Le collectif des victimes de Bétharram a lancé un appel à témoignages aux anciens élèves de tous les pays de mission où la congrégation de Bétharram est implantée, après avoir constaté que plusieurs des mis en cause à Betharram ont fait des séjours prolongés ou ont dirigé des établissements scolaires et des maisons religieuses dans des pays étrangers – c’est notamment le cas de l’abbé Benoît Ségur, qui a été en poste au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Le collectif annonce aussi que d’autres plaintes affluent, et un nouveau corpus sera déposé avant l’été, dans ce qui est aujourd’hui la plus grande affaire d’abus et de violences sur mineurs en France.
« Briser le silence, pour dévoiler l’ampleur du scandale. Bétharram, en fait, à partir de maintenant, ce n’est pas un problème dans le Béarn en France, c’est une affaire, en fait, qui peut toucher quinze pays au total dans le monde Vous avez, de par la vocation missionnaire de la Congrégation, des prêtres qui ont fait des allers et retours entre la France et les pays membres. Et l’autre faisceau d’indices, c’est que pour l’instant, si vous voyagez dans les quatorze autres pays dans le monde ou Bétharram est présent, personne n’est au courant officiellement de ce qui se passe en France », explique Pascal Gélie, membre du collectif et à l’initiative de l’appel.
La congrégation de Bétharram, historiquement missionnaire, est ou a été implantée dans une quinzaine de pays, notamment au Maroc, en Algérie, en Côte d’Ivoire, Inde, Israël, Italie, en Argentine, au Brésil, au Paraguay, Thaïlande ou encore Vietnam.
Le dernier communiqué publié par le collectif des victimes, qui a déposé récemment 48 nouvelles plaintes, permet de revenir en bref sur les chiffres de cette affaire hors normes.
A ce jour :
- 200 plaintes ont été déposées
- 14 prêtres (dont 13 décédés) sont mis en cause pour abus sexuels; parmi eux, trois sont d’anciens directeurs de l’établissement – ils ont aussi dirigé d’autres établissements bétharramites, le collège Ozanam à Limoges pour l’abbé Tipy, le collège Etchecopar pour l’abbé Carricart et l’abbé Ségur, une école en Côte d’Ivoire pour l’abbé Ségur. Le père Beoagaray s’ajoute à ceux déjà mis en cause précédemment.
- 4 laïcs sont mis en cause pour abus sexuels, dont deux dans des dizaines de plaintes – ils ont fait l’objet de gardes à vues, l’un d’eux, surveillant à Betharram jusqu’à l’éclatement de l’affaire, a été mis en examen, les faits reprochés à l’autre, passé après Betharram à Neuilly, Orléans et Châteauroux sont prescrits.
- Toutes les personnes mis en cause pour abus sexuels le sont aussi pour violences graves, ainsi que 12 autres adultes – essentiellement des laïcs et des élèves-surveillants.
Pour rappel, voici la chronologie des dépôts de plaintes dans le dossier :
- le 31 janvier 2024 : 20 plaintes déposées dont 5 sexuelles
- le 13 février 2024 : 13 plaintes déposées dont 10 sexuelles
- le 23 avril 2024 : dépôt de 43 plaintes dont 23 sexuelles
- le 9 juillet 2024 : dépot de 26 plaintes dont 12 sexuelles
- De l’été 2024 à janvier 2025 : 10 plaintes déposées
- le 27 février 205 : dépôt de 40 plaintes dont 18 sexuelles
- le 3 avril 205 : 48 plaintes déposées dont 20 sexuelles
Par ailleurs, en-dehors des pays de mission où elle est présente, la congrégation de Bétharram a eu ou dirige encore plusieurs établissements en France :
- le collège Saint-Jean Baptiste de Bazas (fermé depuis le début des années 2000)
- le collège Ozanam de Limoges (1948-2011), toujours actif mais où la congrégation n’est plus présente – trois anciens élèves à ce jour ont déposé plainte
- le collège Echecopar de Saint-Palais (64), dont l’abbé Carricart, mis en cause encore à la fin des années 1990, a aussi été directeur