Affaire Spina : Mgr Eychenne désavoue Mgr Kerimel

Comme nous l’avions écrit, le communiqué de Mgr de Kerimel et ses dérives théologiques et juridiques discutables sur la miséricorde, le pardon et la justice restaurative est loin d’avoir calmé la crise liée à l‘affaire Spina – ce prêtre condamné pour viol qui avait été nommé chancelier du diocèse de Toulouse au début de l’été, avant que cette nomination ne soit rapportée après six semaines d’obstination. Le communiqué n’a même fait que la raviver – comme si l’évêque de Toulouse avait le criant besoin de concentrer l’attention et les critiques sur lui plutôt sur l’actualité de son diocèse ou sa gestion.

Ainsi, sur les réseaux sociaux, Mgr Jean-Marie le Gall, ex-modérateur de la communauté Saint-Martin et ex-recteur du sanctuaire de Montligeon – il avait donné sa démission avec fracas en 2014 juste après la perte du pèlerinage des Portugais, cite un papier lunaire qui prend la défense de Mgr de Kerimel qui prétend que ne pas honorer par des fonctions diocésaines de premier plan « réduit la Foi à une morale sociale et sécuritaire« .

Néanmoins il est contredit par un ex de la communauté Saint-Martin – il l’a quittée pour rejoindre le diocèse d’Orléans en 1994 – et son successeur sur le siège de Grenoble, Mgr Eychenne. Pour celui-ci, « réinsérer dans la société et dans l’Eglise, accorder une place digne (dignité humaine inaliénable), ce n’est pas faire de quelqu’un un exemple, un modèle et l’honorer d’une distinction« .

Quel dommage que Mgr Eychenne n’a pas fait siens ces principes lors de sa gestion en Ariège, où il a laissé en plan des situations canoniques pour le moins ardues…

Même le Point s’étonne de l’ardeur de Mgr de Kerimel à confondre persévérance et persévération

Le Point aussi a été surpris par le communiqué de l’évêque de Toulouse : « au lieu de clore une affaire qui provoque un énorme malaise depuis plusieurs mois au sein de l’Église de France, Mgr de Kerimel non seulement ne lâche pas mais il relance la polémique. L’archevêque de Toulouse veut inviter à un débat sur la rédemption, la miséricorde, le pardon, et même « la justice restaurative », mais une fois de plus pour justifier son choix à nommer ce prêtre […]  Un texte qui suscite déjà la colère de nombre de fidèles et de prêtres sur les réseaux sociaux ».

Le Point souligne au fil des lignes les maladresses de Mgr de Kerimel : « Un prêtre violeur qui a purgé la peine infligée par la justice a le droit à être réinséré dans la société, certes. Mais qu’il le soit à un poste clé, prestigieux avec une charge symbolique forte, celui de chancelier, au sein de l’un des plus grands diocèses de France, voilà qui choque. Pas Mgr de Kerimel« .

Et de conclure : « Les victimes apprécieront. Tout comme les nombreux fidèles et prêtres outrés. Et les évêques ? Actuellement en pèlerinage en Terre sainte, ceux-ci n’ont pas encore officiellement réagi à cet entêtement de l’un des leurs, à contre-courant des décisions prises par l’Église de France dans la lutte contre les violences sexuelles« .

Une chose est sûre : l’affaire Spina à Toulouse, l’affaire Renaud à Angers, Mgr Colomb à la Rochelle – mis en cause dans le scandale des MEP – rétrogradé au profit d’un coadjuteur avec les pleins pouvoirs, jusque là évêque de Limoges, les fidèles de Notre-Dame de Valence ignorés et persécutés par leur évêque, des affaires d’abus qui éclatent chaque jour, avec leur corollaire de collectifs de victimes, d’appels à témoignages, d’explications embarrassées de prélats et supérieurs de congrégations – quand ils reviendront de Terre Sainte, les évêques trouveront Gaza dans l’église de France. Avec comme otage le peuple de Dieu en entier.

Quousque tandem abutere, Episcopi, patientia nostra?