Le refus des protestants suisses de financer une étude sur les abus en leur sein sous prétexte que c’est trop cher n’est heureusement pas suivi par tous leurs coreligionnaires. Ainsi aux Pays-Bas comme en Suisse, des fondations ont été créées pour venir en aide aux victimes, leur donner un espace d’écoute et, si possible, les indemniser.
Hollande : une fondation pour les victimes de l’église pentecôtiste De Deur
Si l’Eglise pentecôtiste De Deur refuse toute critique aux Pays-Bas, d’anciens membres ont créé une fondation pour donner un espace d’écoute aux victimes et faire connaître leur vécu:
« Selon d’anciens membres comme Crosby, de graves abus existent au sein de l’organisation, allant des abus (sexuels) à la manipulation, en passant par l’exclusion et l’exploitation financière. Les groupes Facebook fermés de De Deur Uit comptent désormais entre trois et quatre mille (anciens) membres. « Parmi eux, des membres actuels nous surveillent secrètement », explique Crosby. « Nous recevons des signalements de situations graves : abus sexuels, exploitation financière et rumeurs à votre sujet. C’est une rupture fondamentale avec votre ancienne vie. »
L’Église elle-même rejette toute critique. Le pasteur de De Deur a récemment réagi dans le journal Stentor : « Je n’ai aucun commentaire à faire sur les contrevérités qui circulent à notre sujet. Qu’une fondation soit créée par d’anciens membres qui s’opposent à nous ne signifie rien. N’importe qui peut créer une fondation. »
Le ministère de la Justice des Pays-Bas a lancé par ailleurs une ligne d’écoute téléphonique Onder Controle, pour les victimes d’emprise et de manipulation.
Suisse : les Vaudois lancent une fondation pour les victimes d’abus
Le 20 juin dernier, l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) a lancé une fondation autonome pour traiter les signalements et formuler des recommandations. » La création de cette fondation, dont la composition sera communiquée avant la fin de l’année, répond à une exigence de l’État de Vaud formulée dans la convention de subventionnement de 33 millions de francs de l’EERV pour la période 2025–2029« .
Philippe Leuba, membre du conseil exécutif de l’EERV, assure qu’il s’agira « d’une entité externe et totalement autonome. La fondation est soumise à l’ordre juridique suisse, elle dénoncera au Ministère public tout acte pouvant être constitutif d’une infraction pénale […] Elle aura deux objectifs distincts: soutenir les personnes se manifestant, notamment par l’écoute, l’information et l’orientation (cellule d’écoute). Par ailleurs, elle instruira également les situations d’abus présumés lorsque les circonstances le justifieront. Les personnes qui s’adresseront à la fondation contacteront en premier lieu la cellule d’écoute qui garantira leur anonymat. Si la situation paraît exiger un signalement à l’EERV ou au Parquet, cette dernière la transmettra à la cellule d’instruction, après concertation de la victime qui doit donner son accord pour la levée de son anonymat« .