Paix Liturgique revient sur la décision du diocèse de Malines-Bruxelles, dirigé par le catastrophique Mgr Terlinden, d’écarter de l’Eglise une paroisse où il n’y a plus de prêtre depuis 2008, où les célébrations sont souvent dirigées par des femmes – ce qui pose de réelles questions sur la validité des sacrements qui y sont pratiqués – et où des leçons de yoga et des repas ont lieu jusque dans le choeur; suite aux articles de la presse sur le sujet, le diocèse a lamentablement rétropédalé mais sans remettre en cause l’existence d’un problème de fond.
“Le catastrophique Mgr Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles et fossoyeur en titre de l’Eglise catholique en Belgique (Paix Liturgique, lettre n°1019) , s’est décidé à chasser de l’Eglise catholique une « paroisse » hétérodoxe (dûment financée par les contribuables belges, via le financement public des cultes) avant de rétropédaler piteusement, une fois que la presse flamande se soit emparée du sujet.
On apprend de la VRT – la radio-télévision publique flamande – ce 26 mars, relayée et traduite par le blogue catholique conservateur Belgicatho – que « l’archidiocèse de Malines-Bruxelles expulse la paroisse Don Bosco de Buizingen de l’église catholique ». Buizingen est une section de la commune de Hal dans le Brabant flamand, en banlieue de Bruxelles, 15 km au sud de la gare du Midi.
Il y aurait en effet de quoi : « les célébrations de la messe dans la paroisse Don Bosco se déroulent sans prêtre depuis un certain temps et sont souvent dirigées par des femmes. L’église est également utilisée à d’autres fins, comme des cours de yoga et de danse », détaille la VRT, décrivant une paroisse largement protestantisée de fait – et qui s’y attendait puisque fin 2023 une membre de l’équipe liturgique s’inquiétait dans la presse flamande du refus du diocèse d’accepter que n’importe qui puisse célébrer les sacrements“.
Des leçons de yoga, aucune iconographie religieuse, et un banquet dans l’église
Les photos de l’église diffusées par la presse flamande ne laissent pas supposer qu’elle soit catholique : ni statues, ni vitraux, ni iconographie religieuse, des murs de brique brute, un chœur qui n’est pas vraiment sanctuarisé – les leçons de yoga s’y tiennent, et des coussins jusque sur les marches de l’autel, qui est une sorte de bloc de roche brute étroit. Depuis l’automne 2023 un « centre de développement personnel » a ouvert dans l’église, ainsi qu’une bibliothèque pour enfants. Les soixante ans de la paroisse (1963-2023) ont été célébrés par une messe et un banquet avec des tables dressées immédiatement dans l’église, sur toute sa longueur, d’après les photos diffusées encore par la presse flamande.
La paroisse deviendra désormais une communauté de foi distincte, largement séparée de l’Église catholique. “J’espère honnêtement qu’elle ne sera pas complètement en dehors de l’Église catholique“, déclare la coordinatrice Els Paridaens. “Les discussions sur les implications juridiques et financières vont maintenant suivre. Nous savons d’ores et déjà que nous pourrons continuer à utiliser l’église. On nous a dit que les gens appréciaient notre fonctionnement. Mais pour avoir une place dans la structure plus large de l’Église catholique, nous devons être une paroisse. Nous aimerions être une ‘église-laboratoire’, un projet expérimental, dans lequel les gens peuvent également trouver leur place ».
Entre la paroisse « laboratoire » et le diocèse, « l’eau était trop profonde »
Autre titre de la presse flamande, le Standaard a abordé ce sujet :
« Au début de la Semaine Sainte, après une série d’entretiens, la paroisse de Buizingen a reçu le message final de l’archevêché de Malines-Bruxelles : en raison de la “nature fondamentale des divergences de vues“, l’église Don Bosco ne peut plus continuer à exister en tant que paroisse dans la zone de Halle.
Au cours des derniers mois, la paroisse et le vicariat du Brabant flamand et de Malines se sont entretenus à plusieurs reprises afin de trouver une solution, mais les divergences se sont avérées trop importantes. “Nous nous sommes assis ensemble de manière constructive et respectueuse. Mais finalement, les deux parties ont senti que l’eau était trop profonde”, explique Laurens Vangeel, du Vicariat du Brabant flamand et de Malines.
C’est surtout “la vision de la célébration et de la présidence des sacrements” (c’est-à-dire le rôle du prêtre lors des naissances, des mariages et des funérailles, entre autres) qui a constitué un point de rupture pour l’Église, selon la communication officielle que De Standaard a pu consulter ».
