Après la nomination par Mgr Kerimel dcomme chancelier de l’abbé Spina, prêtre qui a été condamné à de la prison ferme pour le viol d’un adolescent voilà trente ans, et ses piteuses tentatives de justifier l’injustifiable, la polémique n’est pas près de retomber dans et en-dehors du diocèse. Margot Ferreira, responsale d’équipe MEJ au diocèse de Toulouse, a publié sur les réseaux sociaux une lettre ouverte salée à l’évêque de Toulouse. Extraits.
« C’est avec une révolte profonde et une immense déception que je vous adresse cette lettre. La nomination de l’abbé Spina comme chancelier du diocèse de Toulouse constitue une décision gravissime, indéfendable, et indigne de l’Eglise de France en 2025 ».
« Chancelier […] cette charge n’est pas une simple tâche administrative. Le chancelier est le gardien des actes juridiques de l’évêque, il intervient dans les nominations, la validation des actes canoniques, l’archivage des décisions. Il agit souvent en délégation directe de l’autorité épiscopale. Ce n’est pas un poste discret ou périphérique, mais une position de confiance, d’influence et de pouvoir au coeur même de la gouvernance diocésaine ».
« Le seul fait que ce crime a été commis devrait suffire à écarter toute possibilité d’une telle nomination. Pourtant vous le placez aujourd’hui dans une position de responsabilité que son passé aurait du définitivement lui interdire. Ce choix heurte profondément la conscience ecclésiale et s’apparente à une trahison de la confiance que l’Eglise tente de reconstruire […] Vous piétinez le travail de centaines d’éducateurs, d’animateurs, de laïcs, de prêtres responsables, qui ont porté cette exigence de vigilance et de vérité. Vous brisez la confiance patiemment reconstruite. Vous donnez à voir une Eglise incohérente, sourde, aveugle à ses propres engagements ».
« L’Eglise ne peut plus perpétuer une culture de réhabilitation institutionnelle des agresseurs sous couvert de miséricorde »
« Cette décision n’est pas seulement une erreur. Elle constitue un manquement grave à votre devoir moral et pastoral, une atteinte directe à la crédibilité de l’Eglise, et une violence supplémentaire faite aux victimes et à celles et ceux qui les accompagnent. Elle est aussi une insulte à la conscience collective qui, lentement mais fermement, a exigé des comptes, de la transparence, de la justice. Elle trahit votre rôle fondamental de pasteurs, garants de la protection des plus vulnérables ».
« Cette nomination fait violence à celles et ceux qui ont cru – et croient encore – que l’Eglise pouvait réellement changer. Elle blesse profondément les victimes qui espéraient enfin être prises au sérieux. Elle déstabilise les éducateurs, les prêtres engagés dans la prévention, les parents, les jeunes eux-mêmes […] Comment prétendre susciter des vocations, de l’engagement, une adhésion sincère, lorsque les signaux donnés sont ceux de l’oubli, du silence, de la négation des blessures ? »
« Ce que vous avez décidé est grave. Et les conséquences, bien au-delà du diocèse de Toulouse, seront durables. Il ne suffira pas d’un communiqué pour réparer cela. Il faudra de l’humilité, de la vérité, et surtout des choix à la hauteur des promesses que l’Eglise a fait à ses fidèles. Quand l’Eglise trahit ce qu’elle annonce, elle ne s’affaiblit pas seulement aux yeux du monde. Elle perd aussi ceux qui de l’intérieur y ont cru avec force et loyauté ».
Ce n’est pas la seule lettre ouverte qui a été adressée à Mgr Kerimel, qui pour l’instant a ignoré toutes les protestations comme il ignorait ses fidèles – ou les victimes du père Ribes – quand il était à Grenoble. Il bénéficie, au coeur de l’été, d’un silence assourdissant de la CEF, il est vrai en pleine transition entre Mgr de Moulins-Beaufort et Mgr Aveline. Qui ne dit mot consent?
Par ailleurs, dans une situation à peu près normale, l’abbé pressenti, constatant l’impossibilité de sa nomination, aurait eu la présence d’esprit de communiquer pour la refuser. L’abbé Spina a gardé un silence total depuis sa nomination, pendant que son diocèse et son évêque se faisaient démolir à cause de lui. Une attitude pour le moins troublante, et qui confirme autant une certaine déliquescence de certains décideurs ecclésiastiques français incapables du plus élémentaire bon sens, qu’une fois de plus, la faute commise par Mgr de Kerimel par cette nomination.