Eudistes : vers une action collective de victimes au Québec

Les Eudistes n’en ont probablement pas fini avec les révélations sur les abus sexuels dans leur congrégation, des deux côtés de l’Atlantique. Une action collective de victimes est sur le point d’être autorisée au Québec, révèle le média québecois Présence Info :

“Une demande d’autorisation d’une action collective contre la Congrégation de Jésus et Marie – les Eudistes – a été déposée aujourd’hui au palais de justice de Montréal. Des victimes d’agressions sexuelles qui auraient été commises entre 1940 et aujourd’hui par des membres ou des employés de la congrégation souhaitent qu’elle soit condamnée à leur verser 20 M$ à titre de dommages punitifs.

Une des victimes, identifiée par ses initiales G.G., était un étudiant. Il explique dans la requête judiciaire que lorsqu’il étudiait à l’Externat classique Saint-Jean-Eudes de Québec, le père Charles-Eugène Langevin est devenu son directeur spirituel. Une relation de confiance s’établit entre l’étudiant, alors âgé de 13 ans, et le religieux. Le père lui déniche un poste de réceptionniste à la résidence des prêtres, il l’invite au restaurant et lui propose des «tours de voiture». À plusieurs reprises, lors de ces balades, le père Langevin immobilise le véhicule et pose sa main sur la cuisse de G.G., qui alors «minimise la portée» de ce geste. Jusqu’au jour où le prêtre l’agresse.

La demande d’autorisation indique que G.G. a subi, en cinq années, une vingtaine d’agressions tant à l’Externat classique Saint-Jean-Eudes (aujourd’hui le Cégep de Limoilou) qu’au couvent de Charlesbourg que les eudistes occupent dès la fin des années 1960. Les agressions, qui ont cessé lorsque G.G. est devenu étudiant au collégial, ont engendré chez lui «des cauchemars, un sentiment de honte, de la méfiance, des pensées intrusives, des difficultés sexuelles ainsi qu’un rejet de la religion», indique la requête déposée par le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats [qui a déjà défendu d’autres victimes d’abus, dans des procédures similaires].

Aujourd’hui septuagénaire, G.G. reconnaît n’avoir pas mentionné «pendant longtemps» ces agressions à qui que ce soit, en raison de la honte ressentie mais aussi parce qu’il craignait de ne pas être cru. Il réclame aujourd’hui une somme de 450 000 $ ainsi que le titre de représentant des victimes dans ce recours collectif.

À ce jour, en plus de G.G., huit autres personnes ont contacté le cabinet d’avocats. Six membres ou employés de la Congrégation de Jésus et Marie ont été dénoncés. Le père Charles-Eugène Langevin est identifié par deux victimes. De plus, les noms de deux enseignants des collèges eudistes de Montréal ou de Québec apparaissent dans le tableau anonymisé des victimes joint à la requête judiciaire. La plus récente agression aurait eu lieu en 1994 dans une paroisse montréalaise confiée à la congrégation religieuse. Dans ce cas, le religieux identifié est décédé au début de l’année 2023“.

En grand déclin, la congrégation des Eudistes présente par le passé dans cinq diocèses au Canada, ne compterait en 2022 plus que 29 membres au Canada (dont 5 en territoires anglophones) et 10 aux Etats-Unis. Elle est aussi impliquée dans plusieurs affaires d’abus sexuels en France.