L’instruction de l’affaire Yannick Poligné – un prêtre du diocèse de Rennes écroué dans la nuit du 3 au 4 novembre 2022 après avoir été découvert dans une chambre d’hôtel avec un adolescent qui l’accusait de l’avoir drogué et violé – s’est achevée. Le juge d’instruction a mis hors de cause le prêtre rennais pour les faits de viol dans son ordonnance du 26 décembre dernier, mais l’a renvoyé en correctionnelle pour usage de stupéfiants. L’enquête a aussi révélé sa vie dissolue, manifestement incompatible avec la poursuite de son ministère.
Bien que le diocèse de Rennes ait feint à l’époque de découvrir la double vie de son prêtre, des questions se posent vis à vis de Mgr d’Ornellas et Mgr Souchu; par le passé, l’abbé Poligné a été en poste à Redon – comme un autre prêtre du diocèse condamné pour viol, Gaël Carissan, et serait lui aussi passé par l’Arche – dont Mgr d’Ornellas est l’évêque accompagnateur, ainsi que par l’école de la Foi de Coutances avant son entrée au séminaire. L’abbé Poligné serait aussi intervenu lors de retraites au foyer de Charité de Tressaint, un lieu connu pour plusieurs affaires d’abus.
L’élément intentionnel absent pour les faits de viol
Le parquet a confirmé à l’AFP que « l’expertise psychologique a confirmé la fragilité du mineur, qui a développé un rapport obsessionnel au sexe en lien avec une grande consommation de pornographie depuis le plus jeune âge ». Il a aussi expliqué lors de ses auditions à la brigade des mineurs « avoir eu des échanges préalables sur l’application de rencontre gay Grindr avec cet homme qui s’était fait passer pour un militaire (!) tandis que lui-même avait prétendu être majeur. Ils avaient consommé de la poudre écrasée [du GBL et du 3CMC, a établi l’instruction], leurs rapports à l’hôtel avaient été consentis ».
L’absence de contrainte et l’âge de l’adolescent, ainsi que son consentement préalable expliquent le non-lieu pour viol.
Le diocèse de Rennes communique :
Communiqué au sujet de la situation du père Yannick Poligné
L’Archevêque de Rennes prend acte de la décision rendue par la justice civile concernant le père Yannick Poligné, prêtre du diocèse de Rennes. Il attend désormais le jugement du tribunal correctionnel le concernant.
Selon le droit de l’Église, puisqu’il s’agit d’une situation impactant un clerc avec un mineur, celle-ci relève de la compétence du Dicastère pour la Doctrine de la Foi au Vatican.
L’Archevêque de Rennes a informé ce Dicastère dès le 10 novembre 2022 et continuera de l’informer. Celui-ci statuera sur la situation canonique du clerc en question qui, depuis sa mise en examen le 6 novembre 2022, n’exerce plus aucun ministère pastoral.
Une vie dissolue, manifestement incompatible avec le sacerdoce
L’enquête a aussi établi, au sujet du père Yannick Poligné, « une vie homosexuelle active et ponctuée de chemsex« .
A l’époque de son arrestation, la presse, notamment le Télégramme, étaient revenus sur la double vie du père Poligné : « À Montfort-sur-Meu, l’abbé avait justifié ses absences par le fait qu’il souffrait d’une leucémie. Et personne ne connaissait ses fréquentes virées à Paris. depuis quelques mois, ses nombreuses absences et son train de vie intriguaient les paroissiens de Montfort. Forcément, un prêtre, payé moins qu’un smic, au volant d’une Alfa Roméo crossover toute neuve achetée un peu plus de 40 000 €… L’origine de cet argent ? Un héritage d’un million d’euros, légué, il y a cinq ans, par le mari d’un couple uni sur le tard par l’abbé, selon plusieurs sources. Avec ce joli pactole, le prêtre s’était également offert un appartement avec vue sur mer, à 200 mètres de la plage de Saint-Malo ».
Par ailleurs, selon nos informations, après sa libération sous contrôle judiciaire, placé dans une maison qui accueille notamment des prêtres auteurs d’abus et qui doivent être éloignés de leur diocèse le temps de l’enquête pénale ou canonique les concernant, plutôt que de se livrer à une vie de prière et de pénitence qu’exige le droit canonique pour les clercs dans sa situation, qu’ils aient ou non été mis hors de cause par la justice des hommes, il aurait été en concubinage notoire avec un autre prêtre lui aussi mis en cause pour abus sur mineur et éloigné de sa communauté.
Des faits qui ne peuvent que choquer les diocésains de Rennes – dont le denier du culte est toujours employé au traitement de ce prêtre, puisqu’il y est toujours incardiné.
