L’affaire des abus sexuels et physiques sur les enfants du collège Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Orientales, commis entre l’après-guerre et le milieu des années 2010, connaît un sérieux coup d’accélérateur depuis ce mercredi : trois des auteurs présumés ont été placés en garde à vue, dont un prêtre nonagénaire et deux laïcs. L’un d’eux a ensuite été CPE d’un établissement de l’enseignement catholique en Orléans, et directeur adjoint d’un collège avec internat à Châteauroux jusqu’à sa retraite, dans le diocèse de Bourges. Par ailleurs un des surveillants visés par des plaintes pour violences physiques à Bétharram s’avère être un diacre permanent du diocèse de Tarbes, et l’a été plusieurs années entre son ordination et son départ de l’établissement scolaire – ses propos à l’émission Quotidien, où il justifie les violences commises, ne passent pas auprès des victimes et posent sérieusement la question de la confiance dans l’Eglise…
Ce mercredi 19 février, trois des auteurs présumés d’abus sexuels et physiques ont été placés en garde à vue. Il s’agit :
- de l’abbé Henri Lamasse, reconnu auteur d’abus sexuels sur une victime, qui a été indemnisée après un demi-siècle de combat. Selon elle, il y avait d’autres victimes du même auteur, à l’apostolicat de Bétharram entre 1957 et 1962. L’abbé aujourd’hui nonagénaire serait interdit de sacrements publics, ce qui ne l’empêchait pas en novembre dernier de figurer sur le planning des messes célébrées à la chapelle de l’EHPAD de Bétharram, qui n’accueille pas seulement des ex-membres de la congrégation, tous les jeudis et un dimanche sur deux. Ce dernier a été relâché à l’issue de la journée de mercredi.
- Le surveillant Patrick Martin dit PM, encore en poste dans l’établissement au moment des premières plaintes en février 2024. Il est visé par plusieurs dizaines de plaintes pour abus sexuels et physiques, commis dans l’établissement, mais aussi en dehors – notamment pendant un camp scout sur l’île aux Moines dans le diocèse de Vannes.
- Le CPE Damien Saget, dit “Cheval” lui aussi visé par des plaintes pour abus sexuels et physiques, qui a quitté Bétharram à la fin des années 1990, alors que la première affaire (violences physiques, abus de l’abbé Silviet Carricart) battait son plein. Il reparaît ensuite comme conseiller d’éducation au collège Saint-Paul Bourdon Blanc d’Orléans, situé juste en face de l’évêché, de 1997 à 2005, puis directeur adjoint et responsable du collège Léon XIII à Châteauroux dans le diocèse de Bourges – qui a un internat – de 2005 à sa retraite en 2018.
A l’été 2024, la direction interdiocésaine de l’enseignement diocésain de Bourges – commune pour l’Indre, le Cher et le Loiret (diocèse d’Orléans) nous affirmait qu’il n’avait pas, à leur connaissance, été signalé pour violences ou abus à Châteauroux, et se disait incapable de donner les dates auxquelles il était en poste dans l’établissement, ni ses postes précédents. Voilà pour la volonté de “transparence” et de libération de la parole affichée hier par le directeur national de l’enseignement catholique.
132 plaintes à ce jour, de nouveaux auteurs laïcs et religieux identifiés
Par ailleurs les plaintes continuent à affluer – 132 à ce jour dont 60 sexuelles, et selon les témoignages de victimes qui s’apprêtent à déposer plainte, “ils ne prennent plus de plainte à la gendarmerie de Naÿ concernant cette affaire“, tandis qu’à la section de recherche de Pau, les rendez-vous sont donnés pour “dans trois semaines, ils croulent apparemment sous les demandes“.
Les gardés à vue ne représentent qu’une partie des auteurs – plus d’une vingtaine, dont 11 religieux – deux nouveaux ont été identifiés par de nouvelles plaintes, des abbés décédés en 1998 et 1997 respectivement. Néanmoins la majeure partie des auteurs d’abus sont des laïcs – une dimension qui ne semble pas assez avoir été prise en compte par la CIASE, qui s’est concentrée sur les auteurs religieux. Un des auteurs présumés serait toujours surveillant dans des foyers, d’autres ont exercé comme professeurs dans d’autres établissements scolaires de la région ou plus loin (Languedoc).
Un diacre permanent du diocèse de Tarbes justifie les violences qu’il a commises à Bétharram : peut-il encore exercer des fonctions d’Eglise ?
A l’émission Quotidien, un des surveillants mis en cause pour des violences physiques graves, Ange Mur, devenu en 2001 maire de la commune de Jarret, a tenu des propos justifiant ses violences : “quand je frappais, je frappais. J’en distribuais quelques unes en début d’année et après je n’en avais plus besoin“. Au sujet des violences sexuelles commises sur plusieurs enfants par l’ancien directeur, le Père Carricart, qui a mis fin à ses jours, il a eu ces mots : “comme par hasard, ce sont ces gosses maniérés [qui se posent des questions sur leur sexualité] qui subissent ce genre de violence“.
Mgr Micas, évêque de Tarbes Lourdes, a condamné ses propos : “Misère de misère” : c’est la réaction spontanée de l’évêque de Tarbes-Lourdes Jean-Marc Micas, après la déclaration de l’un des diacres de son diocèse, Ange Mur, sur les violences commises à Notre-Dame de Bétharram, à nos confrères de Quotidien. “C’est à cette occasion que j’ai découvert d’ailleurs qu’il avait été surveillant” souligne l’évêque, qui affirme qu’étant “prêtre à Toulouse dans les années 90”, “je ne connaissais pas” cette institution religieuse, au moment des faits. “La seule école réputée pour sa discipline que je connaissais dans mon périmètre, c’était Notre-Dame de Garaison“, dont un ancien surveillant avait été condamné à 14 ans ferme en 2009 pour des viols sur 23 mineurs, principalement des élèves de l’établissement, commis entre 1987 et 2006, et il y aurait d’autres faits plus anciens.
Tout ça pour dégommer ce pauvre Bayrou qui, de toutes façons, sait que ses jours sont comptés comme premier ministre de Macron. Ce prêtre directeur de Betharram, qui donnait des cachous à ses petits élèves, s’est jeté dans le Tibre. Comme quoi il n’y a pas que le Rhin qui se jette dans le Tibre. Il y a là un manque de confiance absolu dans la miséricorde divine qui rappelle le désespoir de Judas Iscariote qui lui s’est pendu. On a quand même de la chance en France d’avoir des héritiers politiques de Robespierre, dit l’Incorruptible, ou de Saint-Just, dit l’Archange. On respire tout de suite un peu mieux.
Il faudrait aussi faire la lumière sur les responsabilités de l évêque de Rabat, issu de la congrégation de Betharram, qui a été directeur de l institut.
Je ne vois pas quelles responsabilités le père Landel peut-il avoir là-dedans. Il a remplacé carricart après son inculpation et c’est tout juste s’il est resté un an directeur avant d’être nommé évêque, j’y étais élevé quand il était là!