Après avoir renvoyé dans ses foyers en Argentine Mgr Zanchetta, évêque d’Oran condamné pour abus sexuels et « réfugié » pour raisons de santé auprès du pape François dont il était proche, Léon XIV s’attaque à un autre dossier d’envergure – et un autre protégé de feu le pape François, Marko Rupnik.
Le 9 juin dernier les images des oeuvres de Marko Rupnik qui servaient à illustrer les fêtes religieuses sur les sites du Vatican ont été retirées, un an après la demande du cardinal Sen O’Malley, président de la commission pontificale pour la protection des mineurs, d’utiliser »avec prudence » les images des oeuvres de Rupnik par égard pour les victimes, et trois semaines après que le nouveau pape l’ait reçu, le 14 mai, dans la première semaine de son pontificat.
Reste à faire l’essentiel :
- libérer les infortunées religieuses, près de Rome, à Montefiolo, de la présence encombrante de Rupnik et de ses protégés dans les murs de leur couvent
- Interroger le rôle du cardinal de Donatis dans cette installation et sa gestion desdites religieuses
- s’informer sur les conditions dans lesquelles Rupnik a été excommunié, puis son excommunication levée par le pape François
- décrocher les 232 oeuvres de Marko Rupnik disséminées dans des lieux sacrés partout dans le monde, et ce notamment car les abus commis par Marko Rupnik sur les membres de sa communauté faisaient partie, d’après les victimes, du « processus créatif » de ses oeuvres – et ce, sans parler de ses dérives érotico-mystiques…
- Retirer ces oeuvres des lieux privés de l’Eglise où elles sont accrochées, notamment la nonciature apostolique de Paris – symbole terrible ! – et l’ex appartement de l’ex-pape à Sainte-Marthe.
Les jésuites tchèques sévissent contre le centre Aletti et les jésuites d’Olomouc, en lien avec Rupnik et des dérives mystiques
De leur côté les jésuites tchèques se sont enfin aperçus des problèmes qui étaient sous leurs yeux et ont décidé d’y aller cash, révélant au passage qu’ils ont toléré l’existence de dérives mystiques et de révélations qui remettaient en cause les victimes de Marko Rupnik, voire les attaquaient nommément, ainsi que d’une maison d’édition sulfureuse qui les publiait : « les jésuites tchèques sévissent contre les organisations liées à l’ancien jésuite Marko Rupnik, accusé d’abus. Fin mai [un mois après sa nomination] le provincial Pavel Bačo a relevé de leurs fonctions le directeur du Centre Aletti et le supérieur de la communauté jésuite d’Olomouc, a annoncé mardi la province de l’ordre .
Le nouveau provincial a également ouvert une enquête sur la maison d’édition « Refugium », affiliée au centre, qui publie des « écrits religieusement douteux » de la communauté spirituelle des « Servantes du Sacré-Cœur de Jésus » (Služebníci Ježíšova Velekněžského Srdce, SJVS), au sujet de laquelle une enquête canonique a été ouverte. Ces écrits impliqueraient des révélations privées à la mystique Katerina Klosová« .
Ils ont publié sur leur site un long communiqué :
Après avoir examiné la situation du Centre Aletti d’Olomouc, la direction de la Province tchèque de la Compagnie de Jésus a décidé de prendre plusieurs mesures en réponse à des textes doctrinalement douteux provenant de ce milieu, ainsi qu’à des signalements de manifestations sectaires et de manipulations spirituelles. Le nouveau provincial a décidé de révoquer le directeur actuel. Parallèlement, une enquête a été ouverte contre la maison d’édition Refugium afin de retirer les titres douteux de la distribution.
Récemment, des faits troublants ont été révélés concernant le Centre Aletti d’Olomouc, et plus particulièrement la communauté des Servantes du Sacré-Cœur de Jésus (SJVS), qui lui est étroitement liée. La maison d’édition Refugium a publié plusieurs publications qui soulèvent de nombreuses questions et sont doctrinalement douteuses. Leur source serait les prétendues révélations privées de Kateřina Klosová, que certains jésuites tchèques ont également commencé à accepter.
Bien que la communauté SJVS donne l’impression d’être issue du milieu des jésuites tchèques et de leurs collaborateurs, la Province tchèque de la Compagnie de Jésus se distancie catégoriquement de cette communauté et des textes créés à partir des prétendues révélations de Kateřina Klosová et ne souhaite en aucun cas y être associée. L’œuvre de la SJVS n’est pas et n’a jamais été celle de l’ordre des jésuites. Prier pour les prêtres est indéniablement bénéfique, mais cet effort louable ne saurait être associé à des idées, au moins doctrinalement controversées. De plus, la communauté se manifeste de manière sectaire et est source de divisions et de discordes au sein des Églises locales. Par conséquent, elle peut difficilement être perçue comme l’œuvre du Saint-Esprit.
Nous ne pouvons souscrire aux manifestations de manipulation spirituelle répétées de certains membres du SJVS. Nous considérons également comme totalement inacceptable la défense de l’ancien jésuite Marek Ivan Rupnik, accusé de comportement inapproprié envers une trentaine de personnes. Nous rejetons la banalisation de ses méfaits et la dépréciation des victimes de Rupnik, comme cela a été le cas à maintes reprises dans les ouvrages incriminés de la maison d’édition Refugium. Nous rejetons également les déclarations problématiques et partiales concernant des personnalités privées et publiques, les nombreuses déclarations très douteuses d’ordre spirituel et théologique, ainsi que les formulations doctrinales controversées que l’on trouve dans les publications susmentionnées.
Mesures que nous avons prises pour rectifier la situation :
Le lundi 26 mai 2025, le nouveau Supérieur général, le P. Pavel Bačo SJ, a pris ses fonctions de Provincial de la Province tchèque de la Compagnie de Jésus. Il a ensuite :
1/ Il a limogé l’actuel directeur du Centre Aletti et le chef de la communauté d’Olomouc et a nommé leurs successeurs temporaires.
2/ Il a ouvert une enquête sur la maison d’édition Refugium. Les publications douteuses seront retirées de la distribution et leur liste sera publiée sur le site web de la Province tchèque de la Compagnie de Jésus afin que ceux qui les possèdent puissent en prendre connaissance.
Les démarches ci-dessus, réalisées en collaboration avec le siège de l’ordre à Rome, ne sont que le début du chemin vers la résolution de la situation dans son ensemble.
La communauté SJVS fera désormais l’objet d’une enquête conformément au droit canonique afin de vérifier sa position et d’envisager les mesures à prendre par les autorités ecclésiastiques. En attendant que les autorités ecclésiastiques compétentes aient évalué la situation de manière responsable, nous recommandons à tous les membres de la communauté de se tourner vers leur directeur spirituel local ou d’autres prêtres actifs dans la pastorale pour toute question d’accompagnement spirituel.
En tant que jésuites tchèques, nous présentons nos plus sincères excuses à tous ceux à qui des membres de notre ordre ont causé un préjudice spirituel en lien avec le mysticisme fallacieux du SJVS et du Centre Aletti. Nous serions reconnaissants de tout témoignage susceptible d’éclairer le contexte de cette affaire. Nous demandons également prière et patience.
Père Pavel Bačo SJ, provincial