Baptêmes et eucharistie invalides ?
En détaillant le problème dans un autre article, la VRT pose des questions que l’archidiocèse de Malines-Bruxelles s’interdit, notamment sur la validité des sacrements pratiqués :
Les problèmes soulevés par le diocèse relèvent « surtout de la manière dont ils célèbrent le baptême et l’Eucharistie“, explique Luk Vanmaercke, ancien rédacteur en chef de Kerk & Leven et chercheur à la KU Leuven.
Le baptême est fait par un prêtre ou un diacre ou lorsque des laïcs reçoivent un mandat de baptême, mais ce n’était pas le cas ici. Le baptême était donc pratiqué par une personne qui n’était pas autorisée selon l’Eglise.
La même chose se produit lors des célébrations eucharistiques. Celles-ci ne peuvent avoir lieu que sous la direction d’un prêtre, mais comme aucun prêtre n’était présent dans la paroisse de Buizingen, il faut parler d’une célébration de prière. “Le nom est une petite nuance, mais il est important pour l’Église ».
Sur le site de la paroisse de Hal, on ne trouve à la page « liturgie » aucune mention d’un prêtre, mais notamment cette proposition pastorale à l’église Don Bosco : « chaque dernier dimanche du mois, sauf pendant la période des vacances, une « messe des jeunes » est prévue dans l’Église Don Bosco à 10 heures. Quiconque le souhaite peut inscrire son nom pour cela. Quiconque le souhaite peut non seulement préparer la célébration, mais aussi la diriger lui-même. Les thèmes peuvent être choisis librement ».
Plus bas, le groupe de travail liturgique est ainsi expliqué : « au sein de ce groupe, on veille à ce que quelqu’un organise une célébration chaque week-end. Chacun est libre de choisir un thème. Dans les périodes liturgiques fortes comme l’Avent et le Carême, le même thème est exploré plusieurs dimanches de suite ».
Sont aussi listés les laïcs qui célèbrent régulièrement dans cette paroisse : « Alis Lories, Els Paridaens, Marga Devalck, Mariël Berben, Nancy Speeckaert, Bart Vanvolsem, Freddy Steens, Jan Vereertbrugghen, Elke De Greef, Luc Christiaens, Jos Bellemans, Greetje Deroose, Kristel Stoffels, Rudy Kips, Katrien Moerman, Ilse Debelder, Eric Verdroncken et Marc Slootmans ».
Le modernisme, combien de divisions ?
Tout ça pour un nombre de paroissiens et de bénévoles très limité, même à l’échelle de l’effondrement de l’Eglise catholique romaine en Belgique et des très faibles assistances dans nombre de paroisses belges, côté wallon ou flamand de la frontière linguistique : « la décision, communiquée lors de la célébration de dimanche, a été très difficile à prendre pour les 117 bénévoles et paroissiens », explique Mme Paridaens. Dont, comme on a vu, 18 célébrants qui se relaient – un sur dix paroissiens.
La paroisse s’entretiendra avec le vicariat dans les semaines à venir pour concrétiser la décision. Don Bosco Buizingen est désormais considéré comme une communauté de foi ou une organisation indépendante, informe le diocèse. “Nous espérons que cela donnera un avenir au fonctionnement de la communauté de foi Don Bosco Buizingen et de la zone pastorale de Halle, et que de nouvelles possibilités de coopération pourront éventuellement voir le jour“.
Sous le patronage d’un prêtre engagé dans la lutte contre les abus sexuels
Bien que le diocèse n’ait pas exclu de continuer à aider cette communauté – à quel titre, d’ailleurs ? – il y a eu un fort battage médiatique, lié à la personnalité de l’ancien curé, Rik Devillé, engagé contre les abus sexuels. « Le fonctionnement progressif de la communauté Don Bosco de Buizingen existe depuis 15 ans. Pourtant, son expulsion de l’Église catholique n’a pris de l’ampleur que récemment. . Rik a été notre source d’inspiration et le restera pour beaucoup de gens ».
Cependant Rik Deville n’en est plus prêtre depuis 2009 – pas loin de 15 ans, même si de son temps il avait déjà « fait de cette paroisse la plus progressiste de Flandre », d’après la presse locale. Et depuis, « la paroisse se passe de prêtre », indique le Standaard. « De la liturgie dominicale aux mariages, les célébrations sont présidées par des laïcs. Chaque semaine, un membre différent de l’église dirige le service. Les femmes sont également les bienvenues derrière l’autel ».
