Le diocèse de Rouen a décidé de publier sa contribution au synode sur la synodalité – dont l’utilité semble peu évidente, puisque le Pape François et ses proches publient des textes sans consultation, pour satisfaire tel ou tel groupe d’influence – et finalement, ne réussir qu’à semer le trouble.
Le diocèse de Rouen, qui revendique “2100 participations (estimation basse)” au processus synodal, remarque cependant à la fin de la première page de la synthèse que “le Document Préparatoire a parfois laissé les participants perplexes : longueur excessive, vocabulaire compliqué et abstrait, répétitions… Le concept même de « Synode sur la Synodalité » en a rebuté plus d’un“. Au point de rendre les normands méfiants, de façon prémonitoire : “restent des doutes sur le devenir de ces contributions. Un groupe s’est demandé à quoi servait ce travail, et même s’il serait lu ! Cette méfiance s’enracine dans des expériences passées, sans lendemain malgré les promesses“.
Synodalité en pratique : des fidèles contre les regroupements de paroisses…le diocèse passe outre
Mais dès la page 2, le retour à la ligne du Parti s’impose : “l’aspiration au “marcher ensemble”, à l’écoute et au dialogue préexistait. Désormais, elle porte un nom : la synodalité“; puis, plus loin “les groupes ont trouvé rapidement leur motivation dans la démarche de synodalité elle-même“.
Page 6, la synthèse fait un réquisitoire contre les regroupements de paroisses, trop souvent mis en place par les diocèses – et notamment celui de Rouen – pour faire plus avec moins : “on évoque des paroisses trop vastes en zone rurale ou en péri-urbain, où « on ne se connaît pas ». Le regroupement des paroisses ne facilite pas la rencontre et crée de la distance. Cela peut créer un sentiment de « mise à l’écart » des communautés éloignées du centre de la paroisse. Une conséquence : les différents groupes existants sur les paroisses ne communiquent plus et finissent par s’ignorer. Les mots de « cloisonnement », de « manque de communication », de « déconnexion du réel » reviennent souvent“.
Inutile de préciser que les demandes des fidèles qui figurent dans cette synthèse, issues de consultations en 2021 et 2022… ont été ignorées par le diocèse de Rouen lui même. Dans les nominations de… juin 2023 était officialisée la fusion des paroisses de Rouen, confiées au curé de Rouen-centre, proche du cardinal Ouellet.
Vieilles lunes : autoritarisme laïc et éloge de l’hérésie
Pour le reste, si le diocèse affirme que le processus de synodalité reflète la “diversité” des fidèles, les rédacteurs de ladite synthèse apparaissent clairement attachés à certaines vieilles lunes : “Attention à une sacralisation excessive de la personne du prêtre. Certains groupes questionnent l’appellation de “Père” et préféreraient frère et/ou le nom ou le prénom du prêtre […] on attend du prêtre qu’il en partage les souffrances, les avancées, les espérances, les engagements sociaux“.
Un peu plus loin, ces reproches continuent : “le Concile Vatican II nomme l’Église : « Peuple de Dieu », pourtant l’Église conserve une structure pyramidale. Les laïcs ne sont pas acteurs dans les instances de décision. Certains prêtres utilisent leur service comme un pouvoir de domination, entraînant une dépendance ou un retrait des laïcs”. (NOTA: le premier concile à parle du “Peuple de Dieu” est un concile médiéval, et Vatican II n’a jamais, en soi, récusé la perspective hiérarchique de l’Eglise).
Et prennent même une teinte un peu xénophobe. “Faire appel à des prêtres issus d’autres cultures ou sans expérience paroissiale pose des difficultés de collaboration avec les laïcs. Quid d’une formation pour faciliter leur inculturation à nos réalités paroissiales ?“. Faudra-t-il former les prêtres africains au relativisme et au modernisme effréné qui ont mis la Normandie catholique sur les rotules, ou les prêtres Bretons à manger du beurre sans sel et accepter certaines illusions territoriales ? Les deux risquent d’être impossibles…tant pour des prêtres qui se souviennent que si le sel s’affadit, il n’est plus bon qu’à être jeté dehors, que pour des laïcs qui se voient prêtres et dispensateurs de l’enseignement de l’Eglise…
Le document diocésain fait quasiment l’éloge de l’hérésie : “d’autres Églises chrétiennes ont des femmes prêtres, évêques, pasteures ou inspectrices ecclésiastiques“. Et à chaque ligne, transparaissent le profil et les préoccupations de ceux qui l’ont écrit : “on observe dans certains endroits un retour de pratiques ‘’préconciliaires’’ qui heurtent des fidèles“. Ou encore, “l’Eglise met trop souvent en avant la notion de faute, de péché, sans assez valoriser ce qu’il y a de positif dans l’être humain“. Visiblement, un pasteur protestant a été consulté – et écouté par les auteurs de la synthèse : “la synodalité ? Pour des frères protestants, « on est juste en train d’inventer ce qui existe chez eux depuis cinq siècles !“.
Le texte souhaite encore plus subordonner les prêtres aux laïcs : “les formations initiale et continue des prêtres sont à repenser avec des sciences humaines (viser moins d’autoritarisme, plus de respect et de proximité auprès de populations diverses), être initié aux discours médiatiques (pour adapter leur langage), à l’accompagnement spirituel, au discernement, et en option à la vie en communauté“. Quant aux prêtres qui ne seraient pas d’accord, tout sera fait pour les éloigner, sous couvert de leur éviter le burn-out : “congé sabbatique, nouvelles formations, au besoin changement de diocèse, temps de relecture après quelques années de ministère à laquelle participeraient les laïcs qui ont œuvré avec eux“.
En conclusion, les rédacteurs de la synthèse affirment notamment que “la mission première de l’Église reste celle d’annoncer le Christ dans le monde contemporain, en cherchant l’unité avec nos frères chrétiens, d’autres traditions, une Église qui développe ses liens avec la société civile à l’écoute des autres traditions religieuses, capable de dialoguer et de débattre“.
D’“autres traditions”. Mais pas la Tradition de l’Eglise ?
Le diocèse nous sert une vieille bouillie tiédasse qui a été cuisinée au cours des années 1968-70 dans les séminaires et les réunions de laïcs dits “engagés”. C’est pitoyable.