En raison d’une série d’attentats terroristes qui frappent l’Allemagne depuis plusieurs mois, les parlementaires allemands ont examiné à la fin du mois de janvier 2025 deux résolutions visant à rétablir un contrôle permanent aux frontières et à expulser systématiquement tous les immigrés illégaux.
Deux textes présentés par l’actuel président de la CDU (centre-droit) Friedrich Merz, qui brigue le poste de chancelier après une possible victoire aux législatives du 23 février et qui cherche ainsi à regagner les électeurs tentés par le parti de droite nationale Alternativ für Deutschland (AfD), une formation honnie par la majeure partie de la classe politique et de l’Eglise catholique allemande.
Le très synodal évêque de Limburg, Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence des évêques d’Allemagne (DBK), ainsi que des responsables protestants, ont signé une déclaration commune jugeant l’initiative parlementaire « contraire à la Constitution ».
Ils en appelaient à une union sacrée contre « l’extrémisme, en particulier le nationalisme ethnique ».
La déclaration co-signée par Mgr Georg Bätzing n’a pas tardé à révéler une fois de plus les fractures actuelles de la DBK : la secrétaire générale de la plus haute instance ecclésiastique allemande a fait savoir que l’initiative n’avait pas été réalisée « en coordination » avec les services compétents de la conférence épiscopale :
« Je recommande de s’abstenir d’autres prises de positions », a prévenu Beate Gilles qui en profité pour rappeler que la plupart des évêques étaient d’accord sur le fait de ne pas intervenir publiquement dans la campagne électorale des législatives.
A cette heure, trois prélats allemands ont réagi. Le premier, Heinz Wiesemann, évêque de Spire pour défendre la déclaration du président de la DBK ; les deux autres – Mgr Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne et Mgr Gregor Maria Hanke, évêque de Eichstätt – pour s’en désolidariser.
« La déclaration actuelle contre le projet de loi de la CDU/CSU n’a pas été faite en mon nom, je m’en désolidarise complètement », a protesté Mgr Voderholzer. Le porte-parole de la Conférence épiscopale, Matthias Kopp, a déclaré au Tagespost que « de nombreux retours critiques de la part de catholiques opposés à la déclaration de Mgr Bätzing sont remontés » au siège de la DBK.
Ainsi, le président de la Fédération des entrepreneurs catholiques (BKU), Martin Nebeling a défendu la motion parlementaire déposée par la CDU et a pris ses distances avec ceux qui, au sein de la hiérarchie catholique, ont fait le choix de la critiquer : « Une mesure n’est pas mauvaise pour la seule raison que l’AfD la soutient », a déclaré Martin Nebeling.
Les divisions dans l’épiscopat ébranlent aussi les associations de jeunesses catholiques et le Comité central des catholiques allemands (ZdK) : après les critiques sévères portées contre les partis de centre-droit par la présidente du ZdK, Irme Stetter-Karp, Annegret Kramp-Karrenbauer, figure de proue de la CDU a quitté les fonctions qu’elle occupait au sein du comité de laïcs catholiques.