Mgr Lagadec, évêque auxiliaire de Lyon, explique laborieusement dans le magazine diocésain de mai dernier comment le diocèse, qui s’étend sur tout le Rhône et le tiers nord de la Loire voisine (arrondissement de Roanne) se confronte aux résultats tangibles du « printemps du Concile » et commence lui aussi à peiner à nommer des prêtres dans les campagnes – et ses prêtres avec, puisque quatre qui ne sont pas en fin de mission n’assureront plus leurs missions l’année prochaine, notamment pour cause de burn out :
« Traditionnellement dans notre diocèse, les nominations de curé sont d’une durée de six ans, renouvelables pour trois ans.
Avant la fin de la sixième année, le vicaire épiscopal territorial rencontre les membres de l’équipe d’animation pastorale de la paroisse pour évoquer l’hypothèse d’un changement et prendre l’avis des membres de l’EAP. Après, vient le plus dur ! La complexité de faire correspondre toutes ces choses entre le besoin des paroisses et les disponibilités des prêtres. La diminution du nombre de prêtres commence à rendre problématique la nomination de curés, car tous les prêtres ne sont pas appelés à devenir curés et tous ne le désirent d’ailleurs pas ! Certains prêtres nous disent clairement n’être pas faits pour être curé.
Le contexte cette année est plus compliqué encore car quatres curés n’assumeront pas leur mission l’année prochaine alors qu’ils ne sont pas à leur fin de mission. Et ce, pour des raisons diverses : année sabbatique, problèmes de santé…« .
Des paroisses sans prêtre résident aux confins du diocèse
Ainsi, aux confins du Rhône, à Monsols tout au nord et à Lamure sur Azergues sur la ligne de chemin de fer à voie unique vers Paray le Monial, deux paroisses seront sans prêtre résident :
« des paroisses qui deviennent des territoires de mission, sans prêtres résidents, telles que celles de Lamure-sur-Azergues et Monsols. Ces deux paroisses sont accompagnées par des laïcs en mission ecclésiale et des prêtres qui visitent la paroisse, en l’occurrence le père Vincent Charmet, qui est vicaire à la paroisse de Belleville-sur-Saône, et qui visite et accompagne les fraternités et laïcs présents et engagés dans ces territoires ».
Une paroisse en partie confiée à une laïque dans l’ouest lyonnais
« A partir de septembre prochain, la paroisse Saint-Alexandre de l’Ouest lyonnais, où on n’a pas trouvé de curé, sera pilotée par un prêtre à mi-temps et une laïque coordinatrice, Aude Corvaisier-Riche, qui portera la responsabilité pastorale en lien avec l’équipe d’animation pastorale et un prêtre modérateur. C’est ce dernier qui aura la responsabilité finale, mais dont une grande partie sera déléguée à cette salariée laïque ». Mais recourir aux laïcs, ça ne marche qu’un temps – certains diocèses ruraux sont tellement en déclin qu’ils peinent même à renouveler les laïcs et les bénévoles – ils se voient dans l’obligation de réduire drastiquement le nombre de paroisses et de messes.
A Roanne et autour, le diocèse consulte pour ne pas trancher de suite :
« Pour le bassin roannais, l’idée de la consultation large des fidèles avait démarré par les prêtres qui se posaient la question sur la meilleure façon de s’investir dans les paroisses de ce territoire. Une réflexion a été engagée entre prêtres, diacres, laïcs et les équipes d’animation pastorale, sur les bonnes modalités, les bonnes priorités pour les prêtres et pour les laïcs en mission ecclésiale au sujet de leur engagement dans les communautés locales. Finalement, cette consultation permettra de prendre des décisions sur les missions des prêtres, sur l’organisation paroissiale et également sur les questions immobilières.
Pour coordonner l’ensemble de cette consultation une équipe pilote a été mise en place avec le vicaire épiscopal territorial, un diacre, une laïque en mission ecclésiale travaillant dans le bassin roannais et une autre qui est membre de l’équipe diocésaine de transformation pastorale.
Cette équipe remettra ses conclusions aux évêques avant cet été, ce qui nous permettra avec l’archevêque et le vicaire général de prendre des décisions à la lumière de la synthèse préparée par cette équipe. Nous espérons pouvoir initier de premiers changements dès la rentrée 2025, mais plus probablement à partir de la rentrée 2026« .
Bien que Mgr Lagadec tend à rassurer « ce n’est pas le moment du déclin » et habille son discours d’un souci de « fraternité« , des fidèles etc, tous ces ajustements témoignent de la volonté du diocèse d’abandonner certaines paroisses faute de prêtres et de volonté de tenir la géographie ecclésiastique – ou s’en donner les moyens. Mgr Lagadec semble ne pas se souvenir des paroles d’un autre lyonnais, le saint curé d’Ars « laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes ».