Le diacre permanent du diocèse de Tarbes Lourdes Ange Mur, ordonné en 1992 par Mgr Sahuquet et surveillant de l’établissement de Bétharram où il est visé par plusieurs plaintes pour violences physiques graves par d’anciens élèves, a été suspendu par l’évêque de Tarbes Lourdes Mgr Micas. Il y a quelques jours dans l’émission Quotidien l’ex-surveillant a justifié les violences commises et qualifié de “gosses maniérés” les victimes de l’abbé Silviet Carricart, directeur de l’établissement à la fin des années 1990, alors mis en cause pour plusieurs viols, et qui avait mis fin à ses jours.
Dans un communiqué aux prêtres, diacres, et laïcs en mission du diocèse, paru ce 21 février, Mgr Micas revient sur les faits – avec une erreur factuelle cependant, puisque les élèves victimes affirment qu’il était encore surveillant dans l’établissement Notre-Dame de Bétharram en 1998/99, et confirment qu’il avait alors “la main lourde” à l’encontre les élèves. On peut néanmoins saluer sa grande réactivité, l’émission ayant été mise en ligne il y a 48 heures, qui tranche avec l’attitude souvent attentiste, voire le déni, de bien d’autres responsables religieux :
“Chers frères et sœurs,
Depuis quelques jours, Ange Mur, diacre de notre diocèse depuis 1992, est impliqué dans le dossier de l’institution Notre-Dame de Bétharram, pour des faits de violence sur des élèves alors qu’il y était surveillant de 1979 à 1981.
Tout d’abord, je tiens à redire ici ma profonde tristesse et ma honte devant la révélation des violences de toutes sortes que des élèves ont eu à subir dans le cadre d’une institution d’Église. Je me réjouis qu’ils puissent aujourd’hui parler, et enfin être entendus. Ce qu’ils ont subi, dans la solitude et le silence de tous, est d’une violence innommable. C’est d’abord à eux que je pense.
Je renouvelle mon engagement et celui du diocèse à coopérer à tout ce qui est engagé pour reconnaître ce que les personnes victimes ont vécu, et pour le réparer autant que cela est possible. Je renouvelle, ici mon invitation à toute personne ayant connaissance de faits impliquant des membres de l’Église à les signaler à la cellule d’écoute du diocèse (07.89.78.59.35), ou à France Victimes (116 016 ou 05.62.51.98.58), ou bien encore à déposer une plainte auprès d’un commissariat ou d’une gendarmerie.
Depuis son ordination diaconale, Ange Mur, enseignant, a été animateur pastoral, engagé auprès des chrétiens en monde rural, en Action catholique et au service de paroisses. Dès que j’ai appris son implication, je lui ai retiré tout ministère de manière conservatoire.
J’invite chacun de vous à prier pour que l’Église s’engage résolument dans le rejet de toute violence commise sur des enfants, et d’autres personnes. La confiance en notre Église passe par ce chemin de vérité et de justice. Continuons de nous soutenir les uns les autres dans cet esprit“.
Après son départ de Bétharram, Ange Mur a continué d’enseigner jusqu’à son départ à la retraite en 2014, notamment au lycée Mgr Peyramale, fondé en 1942 par des familles de Lourdes, puis passé sous tutelle diocésaine jusqu’en 1999, date à laquelle il a été transmis par Mgr Perrier à la tutelle des Frères de l’Instruction Chrétienne de Ploërmel, congrégation bretonne qui a connu diverses affaires d’abus dans plusieurs de ses établissements – et est visée par une action collective de 68 victimes au Canada. Les frères de Ploërmel géraient par ailleurs depuis 1855 le collège Saint-Joseph à Lourdes. Le diocèse n’a “rien qui le concerne à Peyramale” dans ses archives, mais invite les victimes à témoigner, soit auprès de la cellule d’écoute du diocèse, soit auprès des forces de l’ordre.
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D’autres victimes, abus et violences dans des établissements des Hautes-Pyrénées ?
Par ailleurs la presse locale s’est faite écho ces derniers jours d’autres abus et violences subis par des élèves d’autres établissements d’enseignement privé ou congréganistes dans le ressort du diocèse de Tarbes Lourdes, notamment à Garaison – plusieurs anciens élèves ont témoigné dans les colonnes de la Semaine des Pyrénées, tandis que des victimes de Saint-Pé de Bigorre se sont aussi faites connaître ces dernières semaines. L’impact national de l’affaire de Bétharram – qui dépasse aujourd’hui les 140 victimes – entraîne aussi une libération de la parole aux environs.