Le diocèse de la Rochelle et Saintes, par la voix de son administrateur diocésain Mgr Jacolin, évêque de Luçon, a communiqué au sujet des faits que nous avons relaté à Jonzac – le prêtre de l’Institut du Verbe Incarné (IVE) a reconnu sa faute, et a été démis de sa charge de curé de Jonzac. La famille de la victime a été reçue le 13 août dernier par Mgr Jacolin, un peu plus d’un mois après le signalement intervenu le 11 juillet.
Cependant, l’on peut s’étonner – même s’il s’agit d’une pratique courante au sein de l’institut du Verbe Incarné – qu’il ait été simplement muté en Italie, sans qu’il y ait de mentions de restrictions dans son ministère ou de sanctions canoniques conservatoires.
Deux aspects, dans les faits rapportés par un site hispanophone qui compile les abus et problèmes au sein de l’IVE, une des communautés nouvelles les plus problématiques dans le monde, continuent d’interroger :
- La relation sexuelle a eu lieu « dans des circonstances qui laissent entrevoir une possible exploitation d’un adulte vulnérable« . Dans le code pénal français (article 222-24), le viol est considéré comme aggravé s’il est commis sur une personne vulnérable, mais aussi par une personne qui abuse de l’autorité conférée par ses fonctions (ici un prêtre sur une de ses paroissiennes). Pour le diocèse de la Rochelle-Saintes, la relation aurait été consentie – ce qui n’apparaît pas évident du fait du signalement. Il apparaît assez imprudent que le diocèse de la Rochelle-Saintes dans ces conditions ne saisit pas la justice civile – en l’occurrence le parquet de la Rochelle, avec lequel une convention existe depuis 2022, et l’officialité interdiocésaine Poitiers-Bordeaux, compétents dans ce ressort.
- Par ailleurs la victime serait proche d’autres prêtres de l’IVE, ce qui complique encore la manifestation de la vérité – et la confiance que les diocésains de la Rochelle et Saintes peuvent avoir dans la détermination de l’IVE à éviter la réitération des faits et sanctionner leur prêtre.
Enfin, il apparaît en creux que la présence de l’IVE à Jonzac, et plus largement dans le diocèse, n’est pas remise en cause.
En Espagne à Grenade, une affaire d’abus reprochés au prêtre de l’IVE de la paroisse Saint Ange Gardien a mis au jour des pratiques vaudou, des exorcismes sans mandat, des détournements de fonds… et que le prêtre en question s’adonnait à l’absolution du complice, une délit canonique considéré parmi les plus graves – le prêtre qui le fait encourt l’excommunication. En fin de compte une enquête canonique a été ouverte par l’archidiocèse, dont les résultats – transmis au Nonce et à Rome – ont conduit à mettre fin à la présence de l’IVE.
Communiqué du diocèse de la Rochelle et Saintes :
Aujourd’hui 20 août 2025, le site « Riposte Catholique » a fait paraître un communiqué mettant en cause un prêtre de l’Institut du Verbe Incarné, le Père Anthony Del Castillo pour soupçon d’abus de pouvoir ayant entraîné des relations sexuelles avec une jeune fille de 18 ans potentiellement vulnérable.
Les faits rapportés sont pour la plupart exacts et le Père Del Castillo les a reconnus.
En revanche le diocèse et l’institut ne sont pas restés inactifs et n’ont pas cherché à les dissimuler, mais nous en avons pris connaissance récemment et nous sommes encore dans une phase d’enquête préalable.
C’est le 11 juillet qu’une amie de la jeune fille qui avait déjà pris contact avec moi, m’a laissé un message me disant qu’elle avait la preuve de la relation sexuelle de son amie avec le Père Del Castillo.
Le 13 juillet le Père Del Castillo a demandé à rencontrer l’abbé Bertrand Monnard, vicaire général, et a reconnu sa grave faute.
Dès le 14 juillet avec le Père Tristan Perez, provincial de l’Institut du Verbe Incarné, nous avons pris la décision de retirer au Père Del Castillo la charge de curé de Jonzac et de l’envoyer dans une communauté de l’Institut en Italie. Il est vrai que durant l’été il est allé voir sa famille au Pérou, mais il est sur le point de revenir en Europe.
D’autre part, le diocèse ayant été contacté par les parents de la jeune fille victime, je les ai rencontrés le 13 août dernier.
Dans la phase présente, le diocèse de La Rochelle et l’Institut du Verbe Incarné, nous sommes en train de compléter le dossier de l’affaire concernant le Père Del Castillo avant de lancer des procédures ecclésiales et, si nécessaires, civiles.
Nous sommes tous touchés par cette tragédie. Nous avons la ferme volonté de faire la vérité et le désir que justice soit rendue, sachant qu’elle est ultimement entre les mains de Dieu.
Mgr François Jacolin
évêque de Luçon
et administrateur apostolique du diocèse de La Rochelle