Deux anciens élèves d’une même fratrie dénoncent des faits d’abus sexuels et de violences au sein du lycée “Cendrillon” de Dax, qui avant 2003 s’appelait Notre-Dame du Sacré-Coeur – comme celui de Bétharram, devenu en 2009 Le Beau Rameau, il a changé de nom en effaçant quelque peu son identité religieuse.
Dans les colonnes de France Bleu le 25 février dernier, un ancien élève aujourd’hui âgé de 75 ans se confie : ““je n’ai plus peur de rien, j’ai 75 ans, c’est presque un soulagement pour moi. Je veux faire éclater la vérité pour que ça ne se reproduise plus”,Marc dénonce des agressions sexuelles subies pendant cinq ans, lorsqu’il était élève entre 1960 et 1965 au collège privé catholique “Cendrillon”, à Dax. Marc qualifie l’établissement de “réseau de pédocriminels” et dit avoir été “sous la coupe de ces attoucheurs”. Il raconte : “Pour moi, ‘Cendrillon’, c’est une horreur ! Un enfermement, un lieu avec des sévices corporels, de belles baffes et des tympans crevés.” Il dénonce également des agressions sexuelles, “des tentatives”, notamment “lors des confessions”.
En 2020 Marc porte plainte – mais les faits sont prescrits, puis témoigne auprès de la CIASE. Son petit frère, scolarisé les mêmes années, a lui subi des viols – mais il a lui aussi attendu des années pour se confier. “Le petit frère de Marc, Philippe, qui a seulement 10 mois de moins, s’est longtemps senti coupable des viols qu’il a subis pendant trois ans. “Pourquoi j’aurais parlé ? J’étais un enfant qu’on n’écoutait pas. Mon prédateur avait compris que j’étais un enfant fragile, en quête d’affection.”
Enfin France Bleu cite un autre élève, qui y était entre 1979 et 1983, qui donne son nom. Serge Marsan a subi essentiellement des violences, notamment – autre similitude troublante avec Bétharram – de la part d’un surveillant général qui frappait les élèves avec sa chevalière retournée pour leur faire plus mal encore : “Je suis ressorti deux fois du bureau d’un surveillant général avec l’empreinte d’une chevalière retournée, et ses initiales, sur la joue. Je me souviens aussi que certains soirs, tout le dortoir se retrouvait à genoux sur du parquet, de 22 h à minuit passé. Celui qui avait le malheur de s’endormir : le surveillant lui marchait sur le mollet. J’ai pris au moins un coup de poing et deux ou trois coups de pied”.
D’après Sud-Ouest, “le diocèse confirme avoir deux signalements qui date de fin 2021″, mais n’a visiblement pas jugé utile de communiquer sur les faits. A ce jour trois prêtres et deux surveillants laïcs sont mis en cause pour abus par d’anciens élèves.
Depuis, ce sont maintenant sept victimes qui travaillent à la création d’un collectif comme à Betharram pour recenser les témoignages d’anciens élèves.
Pour Mgr Souchu les auteurs des violences sont des “prêtres qu’on n’a pas pu identifier“
Mgr Souchu, évêque d’Aire et Dax guère proactif par le passé sur la question des abus comme on a pu le constater dernièrement avec l’affaire Goguey – ou ses ex-fidèles en Orléans avec l’affaire de Scitivaux, des agissements duquel une religieuse et des fidèles l’avaient alerté sans qu’il agisse, a évidemment réagi pour condamner ces faits, mais ses précisions suscitent quelques interrogations. “C’est très choquant. C’est terrible. Évidemment, on ne peut pas tolérer tous ces drames successifs. L’Église tout comme l’Enseignement catholique ont la responsabilité de faire toute la lumière sur les faits que l’on connaît, de coopérer avec la Justice”.
Cependant il ajoute que parmi les personnes accusées, “il y a un prêtre qu’on n’a pas pu identifier parce qu’il ne faisait pas partie du diocèse d’Aire et de Dax et un laïc qu’on n’a pas pu non plus identifier”. Ce qui est pour le moins surprenant. L’ex lycée Notre-Dame du Sacré Coeur de Dax n’avait-il pas à l’époque de liste de personnel, ni de palmarès ?
La presse locale a fait le travail dont le diocèse s’est avéré incapable
Si l’évêque Mgr Souchu ne connait visiblement pas ses archives – pourtant situées au rez de chaussée de la maison diocésaine, et plutôt bien rangées – la presse locale a retracé le parcours des prêtres et laïcs auteurs d’abus et de violences au lycée Cendrillon de Dax – dont on apprend au passage que l’actuel directeur est aussi celui de l’enseignement catholique des Landes.
Ainsi, un prêtre imposait selon d’anciens élèves des attouchements lors de confessions :
“Selon certains témoignages recueillis par “ici Gascogne”, l’abbé G., qui est resté six ans au collège de 1957 à 1963, recevait des élèves le soir, dans sa chambre, pour les confesser . Un autre homme assure être parti au moment où il tentait de défaire sa ceinture. L’abbé G. a ensuite été prêtre à Biscarrosse, avant de devenir instituteur à Tartas (Landes) à partir de 1965. Il est mort en 1980“.
Par ailleurs, “deux autres prêtres, également décédés, sont cités par d’anciens élèves, contactés par “ici Gascogne”. L’abbé C., au collège de 1959 à 1968, remplaçait également les confessions du soir par “des attouchements et des baisers forcés”. Un ancien élève accuse un autre prêtre, l’abbé V., de l’avoir violé”.
Enfin deux surveillants laïcs issus de la même fratrie sont accusés de violences et d’abus : “selon les registres de l’établissement, il a travaillé dans l’établissement de 1961 à 1964, puis de 1970 à 1976. Son frère a également travaillé au sein du même établissement, lui-même accusé d’avoir violé, dans les années 1980, au moins un élève“.