Autrement dit cette paroisse, insoumise de surcroît à son diocèse, n’a plus rien de catholique. Cependant, comme le soutient la VRT, tant qu’elle ne couvrait que le quartier de Buzingen, personne ne se souciait des dérives de ladite paroisse – cependant, les paroisses autour de Hal sont en train d’être fusionnées dans la même zone pastorale, conséquence du dépérissement de l’Eglise dans le diocèse en particulier et en Belgique en général – il faut faire autant avec beaucoup moins de prêtres et de moyens ; des gabegies jusque là tolérées, des écarts jusque là supportés sont rayés de la carte.
Le diocèse rétropédale en partie, sans remettre en cause le fond du problème
Après que la presse flamande ait abordé le sujet – et bien que la nature des divergences de la paroisse avec le magistère catholique soit très claire, le vicariat flamand du diocèse de Bruxelles-Malines a tenu à démentir le fait que cette paroisse est « mise hors de l’Eglise » sans nier le fond. Un rétropédalage piteux qui laisse envisager la poursuite de cette histoire belge aux frais du contribuable encore quelques années, avant extinction complète…
Dans un communiqué, le diocèse précise : « Après des consultations approfondies au cours de plusieurs réunions depuis un an et demi, le vicariat du Brabant flamand & Malines (qui fait partie de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles) a constaté avec l’équipe paroissiale de Don Bosco Buizingen que des différences majeures subsistent, principalement dans la vision de la célébration et de la présidence des sacrements.
Vu le caractère fondamental des divergences, l’Archidiocèse de Malines-Bruxelles a décidé que Don Bosco Buizingen ne continuerait pas à exister en tant que paroisse dans la zone pastorale de Halle. L’opération Don Bosco Buizingen peut désormais fonctionner comme une communauté de foi ou une organisation indépendante. Le Vicariat du Brabant flamand et de Malines et l’équipe de Don Bosco Buizingen vont maintenant poursuivre les discussions sur la mise en œuvre pratique de cette décision ».
Et d’aller se cacher – la démocratie dans l’Eglise, la transparence, c’est pour les autres : « afin que les prochains entretiens entre le vicariat et Don Bosco Buizingen se déroulent sereinement, nous ne communiquerons plus à ce sujet que lorsque tous les détails de la nouvelle structure auront été réglés ensemble » ; autrement dit, quand tout sera ficelé – et inutile de communiquer sur les questions légitimes que peuvent se poser les fidèles au sujet de la validité des sacrements ou de la prédication de cette « église-laboratoire ».
« En Belgique, ce sont les prêtres conservateurs qui sont chassés ou découragés par tous les moyens »
Actuellement en France, mais issu d’un diocèse flamand, ce prêtre belge a été interpellé par la publication du portrait du très pro-LGBT évêque d’Anvers par Paix Liturgique (lettres 1014 et 1016) : « en Belgique, l’Eglise est un champ de ruines ; et depuis deux décennies, l’effondrement rattrape la Flandre, qui avait résisté à la déchristianisation qui a largement touché la Wallonie bien avant. Désormais, quand un prêtre belge est classique – pas même conservateur – il sera pourchassé et traqué, les responsables de l’Eglise belge, ce sont les pires modernistes qui se sont reproduits, et soit il fuira vers un autre pays – il y en a en Hollande, Allemagne, France – soit il va être découragé par tous les moyens ».
Il donne un exemple. « Au sujet de Bonny, une histoire précise bien son caractère. Dans son diocèse, un prêtre ne portait pas la soutane, mais seulement des vêtements sombres et un clergyman. Il a été très vite en butte à l’hostilité des autres prêtres, bien plus âgés, et un jour, en marge d’une réunion, Mgr Bonny le prend à part et lui dit tout à trac – ça ne va pas du tout, votre tenue. Il répond qu’il s’habille de façon classique, et qu’il ne comprend pas… Mgr Bonny lui rétorque qu’il ne doit pas s’habiller comme ça, ‘’par respect pour les Anciens qui ne le font plus’’. Après quelques années encore de persécutions et de mesquineries, il a pris une année sabbatique, et maintenant il est ambulancier, il ne retournera plus dans le sacerdoce ».
