Le diocèse de Rodez a décidé, enfin, de publier ses comptes, et communiquer sur le sujet. Le patrimoine actuel du diocèse (en photo le palais épiscopal), constitué d’actifs mobiliers et immobiliers, est le fruit d’une longue et saine gestion, incluant de nombreux dons et legs.
Grâce aux loyers et revenus de placements financiers, il permet aujourd’hui de pallier la baisse des produits ordinaires et d’assurer, dans le temps, la sécurité financière de l’Association Diocésaine, tout en poursuivant une gestion volontaire et dynamique. Les ressources dont dispose le diocèse — ses fonds propres — sont actuellement essentiellement constituées par le patrimoine financier et le patrimoine immobilier, estimés à 79 millions d’€.
Depuis une dizaine d’années, les ressources permanentes du diocèse ne permettent plus de faire face à ses charges. Les charges de fonctionnement totalisent 6,7 millions d’euros en 2022, dont, notamment :
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1,7 million d’€ au titre des traitements, salaires et charges sociales, incluant les traitements et aides aux prêtres et les salaires versés aux laïcs de la curie et aux laïcs non missionnés des paroisses [16,78 Équivalents Temps Plein]
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3,5 millions d’€ d’autres achats et charges externes, avec comme principaux postes de dépenses les fournitures consommables (eau-gaz-électricité), les fournitures de culte, cierges, décoration (fleurissement), l’entretien/réparation/travaux immobiliers en paroisse, les frais de déplacement…
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504 000 € d’actions de solidarité ou d’aides financières versées aux divers services et mouvements. [12, 95 Équivalents Temps Plein]
Depuis 5 ans, les produits de fonctionnement avoisinent 5,5 millions d’€ en moyenne par an. Ils proviennent essentiellement du Denier de l’Église, des quêtes et offrandes, des loyers et ventes de prestations de service, des dons et legs. Ils diminuent de façon régulière et le déficit d’exploitation est ainsi devenu chronique depuis près de 10 ans.
En 2022, le compte de résultat fait apparaître un déficit net de 2,8 millions d’€. Ce résultat s’explique notamment par des résultats financiers globaux négatifs et aussi par l’augmentation des charges de fonctionnement.
Pour l’avenir, on peut craindre une poursuite de la baisse des produits, au regard du contexte économique actuel et du vieillissement de la population, ainsi qu’une augmentation régulière des charges.
Un bas de laine imposant, des dotations aux amortissements très élevées
Une analyse plus poussée des comptes 2022 et 2021 indiqués pour mémoire permet de faire, même s’il manque l’intégralité du rapport des commissaires aux comptes, les constatations suivantes :
- Le gros du patrimoine diocésain est composé de valeurs mobilières de placement (71.9 millions d’euros)
- L’immobilier vient ensuite (13.1 millions d’euros), mais le commissaire aux comptes attire l’attention sur la “non valorisation à l’actif du bilan des biens immobiliers des paroisses“, nombreux dans cette terre qui a été jusqu’au Concile très catholique et pratiquante. Du reste, le diocèse n’a pas toujours été exemplaire dans la valorisation dudit immobilier.
- En 2021 comme 2022 les biens reçus par legs et destinés à être cédés sont valorisés 1.5 millions d’euros
- Les disponibilités sont de 4.5 millions d’euros
- Les emprunts auprès de banques s’établissent à 694.000 euros
- Les recettes sont composées en 2022 pour 2.7 millions d’euros de dons manuels et 2.2 millions d’euros de legs (contre 1.6 millions de legs reçus en 2021)
- Le résultat d’exploitation est structurellement déficitaire en 2022 (-29.596 euros) et très positif en 2021 (1.174.211 euros)
- Le déficit total de 2.8 millions d’euros en 2022 et 3.7 millions d’euros en 2021 est lié à une dotation aux amortissements qui paraît très élevée, à 3.8 millions d’euros les deux années.
Bref, le nouvel évêque Mgr Meyer a du pain sur la planche.
On nous signale au passage dans le budget du diocèse de Rodez “6 millions d’acquisitions en constructions et amortis sur un an”.