Depuis la conférence de presse du diocèse de Nantes et de l’enseignement catholique sur les abus commis à Saint-Stanislas, des dizaines de nouvelles victimes se sont fait connaître du diocèse – au 3 septembre le diocèse avait reçu 40 signalements nouveaux dont 30 d’anciens élèves de saint Stanislas. La presse locale, qui consacre plusieurs articles aux témoignages des victimes ce week-end, indique que dans les témoignages d’anciens élèves qui ne sont pas issus de saint Stanislas, les faits décrits concernent les établissements du Loquidy – l’actuel navire amiral de l’enseignement diocésain nantais, et Saint-Félix, dans le même quartier – il s’agit de deux des six établissements du réseau lassalien en Loire-Atlantique :
« Solène, 41 ans, élève « dans une bonne école nantaise avec le diable en personne », revoit son enseignant, lui aussi décédé, la caresser. « Il nous faisait venir à son bureau pour corriger des exercices et en profitait pour glisser sa main sous nos jupes », explique pudiquement cette femme qui a grandi dans « une famille très croyante. J’avais tellement honte… » Si honte qu’elle n’en dira rien à personne. Elle ne le dévoilera que l’an dernier en postant un appel à témoignages sur Facebook. Des dizaines de réponses. Dont une ancienne camarade qui lui confiera que cet homme « s’était glissé dans son lit lors d’une classe de neige ». Cette mère de trois enfants, qui a témoigné devant la commission du diocèse, dit avec force : « Leur avoir parlé. Parler à Ouest-France, c’est ma revanche de petite fille, trente ans après. Je ne voulais pas que son nom reste vierge dans les archives du diocèse. »
Saint-Stanislas, Saint-Félix, mais aussi Saint-Joseph-du-Loquidy, autre établissement huppé du centre-ville de Nantes. C’est Philippe, qui vit aujourd’hui dans le Maine-et-Loire, alors élève de 6e puis de 5e, se souvient de ce qu’il appelle, « la drague de nuit du surveillant, dans un dortoir de cinquante-cinq lits ». C’est à l’abri des regards, dans l’intimité du box de surveillance, qu’avaient lieu les attouchements. À cet âge, on ne sait pas ce qui est normal et pas normal. On essaie de donner une forme de normalité à cet acte, avec le poids de l’autorité qui prend le dessus. »
Il trouvera une oreille attentive auprès du frère économe, « un homme formidable avec lequel j’ai noué une complicité parce que je restais le samedi au pensionnat, quand les autres élèves étaient partis ». C’est lui qui a pris l’initiative de dénoncer les agissements du surveillant. Une réunion est organisée avec les parents, « très stricts », de l’élève. C’est comme si c’était moi le fautif », se souvient-il.
Veut-il aller plus loin aujourd’hui ? « J’ai 65 ans, et je n’en avais parlé qu’à ma femme et mes enfants. Mais je n’ai pas envie de relancer tout ça en écrivant au diocèse. » Parmi les innombrables victimes, Philippe C. se définit d’ailleurs comme un privilégié. « Ces faits ne m’ont pas perturbé dans ma vie. Dans mon enfance, ça ne m’a pas fait pleurer. Sans doute parce que j’ai trouvé la force de surmonter tout ça. Ce qui est étrange, c’est que je me souvienne du nom de ce surveillant. »
Des abus dans d’autres établissements du réseau La Salle en France
Le diocèse de Nantes serait probablement bien inspiré de remonter les archives dans les autres établissements lassaliens de Loire-Atlantique, les professeurs passant à l’époque de l’un à l’autre – il existe d’ailleurs d’autres affaires d’abus dans des établissements lassaliens, notamment le collège de l’Union à Estaimpuis aujourd’hui fermé,
l’école d’Igny en Essonne, saint-Nicolas d’Issy,
Saint-Genes à Bordeaux (avec trois affaires au moins, dont un professeur
mis en examen en ce moment pour voyeurisme et viols) etc.
- Immaculée Conception – La Salle (Clisson)
- Sacré-Coeur – La Salle (Pornichet)
- La Salle Saint-Laurent (Blain) – qui a beaucoup de liens historiques avec le Loquidy
- Saint-Félix – La Salle (Nantes)
- Sacré-Coeur – La Salle (Nantes)
- Saint-Joseph du Loquidy – La Salle (Nantes)