Prêtre fidei donum issu de la région des Grands Lacs actuellement en poste dans le quart sud-est de la France, ce prêtre complète le tableau : « je suis allé voir un de mes cousins qui est fidei donum en Belgique, côté francophone. Depuis, je ne me plains plus de la faible assistance à la messe – s’il m’arrive de célébrer devant trente ou quarante fidèles, l’assistance moyenne dans la plus grande église de sa paroisse, c’est 15 fidèles, et dans les petites, cinq ou dix. On dirait que les gens sont complètement passés à autre chose et l’Eglise, tout comme les prêtres ou le Salut ne les intéressent plus en rien ».
Le bilan de décennies de modernismes, des diocèses belges enterrés par Mgr Vangheluwe – enfin renvoyé à l’état laïc par le pape François qui ne veut pas en entendre parler à chaque pas lorsqu’il ira, cette année, en voyage en Belgique, le cardinal Daneels (décédé en 2019), le cardinal de Kesel et maintenant Mgr Terlinden, c’est que « dans les grandes villes belges, la première religion pratiquée maintenant, c’est l’islam », reprend notre prêtre flamand réfugié en France. « La nature a horreur du vide. Or, le financement public des cultes maintient une façade décrépie, mais qui fait encore illusion. Derrière, il n’y a plus rien ni personne. La fin de l’Eglise catholique en Belgique est envisageable à vue humaine – je la verrai malheureusement ».
Nous ne verrons pas la fin de l’Eglise catholique ni en belgique ni en France de notre vivant…
Ce qui est certain, c’est que les structures traditionnelles de l’Eglise, avec un maillage territorial fin, qui s”élargissait, mais se maintenait quand même, bon gré, mal gré depuis deux décennies, c’est fini.
Place aux paroisses gigantesques, aux “célébrations en l’absence de prêtre” en milieu péri urbain ou dans les petites villes, si des équipes bénévoles motivées existent, et le désert spirituel dans les campagnes.
Fini aussi l’accompagnement par un prêtre, la connaissance de celui-ci de ses brebis, la réconciliation…On peut faire baptiser ses enfants, les catéchiser, mourrir ou se marier sans en voir un…
Derrière cette question, il y a une question cruciale : où il y a des bénévoles laics pour se substituer aux prêtres, où les personnes n’auront pas de funérailles à l’Eglise.
L’expérience de cette paroisse sera celle, juste à peine exagérée, qui attend de nombreuses “communautés de foi”.
Les quelques pratiquants concernés qui restent sont, quand ils le peuvent, dans les communautés, traditionalistes ou charismatiques… elles-même ébranlées par de nombreux scandales.
C’est un cercle vicieux. Moins il y a de prêtres, moins il y aura de vie chrétienne, moins il y aura de renouvellement des générations; moins il y aura de prêtres. Plus il y aura de replis et de dérives “sectaires”.
@Line : vous oubliez un facteur et non des moindres: la diminution du nombre de bénévoles ou de laïcs engagés.
Un sujet dont on ne parle pas mais qui est réel et qui se ressent déjà .
Dans la paroisse où je suis , située dans une importante du Sud Ouest de la France, personne ne s’investi pour le ménage, les fleurs ou le linge .
Dans une paroisse voisine , la messe dominicale rassemble à elle seule une vingtaine de personnes.
Les paroisse vivantes de la ville sont en effet les traditionnelles et les communautaires ( Emmanuel, Dominicains ).
Les obsèques se font, de manière générales , rares, de même que les baptêmes (2 dans ma paroisse depuis le début de l’année 2024) et les mariages quasi nul .
Je prédit, à terme des zones sans plus aucune présence catholique.
C’est mathématique.
J’ajoute également que dans le secteur paroissial seulement une dizaine d’enfants sont inscrits au catéchisme.
Un secteur de 4 clochers dans une grosse ville du Sud Ouest de la France ….
Ça laisse songeur !
J’ai passé mon enfance dans un petit village de Belgique, en Wallonie. Tous les dimanches à la messe l’église était pleine, tous se retrouvaient ensuite sur le parvis et la place du village était noire de monde. Aujourd’hui il n’y a plus de prêtre, ni de messe, ni de fidèles…
Ayons foi, la jeunesse est là dans les communautés traditionnelles. La FSSPX a un bel avenir, si l’Eglise de Belgique ne veut pas se suicider, elle finira par réaliser que la jeunesse de veut pas de célébrations protestantes ou soixante-huitardes. Il ne faut pas baisser les bras. Le manque spirituel se fait de plus en plus fort chez les plus jeunes. Dieu nous donne les clés pour convertir comme les premiers chrétiens ont dû le faire. C’est l’occasion.