En Suisse aussi le « printemps conciliaire » fait des ravages soixante ans après, au point que l’Eglise catholique ne sait plus quoi faire des « monuments architecturaux » de l’époque du Concile, qui ont tout aussi mal vieilli que ses idées. En février 2025 une note pastorale trilingue, intitulée « quand l’espace de l’Eglise ne suffit plus« , en vingt pages, définit les modalités de reconversion des lieux de culte. Il est question de privilégier une utilisation catholique ou par d’autres lieux de culte chrétiens, et d’adopter une démarche de conciliation, mais qu’à cela ne tienne – c’est la déchristianisation de plus en plus profonde de la Suisse qui transparaît à chaque page. Que le dernier chrétien qui s’en va ferme la porte, éteigne la lumière et trie ses déchets…
Ainsi à travers ces quelques lignes : « si l‘on envisage d‘élargir l‘utilisation de certaines parties d‘un bâtiment (p. ex. en détacher une aile et la louer à des tiers) ou proposer des heures d‘exploitation de l‘ensemble du bâtiment (p. ex. utilisation comme local de répétition pour des associations dans la même infrastructure), ou même de réaffecter l‘ensemble du bâtiment (p. ex. comme columbarium, c‘est-à-dire pour y déposer des urnes funéraires), il convient de sonder soigneusement tous les partenaires entrant en ligne de compte. Il faut savoir que dans le cas des bâtiments religieux, il ne faut guère s‘attendre à des rendements importants. Ils sont et restent un type de bâtiment très coûteux, notamment en termes de frais d‘entretien« .
« En accord avec les lignes directrices de l‘Église universelle , les partenaires d‘utilisation suivants, listés par ordre de priorité, entrent en ligne de
compte.1. Privilégier une autre utilisation ecclésiale (vicariat épiscopal, maison diocésaine, ordres religieux, communautés religieuses, nouveaux mouvements spirituels, association ou fédération catholique, communautés linguistiques, Église partenaire œcuménique, infrastructure de projet œcuménique…). En raison de leur signification symbolique, les églises et les chapelles ne doivent pas, dans la mesure du possible, être mises à la disposition d‘autres religions ou de nouvelles communautés religieuses.
En revanche, les centres paroissiaux qui n‘ont pas servi à des fins cultuelles peuvent être loués avec retenue comme lieux de rencontre et de culture. Dans tous les cas, il faut veiller à ce que de tels bâtiments ne soient pas loués à des communautés qui pratiquent le prosélytisme ou dont le message est contraire à l‘enseignement de l‘Église catholique.
2. Ensuite, il faut envisager des utilisations culturelles (musée, salle de concert, bibliothèque, recherche universitaire, ateliers d‘artistes…) ou sociales (centre de rencontre, crèche, centre de santé, épicerie Caritas, repas conviviaux…), pour autant qu‘elles ne soient pas en contradiction avec les valeurs humanitaires de l‘Évangile.
3. Dans le cas d‘église ayant une faible valeur historique et artistique, une réaffectation à des unités d‘habitation est également envisageable. Les utilisations commerciales sont à exclure (centres paroissiaux exclus) »
« Une vente est en principe impossible »
« Dans la mesure du possible, les églises et les centres paroissiaux doivent rester la propriété de leurs propriétaires initiaux. C‘est pourquoi il est recommandé de permettre la réaffectation non pas par la vente, mais par la poursuite de la location.
Une vente est en principe impossible si des changements ultérieurs dans l‘utilisation des bâtiments, incompatibles avec l‘Église ou ses principes éthiques, ne peuvent pas être exclus ou voire même être redoutés, par exemple dans le cadre d‘une relocation par l‘acheteur. Mais une vacance temporaire peut aussi être une option à moyen terme, par exemple pour gagner du temps dans la recherche d‘une bonne solution.
La démolition des églises et chapelles qui, en tant que bâtiments sacrés, ont une grande valeur symbolique, même si elles n‘ont plus de fonction cultuelle, ne devrait être envisagée que dans des cas exceptionnels et en étroite concertation avec l‘Ordinariat. Dans ce cas, il faut veiller à ce que, dans la mesure du possible, le site soit réutilisé à des fins compatibles avec les valeurs de l‘Église« .