Avec le dépôt de 43 plaintes en avril dernier et 26 autres le 9 juillet dernier, ce sont en tout 102 plaintes qui ont été collectées par le collectif des victimes de l’établissement congréganiste de Bétharram dans les Pyrénées-Atlantiques, géré par la congrégation du même nom, et qui s’appelle de nos jours le Beau Rameau. En tout, 22 adultes sont mis en cause, dont 9 religieux (la plupart décédés) – 12 sont toujours vivants, dont deux laïcs qui concentrent une grande partie des plaintes pour des violences tant sexuelles que physiques.
Au moins une des plaintes concerne des faits qui ne sont pas prescrits – ils ont eu lieu en 1995-96. Ils sont particulièrement graves et sordides, car il s’agit d’un viol d’un élève par un surveillant; l’élève ensuite, fait le mur et rentre chez lui, mais à peine rentré, est repris par ce même surveillant et ramené dans l’établissement. Ses parents, malgré des douleurs importantes et la fuite de l’élève, ne font alors pas le lien avec des faits graves le concernant. Parmi les dépôts de plaintes les plus récents, pour la première fois une ancienne élève – Bétharram avait une branche féminine, à Igon, pour des faits de harcèlement.
Il y a eu par ailleurs des faits plus anciens, dans les années 1950, dans un orphelinat géré par la congrégation à Bétharram aussi – ces élèves, venus de familles très pauvres ou orphelins, ne payaient pas leur scolarité. L’une des victimes a été indemnisée par la CRR après des décennies de combat.
A ce jour, dans ce dossier de plus en plus lourd, avec des faits qui s’étendent des années 1950 jusqu’à 2011 :
- Le 31 janvier 2024, dépôt de 20 plaintes dont 5 pour violences sexuelles
- Le 13 Février 2024, dépôt de 13 plaintes dont 10 sexuelles
- Le 23 Avril 2024, dépôt de 43 plaintes dont 23 sexuelles ce qui donne un total de 76 plaintes (dont 38 sexuelles)
- Le 09 Juillet 2024, dépôt de 26 plaintes dont 12 sexuelles ce qui donne un total de 102 plaintes (dont 50 sexuelles)
Le procureur de la République a annoncé qu’une décision serait prise en septembre quant au traitement judiciaire de ce dossier, tandis qu’Alain Esquerre, porte-parole du collectif de victimes a expliqué dans les colonnes de Sud-Ouest que d’autres révélations – et d’autres plaintes – sont encore à venir dans ce dossier, en passe de devenir la plus importante affaire d’abus physiques et sexuels dans un établissement religieux des dernières décennies : “je disais que les cas de 2000-2010 allaient arriver… Et on est désormais sur des cas de cette période. Ça va venir, malheureusement, sur ce dossier parce qu’on voit bien qu’il y a des agresseurs sexuels qui restent présents ici ou dans d’autres institutions. Il y a des révélations encore très importantes à faire sur ce dossier malgré 102 plaintes, 102 plaintes en six mois ! Je ne compte même pas celles qui ont été déposées directement en gendarmerie – il y en a un certain nombre“. Des parents de victimes ont aussi monté un collectif, autour du père d’un enfant qui a subi des abus par le père Carricart, décédé, en 1979-1982.
Selon nos informations, un des surveillants auteur d’abus, encore employé de l’établissement de Bétharram (le Beau Rameau) alors que l’affaire éclate à l’hiver 2023-24 a finalement quitté l’établissement avec un chèque conséquent, lié à une condamnation dudit établissement aux prud’hommes il y a quelques années. Un autre surveillant, puis préfet des études, qui est l’objet de plusieurs dizaines de plaintes pour abus physiques et sexuels, est devenu par la suite directeur d’établissement à Châteauroux dans l’enseignement diocésain du diocèse de Bourges – qui nous a affirmé “ne pas disposer d’informations” sur son parcours et “n’avoir eu aucun signalement d’abus ou de violences” à son sujet ; il avait pris sa retraite dans l’Indre, avant de déménager ces derniers mois dans un chef-lieu breton. Un autre surveillant, mis en cause pour les faits de 1995-96, serait toujours dans le système éducatif, mais public, du sud-ouest de la France.
Il est par ailleurs possible que d’autres faits se soient déroulés dans des établissements de la congrégation sur le continent africain – il apparaît que certains religieux auteurs d’abus sexuels ou physiques aient été mutés dans des établissements sous tutelle de la congrégation au Maroc ou en Afrique Noire, le temps de se faire oublier, puis sont revenus en France.
Une ancienne enseignante de Bétharram a sonné l’alerte en 1995-96, à tous les niveaux… en vain
Au sujet de cette affaire, le Point a interrogé une ancienne professeur des années 1990, laïque, qui avait tenté d’alerter les autorités sur les violences subies par les élèves au moment de la première affaire Carricart et de la gifle donnée par un professeur laïc à un élève qui lui avait fait perdre 40% de son audition; elle explique avec force détails qu’elle a été contrainte de se taire et de demander son départ pour un autre établissement, mettant en cause la direction (congréganiste) de l’époque et celle de l’enseignement diocésain. A l’époque, la mobilisation de certains anciens et parents d’élèves sur les violences subies par les élèves avait été contrecarrée par des notables locaux, anciens élèves eux aussi, tandis que François Bayrou, ministre de l’Education Nationale dont le fils est scolarisé dans l’établissement et la femme y enseigne alors la catéchèse, ne pipe mot.
Ses propos permettent de constater de visu l’omerta qui a règné dans ce dossier, confortée par nombre d’intervenants, notables, politiques, responsables religieux et civils, et ce pendant des décennies :
Où sont les victimes antérieures à ces dates ,moi je suis une victime indemnisée des années 1956 à 1962 avec pour me faire taire un séjour en hôpital militaire psychiatrique à PAU en 1962 ,d’où je suis exfiltré au bout de quinze jours par un médecin “compatissant” Mais les religieux de Bétharram ,viennent chez moi menacer ma grand mère de lui saisir ses maigres biens si cette affaire avait une suite ..Nous étions trois orphelins de père et de mère élevés par cette femme admirable…
Bonjour Monsieur. Mention de ces faits a été ajoutée dans l’article. Le groupe semble plutôt centré sur les faits commis dans les établissements scolaires de Bétharram (garçons) et Igon (filles), actuellement groupe scolaire le Beau Rameau.
L église catholique est appelée a être le chemin la Vérité, la Vie.,donc l exemple à suivre!!!
Or aujourd hui elle est démasquée,et contraire à l Evangile de Vérité,que nous a laissé Jésus dans Son TESTAMENT!!!
Merci aux victimes d’ avoir dénoncé leurs oomportements diaboliquess.