Les leçons de justice restaurative, de miséricorde et de pardon de Mgr de Kerimel, archevêque de Toulouse, pour tenter de justifier son obstination, six semaines durant, à nommer comme chancelier un curé condamné pour viol, n’ont pas calmé les victimes d’abus et ses diocésains. Un collectif de fidèles a même initié une pétition pour l’envoyer à la retraite :
Nous sommes membres du collectif catholique P.A.I.X, regroupant une centaine de catholiques engagés sur les enjeux sociaux dans l’Eglise et notamment contre les violences sexuelles et pédo-criminelles.
La signature de cette pétition n’engage en aucun cas une adhésion ou une proximité avec notre collectif.
En tant que catholiques profondément marqués par les révélations du rapport de la Ciase en 2021, nous ne pouvons plus accepter que Guy de Kerimel reste évêque du fait de l’irrespect, de l’indécence et du mépris dont il fait preuve à l’égard des victimes mais également à l’ensemble du peuple de Dieu.
Avons-nous réellement besoin de rappeler les faits reprochés à Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse ? Il est sans aucun doute l’évêque de France le plus médiatisé depuis début juillet à la suite de sa décision de nommer Dominique Spina, un prêtre condamné pour viols sur mineur, en tant que Chancelier du diocèse de Toulouse. Ce poste est considéré par la Conférence des évêques de France comme étant « important, canoniquement et symboliquement ».
La victime de ce prêtre a témoigné du traitement dégradant infligé par Dominique Spina et ses avocats lors du procès en 2005 : « La défense a prétendu que je faisais tout cela pour l’argent, dont ma famille manquait. On ne faisait effectivement pas partie de la bonne bourgeoisie paloise. […] Pendant le procès, Spina m’a même accusé d’avoir fréquenté des prostituées et j’ai dû prouver devant le tribunal que je n’avais pas le sida ! ». Comme l’a rappelé Médiapart dans un article sur le sujet, « une partie des experts psychiatres avaient pointé [lors de son procès en 2005] un risque de récidive de la part du prêtre »
. Dominique Spina avait fait appel des décisions du tribunal avant d’être de nouveau condamné en appel, une décision qui témoigne de son incapacité à prendre conscience de la gravité et des conséquences irréversibles de ses actes. Tout cela n’a pas empêché l’évêque de Toulouse de promouvoir ce prêtre, 20 ans après sa condamnation, à l’un des postes les plus prestigieux du diocèse au nom de la « miséricorde ».
Ni la contestation massive de catholiques de tous bords, ni l’ampleur de la médiatisation, ni même la désapprobation exceptionnelle de la Conférence des Évêques de France n’ont empêché Guy de Kerimel de maintenir plus de deux mois en poste un prêtre condamné pour pédocriminalité. En annulant cette nomination le 16 août, il n’efface en rien la gravité d’une attitude qui trahit les engagements pris par l’Eglise catholique de France envers les victimes.
On aurait pu en rester là. Mais le communiqué de Guy de Kerimel annonçant la démission du prêtre est la goutte d’indécence de trop après tant d’années d’abus de confiance par plusieurs responsables ecclésiaux. Une fois encore, Guy de Kerimel relègue les victimes au second plan et préfère justifier sa décision initiale en détournant les Évangiles et le comportement de Jésus vis-à-vis de « Matthieu le collecteur d’impôt, Pierre le renégat, Paul le criminel, Marie-Madeleine la prostituée, et tant d’autres. ».
[…]
Il est également l’évêque référent de la Communauté des Béatitudes, l’une des communautés les plus déviantes de l’Église catholique notamment sur les violences sexuelles. Mélanie Debrabant, présidente de l’association Fraternité victimes, a déclaré au journal Le Monde qu’elle avait été « interpellée par nombre de personnes, qui après s’être adressées à leur évêque, n’ont pas eu l’impression d’avoir été entendues ». Voici ce que Guy de Kerimel aurait répondu à une victime se plaignant de son attitude face aux Béatitudes : « Votre acharnement contre la communauté ne vous apportera pas la paix que vous cherchez. ». Il a été à ce titre très critiqué par le collectif de victimes CAV Béatitudes.
Avec de tels antécédents, nous refusons le maintien de Guy de Kerimel à son poste et nous proposons un départ anticipé à la retraite sachant que le départ prévu pour un évêque est à 75 ans et qu’il en a 72. Trois ans peuvent sembler peu, mais c’est une éternité avec un évêque qui a montré une telle incapacité à assumer ses responsabilités.
Par cette pétition, nous demandons :
- Une prise de position claire de la Conférence des Évêques de France sur l’impact du maintien de Guy de Kerimel dans ses fonctions, pour toutes les personnes – victimes ou non – blessées et en colère face à ces décisions et déclarations.
- Un départ anticipé de Guy de Kerimel à la retraite dans les prochains mois.
Il est plus que temps de faire entendre nos voix pour exiger une véritable Église post-CIASE !
Nous espérons ne pas être les seuls à considérer que Guy de Kerimel n’est plus digne d’être l’un de nos évêques.
Il n’y a pas que des « catholiques en comité », mais les Prêtres aussi en ont assez de ces évêques félons.
L’Eglise ne fera rien, mais peut-être peut-on envisager des actions en justice?
Je garde en mémoire les paroles d’une ignorance crasse, de Mgr de Kerimel sur la liturgie ( il était alors l’évêque responsable de la liturgie au sein de la Cef) disant que la messe de St Pie V était une invention du XVIe siècle…Ben voyons !
Cela lui avait valut, sur radio Lapurdi un desavoeu ( à mots feutrés) de Mgr Aillet .