, Riaumont, Sainte-Croix des Neiges etc) s’insurge de la nomination de l’abbé Spina malgré son passif et demande à l’Eglise catholique des mesures franches et nettes, notamment « l’interdiction stricte et définitive d’exercer tout ministère pour les prêtres et les religieux condamnés pour des violences, qu’elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques, sur des enfants ou des adultes« .
Loin de suivre l’évidence, c’est à dire platement s’excuser auprès des victimes pour sa bévue, et renoncer à nommer l’abbé Spina, l’archevêque de Toulouse s’obstine à justifier l’injustifiable, car il est le chef et ne peut reconnaître qu’il s’est trompé – au risque d’éclabousser tout son diocèse, voire l’Eglise de France, préférer l’institution aux chrétiens et faire passer l’Eglise pour une association de malfaiteurs.
Vu que du côté de Mgr de Kerimel le bon sens semble oublié et la situation est bloquée, il serait peut-être temps que Rome intervienne pour remettre l’église au milieu du village, le bon sens dans le diocèse de Toulouse et la reconnaissance pour les victimes ?
Vraiment, pas un bon cet évêque de Toulouse!!!!
Il me semble que c’est un faux procès ! Ceci semble être une solution utilisée sur ce « poste » en plusieurs diocèses. C’est un poste idéal pour disparaître tout en restant actif! On peut travailler pour un diocèse des années sans voir le chancelier qui reste dans son bureau !
On voit son nom sur tous les actes diocésains. Et puis Mgr Kerimel n’a pas fait les choses à moitié, il l’a nommé accompagnateur des mariages !
L’abbé Spina semble avoir du charisme ! Il l’exerce visiblement aussi sur l’évêque.
Vu que le nombre de prêtres diminue, l’évêque peut sans doute appliquer la subsidiarité et prendre ce rôle et cette délégation de signature à sa charge…
De mon point de vue, le principal problème est que l’abbé n’a visiblement pas été jugé par un tribunal canonique, ce qui rend hautement contestable toute libéralité le concernant. Un tel tribunal le renverrait-il a l’état laïc ? Au minimum, il me semble qu’il ordonnerait-il une interdiction définitive d’exercer tout ministère.
Bien sûr,
Il fallait aussi interdire à St Paul d’exercer après tout ses crimes, à St Pierre as renié, etc… Etc…
Drôle de catholicité que la vôtre en vous mêlant aux loups pour hurler.
Vous avez accès à la conscience de l’abbé Spina ? Vous avez eu des confidences sur son chemin de pardon.
Triste médisence….
On ne peut probablement pas comparer saint Paul et saint Pierre à quelqu’un qui a détourné une vocation et qui a brisé sa victime pour la vie.
Très facile de se montrer magnanime quand on n’est pas concerné. Je suis écoeuré
« Promoveatur ut amoveatur » aussi bien pour Kerimel comme pour Spina …
L’Eglise trouvera toujours un archevêque ainsi qu’un chancelier ; pour trouver des curés cela sera plus diffcile !!!
R.R
Votre commentaire a la délicatesse et la finesse….d’un Caterpillar …
Manque de discernement, une bonne gouvernance de l’évêque lui aurait interdit de donner un poste en vue et « mondain » à ce prêtre. Son rôle est social et politique, il doit d’abord se préoccuper du bien de ses fidèles ! Il y a aussi une fausse misericorde.
Tout fidèle catholique devrait écrire à l’archidiocèse de Toulouse et demander la révocation de cette décision pour bien faire comprendre à l’archevêque que sa conception de la miséricorde envers un violeur d’un garçon de 16 ans pour lui donner des honneurs qu’il ne mérite pas n’est pas partagée par toute l’Église. La situation de ce prêtre était déjà suffisamment miséricordieuse avant cette nomination.