Mais pourquoi Mgr Vetö à Reims ?

Lors de l’ordination épiscopale de Mgr Vetö, spécialiste des questions œcuméniques au sein de la communauté du Chemin neuf, comme auxiliaire à Reims à l’automne 2023, l’étonnement était assez grand dans la cité des Sacres, où il était de notoriété commune que Mgr de Moulins-Beaufort n’avait pas spécialement demandé d’auxiliaire, malgré la taille géographique importante de son diocèse, qui englobe les deux tiers de la Marne et les Ardennes.

Le trombinoscope de Golias apporte peut-être une partie de la réponse, page 394 : “Vető a quitté Rome en urgence suite à un style de vie plus que voyant. C’est un ancien protégé de Renato Boccardo, qui fut jadis à la Curie romaine et qui est actuellement archevêque de Spolète-Nursie (en Ombrie)“.

Ensuite, il faut aller lire le portrait de l’auxiliaire lui-même, page 404, qui commence par cette rafale : “Si les diocésains de Reims avaient eu voix au chapitre, jamais Etienne Vető ne serait devenu évêque auxiliaire”. Il est probable cela dit qu’au vu de son CV et de sa formation, il soit promis à de plus hautes fonctions…

Et un autre élément de réponse sur cette nomination qui apparaît comme un choix par défaut : “On se questionne ainsi sur le manque d’expérience pastorale du nouvel élu, envoyé dans un diocèse rural. Le CV de Vétő ne concorde nullement avec les attentes du pape François s’agissant des évêques. Cette nomination rémoise ne serait qu’un « cache-sexe », Etienne Vető étant « programmé » pour l’archidiocèse de Strasbourg, en raison de ses connaissances géopolitiques, de sa maîtrise de plusieurs langues, de ses diplômes, etc. Il est, du reste, intéressant de constater que la page Wikipedia en allemand du nouvel élu est beaucoup plus fournie que celle en français“.

 

Un père philosophe hongrois aux trois doctorats

Avant Mgr Vetö, Golias présente son père : “avant Étienne, on vous présente son père Miklos Vető, personnage haut en couleur né en 1936 à Budapest dans une famille juive. Face aux lois antijuives adoptées en Hongrie en 1941, le père de Miklos se suicide et la mère sera déportée en 1944. Le jeune Miklos est alors placé dans une famille adoptive qui le convertira à la foi catholique. Les ennuis se poursuivent quand il participe en 1956 à l’insurrection de Budapest. Le jeune homme doit alors fuir son pays. Cette fois, il a le KGB aux trousses, et non plus la Gestapo.

Il poursuit ses études à la Sorbonne, valide son doctorat en philosophie avec Iris Murdoch sur Simone Weil à Oxford. Ce sera le premier des trois qu’il validera (un autre en littérature sur Schelling sous la direction de Paul Ricoeur et un dernier en théologie à Strasbourg). Un pareil cerveau intéresse fortement les Américains et Miklos partira enseigner à Yale[…] Miklos Vető séjournera un temps en Afrique, où il devint directeur de la faculté de philosophie d’Abidjan, puis reviendra en France poursuivre sa carrière d’enseignant d’abord à l’Université de Beaulieu à Rennes (entre 1979 et 1992), puis à Poitiers” jusqu’en 2005.

 

Membre du Chemin Neuf formé par les jésuites

Ensuite, Mgr Vetö lui même, qui a cultivé des liens tant avec les jésuites que le Chemin Neuf : “Étienne marche, lui, sur les traces intellectuelles de son père, il sortira brillamment de Normale Sup (1984) et entre au Chemin neuf trois ans plus tard. Il a alors juste 25 ans quand il devient agrégé de philo (1989). Il est ordonné prêtre pour la Communauté du Chemin Neuf en 1997 où il a prononcé des voeux perpétuels le jour de son ordination diaconale en 1996, il tâte de la Grégorienne et boucle sa thèse en théologie au Centre-Sèvres sous la direction du jésuite Bernard Sesbouë.

Il sera enseignant d’ailleurs au Centre-Sèvres entre 2001 et 2014, puis enchaîne avec un poste à la Grégorienne avant de devenir en 2017, le directeur du Centre Cardinal-Béa, qui se veut un institut de recherche et de publications sur les relations entre juifs et chrétiens. Les distinctions s’enchaînent comme on enfile les perles : l’année suivante, il est nommé membre du service international Communion Charis, interlocuteur du Renouveau charismatique pour l’Eglise catholique. En 2019, il est nommé consulteur dans la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme au sein du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. En 2021, il devient membre pour la Commission théologique internationale“.

 

Le démon contracté pendant la grossesse ?

Golias revient sur le parcours de Mgr Vetö avant qu’il ne devienne évêque auxiliaire à Reims : “Etienne Vető était membre de la garde rapprochée du fondateur de la CCN, l’ex-jésuite Laurent Fabre, et avait la haute main sur les séminaristes « affiliés » au Chemin neuf. 

Il a été responsable du Centre spirituel Siloé à Soleymieu dans l’Ain où l’on donne (sous quel contrôle de l’Eglise ?) des sessions de délivrance et de guérison selon la doctrine du charismatique américain Neal Lozano. Étienne Vetö enseigne donc publiquement que « dans le lien, les démons, d’une certaine manière agissent intérieurement ». Et cela peut remonter très loin s’il y a un lien qu’on a « contracté dans la toute petite enfance ou même dans le ventre de sa mère ». Cette doctrine est simplement contraire au magistère des évêques de France [qui ont édité plusieurs notes doctrinales au sujet de telle ou autre dérive spirituelle qui nécessite une réponse longue et argumentée]. Étienne devra s’en défaire et renoncer à chercher des diables chez ses futures ouailles jusque dans le sein de leur mère“.

Golias cite des passages de la conférence de Mgr Vetö donnée à Rome La nature théologique des liens spirituels de la délivrance, en 2017, que voici :