La Nuova Bussola a enquêté sur le couvent des Bénédictines de Priscilla à Montefiolo, dans la commune de Casperia, un petit village dans les collines de Sabina, dans la province de Rieti, dans lequel l’ancien vicaire du pape pour Rome, le cardinal De Donatis, s’est construit un confortable appartement, et qui devient le nouveau siège des anciens jésuites du Centre Aletti. Avec l’expulsion relative des religieuses qui y résident.
Depuis plusieurs semaines le Père Marko Ivan Rupnik, l’ex-jésuite expulsé de l’Ordre et accusé de graves abus sexuels sur des femmes et des sœurs consacrées, accompagné d’autres ex-jésuites du Centre Aletti qui, jusqu’à ce que le scandale éclate, était le quartier général de Rupnik et de ses disciples occupent ce monastère.
Ce monastère qui appartenait à l’origine aux Frères Capucins et qui, après être tombé dans un état misérable, a été acheté et rénové en 1935 par Monseigneur Giulio Belvederi, ancien secrétaire de l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne, a accueilli un groupe de femmes désireuses de vivre la vie religieuse qui, en 1936, se sont établies comme oblates bénédictines régulières de Priscilla, rejoignant par la suite la Confédération bénédictine. Mais aujourd’hui, il passe aux mains d’un petit groupe d’anciens jésuites, favorisés par la situation du couvent qui, entouré d’un haut mur et d’une forêt qui le sépare de la route principale, en fait une excellente résidence pour ceux qui veulent vivre dans le secret.
Outre Rupnik, se trouve le Père Milan Žust, qui a été pendant des années le supérieur du Père Rupnik dans la communauté jésuite du Centre Aletti, et de 2018 à 2021 un collaborateur du Délégué du Supérieur général pour les maisons et œuvres interprovinciales à Rome, le Père Johan Verschueren qui a laissé Rupnik se déchaîner partout, alors qu’il avait déjà été frappé par la fameuse « excommunication éclair », et alors que des rumeurs d’autres abus étaient déjà connues.
Les quelques religieuses restantes font leurs valises pour déménager dans leur maison de San Felice Circeo et le couvent restera aux mains de ce petit groupe d’anciens jésuites qui, entre-temps, ont envahi l’espace des religieuses, mangeant avec elles, dans leur réfectoire, et dictant la loi.
En réalité, le couvent de Montefiolo était déjà une résidence connue et fréquentée par les membres du Centre Aletti, qui y organisaient des cours d’exercices spirituels dans une grande aile de l’énorme bâtiment, appelée « Maison de la Résurrection ». Mais – et c’est là le plus beau – c’est le cardinal Angelo De Donatis, ancien vicaire général de Sa Sainteté pour le diocèse de Rome et aujourd’hui major pénitencier, qui a manœuvré le changement. Il n’est un secret pour personne que le cardinal est le grand protecteur de Rupnik et que, in illo tempore, il a rejeté comme des calomnies les accusations nombreuses et circonstanciées qui émergeaient contre l’ex-jésuite slovène, allant même jusqu’à publier une note ridicule louant la réalité irréprochable du Centre Aletti, alors que les victimes de Rupnik réclamaient la vérité et la justice.
De Donatis est chez lui à Montefiolo, où il s’est construit un logement à deux étages à l’intérieur de la propriété des religieuses (« un bel appartement », disent les habitants du village qui l’ont vu), en récupérant et en aménageant une structure que les religieuses utilisaient pour garer leurs véhicules, sur la pente qui descend vers le mont Soratte. Et puis, dans la localité voisine de Poggio Catino, le cardinal est également propriétaire d’une ancienne ferme avec piscine, dans laquelle il semble qu’il ait fait séjourner Rupnik & C., en attendant de les installer à Montefiolo.
Les pauvres nonnes ne semblent pas aller bien, elles sont pratiquement les otages du cardinal De Donatis et du groupe de Rupnik, et on les empêche d’ouvrir le couvent aux étrangers.
Morale de la fable, le cardinal est le directeur de Rupnik et du petit groupe qui a quitté la Compagnie de Jésus dans une propriété qui n’est pas la sienne, mais dans laquelle il a élu domicile et qu’il gère comme la sienne. Ne pouvant incardiner lui-même Rupnik dans le diocèse de Rome, décidément trop sous les feux de l’actualité après le scandale médiatique, un évêque disposé à procéder à une incardination purement formelle a été recherché et trouvé en la personne de Monseigneur Jurij Bizjak (remplacé par Peter Štumpf le 1er février dernier), laissant ensuite Rupnik libre de former une nouvelle communauté et de poursuivre ses activités artistiques. De Donatis n’avait rien contre le fait de remettre Rupnik, après tout ce qui s’était passé, en contact direct avec des religieuses.
Il n’est pas difficile de comprendre que les religieuses ont dû accepter la situation, volens nolens, De Donatis détenant l’administration de leurs biens mobiliers et immobiliers. Défier le cardinal pourrait aussi entraîner des désagréments que les moniales âgées, dont certaines en chaise roulante, ne peuvent pas supporter.