Le 30 avril, lors de la septième congrégation des cardinaux, le Cardinal Benjamin Stella, 83 ans, a vivement critiqué le Pape François, lui reprochant d’avoir « contourné la tradition de l’Église » en séparant le pouvoir de gouvernance des ordres sacrés, permettant ainsi aux laïcs et aux femmes d’occuper des postes de direction au Vatican.
L’impressionnante carrière diplomatique du cardinal Stella témoigne d’une expertise internationale exceptionnelle : après avoir servi comme nonce apostolique dans plusieurs régions complexes (République Centrafricaine, Congo, Tchad, Cuba et Colombie), il a présidé la prestigieuse Académie pontificale ecclésiastique, formant tous les futurs diplomates. Sa nomination comme Préfet de la Congrégation pour le clergé par le Pape François révèle une relation de grande proximité avec le défunt pontife, maintenue pendant près de huit années dans cette fonction cruciale. Paradoxalement, cette intimité avec le cœur du pouvoir lui a permis aussi de développer un regard critique particulièrement lucide sur le pontificat franciscain.
N’étant plus électeur, le Cardinal Stella s’exprime avec une franchise et une sincérité rares. Mais Stella organiserait la campagne en faveur du Cardinal Pietro Parolin, dont l’état de santé pourrait le disqualifier. Ces déclarations pourraient être une façon de donner des gages au camp conservateur.
Le Cardinal Müller a aussi critiqué le pontificat sortant, notamment le manque de cadre théologique. Dans un article du 28 avril dans La Stampa il a souligné le prochain pape devait être « solide sur la doctrine » et « déterminé à résister aux lobbies idéologiques, y compris le lobby gay ». Il avait affirmé que le futur pontife devrait également avoir « une solide formation théologique et doctrinale », et avait appelé à un retour à « l’orthodoxie, la doctrine fondée sur l’Écriture et la tradition apostolique, contre l’hérésie ». Sur la question du mariage, il avait insisté :
« La doctrine n’est pas la propriété du pape, des évêques ou des fidèles. Elle doit se conformer à la parole de Jésus, personne ne peut la modifier. Si Jésus dit que le mariage est entre un homme et une femme, personne ne peut changer cette doctrine. »
D’autres critiques ont été formulées pendant ces sessions, notamment par le Cardinal Raymond Burke et le Cardinal Joseph Zen (93 ans) qui a parlé pendant 15 minutes du Synode sur la synodalité.