Comme dans l’affaire Bétharram, le diocèse et l’enseignement catholique ne sont pas les seuls à n’avoir rien fait pour endiguer les violences et suspendre leurs auteurs dans l’affaire du collège Saint-Pierre de Relecq-Kerhuon, où un collège religieux servait de « maison de redressement » qui a violenté des dizaines d’élèves, dans le Finistère près de Brest.
Le collectif des victimes a commencé a reconstituer les archives et rétablir la mémoire, notamment au sujet d’un des principaux auteurs de violences, le père Yves Laë : « le petit groupe a pu mettre la main sur des coupures de presse, des courriers et rapports de l’inspection de l’Éducation nationale et de la préfecture notamment, pour reconstituer, entre autres, le parcours d’Yves Lae (décédé en 2004), ancien professeur et directeur de Saint-Pierre et principal mis en cause par les anciens élèves pour des faits de violences physiques et psychologiques, dans les années 1960 et 1970« .
L’inspecteur d’académie l’épinglait dès le 3 mars 1971 dans un courrier au préfet pour des infractions qui ont contribué à améliorer les finances du collège Saint-Pierre, mais illégalement, notamment sur le calcul des frais de demi-pension et des bourses. A ce relevé d’infraction, il ajoutait : « « pour le maintien de la discipline, le directeur aurait parfois recours aux châtiments corporels ».
Le père Yves Laë interdit d’exercer ses fonctions de professeur et directeur dès 1971, mais maintenu
Comme le relève Splann! « la mise au jour des ces pratiques a conduit Yves Lae à être interdit d’exercer les fonctions de professeur et de directeur dans la commune du Relecq-Kerhuon par décision du conseil départemental de l’Éducation nationale, prise lors de la séance du 21 juin 1971. L’Inspection départementale de Brest a signalé sa présence à deux reprises en 1972, avant de découvrir, non sans surprise, dans un article du Télégramme daté du 3 décembre 1973 relatif à l’assemblée générale de l’association des parents d’élèves de Saint-Pierre, qu’Yves Lae y a non seulement participé, mais y est décrit comme le « Supérieur » de l’établissement. À ce titre, il a présenté la progression des effectifs d’élèves et même indiqué avoir dû procéder à des refus de candidatures ».
En fin de compte, la loi d’amnistie de 1974 annule la sanction de 1971 jamais appliquée par le diocèse de Quimper, et il ne quitte le collège qu’en 1977. Combien de victimes auraient pu être évitées si le diocèse avait appliqué les sanctions de 1971 ?