L’évêque d’Anvers Mgr Bonny, connu pour son alignement sur le schisme allemand et sa défense frénétique du lobby LGBT, est aussi l’évêque en charge des abus sexuels au sein de l’Eglise en Belgique. Il renonce à sa charge, quelques semaines après que le nonce lui ait refusé un auxiliaire pour son diocèse.
“L’évêque d’Anvers Johan Bonny, âgé de 69 ans, met en avant son âge, entre autres, mais indique également que ses fonctions lui pèsent beaucoup sur le plan émotionnel. “Je n’ai plus la force… Même mon médecin me demandait d’arrêter”, a-t-il confié à la presse flamande. Aujourd’hui, il renonce officiellement à cette tâche, après que le pape lui a refusé un poste d’évêque auxiliaire qu’il demandait en renfort.
Depuis près d’un an, suite à la diffusion de l’émission Godvergeten [reportage de la télévision flamande sur le scandale des adoptions forcées dans les institutions pour filles-mères gérées par l’Eglise dans les années 1950-70] les abus sexuels sont redevenus un sujet central dans l’Église, les médias et le monde politique. Suite à l’onde de choc suscitée par la série-documentaire en Flandre, des commissions d’enquête ont été mises en place au sein des parlements fédéral et flamand. Propulsé sur le devant de la scène médiatique, Mgr Bonny, évêque référendaire pour les questions d’abus sexuels en Flandre depuis 2010, a dû faire face à une nuée de questions et critiques de la part des journalistes. Car, outre la gestion quotidienne de ce dossier épineux, il endossait également la casquette de personne de liaison et de point de contact de l’Eglise en Flandre.
Sur les plateaux télé, l’évêque d’Anvers n’était jamais avare en excuses à l’égard des victimes d’abus et de leur famille. Il n’hésitait pas à blâmer ses prédécesseurs pour “ne pas avoir voulu voir” les abus sexuels, leur reprochant de ce fait de n’avoir pas pris le problème à bras-le-corps. Invité dans l’émission De Afspraak en septembre 2023, au lendemain de la diffusion de Godvergeten, il estimait ainsi que le cardinal Danneels “n’avait pas fait preuve d’autorité nécessaire” dans ce dossier, et notamment dans la gestion du cas Vangheluwe“, ancien évêque de Bruges connu pour abus sexuels sur ses proches qui a finalement été renvoyé de l’état clérical par le Pape François, soucieux d’apaiser ses relations avec le pouvoir belge en amont de sa visite en Belgique et au Luxembourg prévue en septembre prochain.
Au quotidien Het Nieuwsblad, Johan Bonny confie que ses fonctions de référent ou de contact officiel pour les abus sexuels au sein de l’Église sont désormais devenues trop lourdes.“J’étais prêt à renoncer à ma fonction d’évêque d’Anvers pour me concentrer uniquement sur les abus, mais maintenant je coupe le cordon”, déclare-t-il dans une interview publiée ce jeudi 25 juillet. “Je me dois d’abandonner un certain nombre de missions en Flandre, sinon je vais sombrer. Il ne s’agit pas seulement d’heures de travail, mais d’un impact personnel immédiat. C’est d’un tout autre ordre que le reste du travail que l’on fait en tant qu’évêque”.
Le 1er juillet dernier, dans une lettre aux employés de son diocèse, Mgr Bonny écrivait qu’il avait demandé un auxiliaire et que ça lui a été refusé : “vous savez que l’année dernière, j’ai demandé au Pape, par l’intermédiaire du nonce, du renfort, si possible en la personne d’un évêque auxiliaire. Après tout, l’ensemble de mes tâches, tant pour notre diocèse que pour la conférence épiscopale, sont devenues trop lourdes pour mes capacités.
Le 25 juin, j’ai reçu la réponse du nonce qu’on ne pouvait pas me donner d’évêque auxiliaire, pour diverses raisons, notamment parce qu’un nombre inégal d’évêques francophones et néerlandophones perturberait l’équilibre de la conférence des évêques, parce que le d’autres évêques ne soutiennent pas ma demande et parce qu’un prêtre comme un laïc peuvent remplir aussi bien les tâches interdiocésaines envisagées.
Même si j’ai des réserves sur chaque argument, j’accepte cette décision. Cela signifie que je dois réduire mes tâches interdiocésaines, notamment en transférant mes tâches pour la conférence des évêques à partir du 1er septembre 2024. Je veux retenir deux tâches interdiocésaines : d’une part la pastorale portuaire parce que le port d’Anvers est dans notre diocèse, et d’autre part l’œcuménisme parce que j’y travaille à plein temps à Rome depuis plus de onze ans. Je souhaite également continuer à présider le conseil d’administration de l’Éducation catholique jusqu’à ce qu’un nouveau président puisse être élu“.
Si Mgr Bonny peut se dégager de la gestion des abus sexuels, puis tourner la page, les victimes, dont la vie a été brisée, n’ont pas cette possibilité… ou ce manque de courage.
Cette affaire montre aussi combien les évêques, en refusant d’exercer l’autorité qui leur revient, contribuent au développement de ces abus et se font complices de cette nouvelle forme de corruption qui détruit l’image de l’Église, est la cause de souffrances effroyables chez les victimes de tels agissements.
Mais il est vrai aussi que le comportement de cet évêque (et d’autres certainement) est encouragé par celui du pape qui par ses faits et gestes se fait complaisant des comportements déviants, surtout s’ils sont militants et sanctionne de façon abusive les prélats qui s”opposent à une telle dérive au nom du Magistère infaillible.
La conclusion de cet article mérite donc d’être complétée.
Les évêques qui ont donné leurs vies pour Dieu dans l’histoire de l’Église doivent être bien désolés de voir les piètres apôtres de la Foi que leurs successeurs sont devenus, pauvres gestionnaires sans flamme ardente et qui “jettent l’éponge” dès que leur coupe est pleine, fatigue mentale et surcharge de travail obligent.
Comment voulez-vous que les églises se remplissent et les cœurs se convertissent avec des témoignages de foi pareil.
On peut suggérer aux mécontents de proposer leur candidature pour un poste de gestionnaire des abus.
Peut être, expérimenteront-ils cette épuisement mental et moral dont semble souffrir cet évêque.
Cet état d’abattement n’est pas du nécessairement à de la mauvaise foi ni au manque de volonté de faire son devoir d’état.