Dans les années 1960 les Pays-Bas défrayaient la chronique d’une Eglise catholique pourtant secouée de toutes parts par les soubresauts de Vatican II par leur « Concile hollandais » ultra-progressiste et son catéchisme hollandais qui ont conduit en une génération à diviser par deux le nombre de fidèles catholiques du pays et qui inspire de nos jours les errances théologiques du « chemin synodal allemand« . Plus d’un demi-siècle plus tard, le prix continue d’être payé de tant d’hérésies : comme le résumait le cardinal Ejk en 2023, « le Christ est devenu une figure pratiquement inconnue pour la plupart des Néerlandais d’aujourd’hui ».
Selon les données du « World Values Survey » analysées en janvier 2023 par le Center for Applied Research in the Apostolate, la participation à la messe aux Pays-Bas est la plus faible parmi les 36 pays à forte population catholique, avec seulement 7 % des catholiques qui s’identifient comme tels participant à la messe chaque semaine. En 2022, le pays avait un taux de pratique catholique moyen de 2.7% – à peine mieux que certaines régions de la Belgique, mais bien pire que nombre de pays européens. « Si cette tendance s’inscrit dans un contexte européen de déchristianisation généralisée, le pays semble souffrir d’une désaffection plus profonde de la foi catholique que dans les pays voisins« , relève Belgicatho, qui y voit l’empreinte à long terme du concile hollandais. Par ailleurs le taux de pratiquants a chuté d’un tiers pendant la crise sanitaire, et celui du recours aux sacrements ne cesse de faiblir : le nombre de baptêmes a chuté de 19 680 en 2012 à 6 310 en 2021, et le nombre de mariages catholiques est passé de 2 915 à 660 pour la même période.
Selon le dernier rapport des évêques néerlandais, bien que les catholiques romains constituent désormais le plus grand groupe de croyants chrétiens (20,8 %) dans ce pays à forte tradition calviniste, le nombre de catholiques pratiquants a chuté de plus d’un tiers (36 %) pendant la crise sanitaire entre 2019 et 2022. La baisse annuelle était auparavant d’environ 6 %. Comme le résumait en 2023 le cardinal Ejk, « Dans la seconde moitié des années 1960″, un groupe important de jeunes, aujourd’hui grands-parents, a décidé de ne plus aller à l’église le dimanche. Ils ont très peu, voire pas du tout, transmis la foi au Christ à leurs enfants, et encore moins à leurs petits-enfants. Les catholiques âgés meurent, et les jeunes catholiques, dans la plupart des cas, ne font plus baptiser leurs enfants. »
D’autres religions voient leurs effectifs augmenter, ainsi de l’hindouisme, ou de l’islam, nourris par l’immigration en provenance du Maghreb, du Pakistan ou de la Turquie, dont les pratiquants seraient 6% de la population en 2023 selon les statistiques officielles, contre 4.9% en 2014. Le pays comptait 450 mosquées en 2010 – dont une trentaine avec des minarets – l’une d’elle est située juste à côté de la gare de Rotterdam et se voit de loin – et 478 en 2021 selon une étude.
Néanmoins si en 2018 les catholiques étaient devenus le groupe religieux le plus important – le calvinisme, qui n’a pourtant pas eu de Concile Hollandais, et en a même été l’inspirateur, a décliné aussi fort, voire pis, trois quart des hollandais ne se rendaient jamais à une messe. En 2019 déjà, sur 6900 églises dans le pays, tous cultes confondus, 1400 soit une sur cinq étaient reconverties à d’autres usages. A Amsterdam, où le diocèse catholique annonce la fermeture de la plupart des églises dans les cinq ans, nombre d’églises protestantes ne servent en réalité que de salles de concerts, de musées ou pour l’évènementiel, et dans d’autres, les cultes ne rassemblent que 10 à 20 personnes. Et une grande partie des lieux de culte ont déjà été reconvertis à des utilisations profanes… ou muséifiées pour la très connue église Op Solder.