Paix Liturgique s’intéresse à la chapelle de la nonciature à Paris – pendant en effet que les évêques déclarent lutter contre les abus ou luttent effectivement contre ceux-ci, le nonce apostolique qui fait et défait leurs carrières prie dans une chapelle ornée des oeuvres d’un auteur d’abus sexuels et spirituels multiples, Marko Rupnik, ex-jésuite puissamment protégé, par ailleurs très proche du Pape François…
“Peu de gens le savent, mais la France ne compte que deux endroits où il y a des œuvres de Marko Rupnik, le mosaïste slovène ex-jésuite et proche du pape François qu’une vingtaine de victimes accusent d’abus spirituels et sexuels graves, dont des religieuses issues de la communauté nouvelle qu’il avait fondée et qu’il animait en Slovénie.
Il s’agit des mosaïques de la façade de la basilique Notre-Dame de Lourdes – que Mgr Micas, malgré les attentes et les demandes des victimes, a choisi récemment de ne pas retirer et de seulement laisser dans l’ombre la nuit… et la chapelle de la nonciature à Paris, le lieu où se font et se défont les carrières ecclésiastiques. C’est en effet le nonce, à partir de l’enquête faite dans les diocèses auprès des prêtres, des souhaits de l’évêque sortant et de la « ligne du Pape », ou du cardinal qui a nommé le nonce plutôt, que sont élaborées les terna, les choix de trois personnes entre lesquelles le Pape décide d’un évêque, à chaque succession ou transfert“.
Décidée à l’époque du nonce Baldelli, en poste de 1999 à 2009, en 2003-2004, ladite chapelle est abondamment ornée de mosaïques reconnaissables à leurs formes anguleuses et les yeux noirs – absence totale de lumière et d’élévation – des personnages, dont les yeux à rebours de la Tradition chrétienne ne représentent pas la lumière du monde, mais les Ténèbres du monde.
Depuis cette chapelle où se recueille le nonce – où il célèbre la messe aussi, avant d’aller faire et défaire les gloires ecclésiastiques de ce monde, ignorer de sa fenêtre les manifestations de fidèles sous ses murs et aller tancer les évêques parce qu’ils ne font pas suffisamment la guerre aux nourrissons, aux mariés et aux morts en empêchant les sacrements en rite tridentin dans leurs diocèses, il règne comme une ambiance malsaine.
L’on se souvient de la fin peu glorieuse du nonce précédent, Luigi Ventura, dont les mains baladeuses lui ont valu – contrairement aux us et coutumes habituels en matière diplomatique, une mise en cause pour attouchements, une levée de son immunité diplomatique en juillet 2019 puis un procès pour agressions sexuelles avec quatre victimes à l’automne 2020, où il était absent, mais, n’ayant pas fait appel, a du payer les dommages et intérêts – en plus d’écoper d’une infamante condamnation à huit mois avec sursis.
Ce qui n’a pas empêché Mgr Migliore de conserver lesdites mosaïques. On ne s’étonnera pas, d’ailleurs, que c’est devant une autre œuvre de cet auteur d’abus multirécidiviste que – triste ironie de la Providence ! – les évêques réunis par la CEF à l’automne 2021 après la déflagration du rapport de la CIASE ont fait amende honorable devant les caméras du monde entier, à Lourdes, pour les abus sexuels de l’Eglise commis pendant des décennies et toujours couverts.
D’ailleurs, la guerre acharnée que Mgr Migliore mène aux fidèles de la messe traditionnelle en France – celle de tant de saints, des bâtisseurs de la quasi-totalité des églises des terroirs français, celle du saint curé d’Ars – cache difficilement sa quasi-absence de prise de parole publique et d’engagement sur la question des abus.
Difficile en effet d’être crédible sur la question des abus sexuels, quand ce nonce célèbre la messe ou se recueille dans une chapelle ornée d’oeuvres d’un abuseur aux multiples victimes, dont le discours érotico-mystique faisait partie intégrante du processus de création, et qui comparait l’amour à trois à la sainte Trinité et les virées dans des cinémas pornographiques à Rome à l’élévation de l’esprit.
En revanche, dans sa chapelle Rupnik, le nonce pense-t-il semer le désordre dans les diocèses français en échappant à ses responsabilités, par exemple en étant promu Secrétaire d’Etat si le cardinal Parolin devenait Pape ? Comme Rupnik qui malgré des plaintes déposées de 1994 à aujourd’hui par ses victimes, trois enquêtes canoniques et des dizaines de témoignages, a toujours été protégé par les autorités ecclésiastiques les plus hautes, est incardiné dans un diocèse slovène, a vu son excommunication levée par le Pape lui-même…
L’affaire Rupnik illustre à merveille tant le caractère « systémique » des abus et de la protection des auteurs d’abus par l’institution que critiquait la CIASE que l’incapacité de la justice canonique de l’Eglise, transformée par le nonce et ses pareils en machine à purger, à rendre justice aux victimes et à condamner les abuseurs. C’est un concentré du discrédit des institutions ecclésiastiques telles qu’elles sont conçues par le pape François et ses continuateurs – non une Eglise qui transmet ce qu’elle a reçu pour élever fidèles et peuples, mais une association de malfaiteurs mitrés pour maintenir son pouvoir et écraser le « peuple de Dieu » dont elle ne cesse de parler.
Il n’y a pas que deux endroits avec des mosaïques de Rupnik en France. Il y en a 6 ! Certaines sont même en extérieur, et donc tout-à-fait visibles depuis la rue.
Si mgr Micas a entamé un travail de réflexion sur l’avenir de ces œuvres, il serait intéressant de savoir ce qu’il en est des 5 autres évêques qui ont une mosaïque dans leur diocèse ?