La communauté des Béatitudes a-t-elle lu, et compris le rapport de la CIASE sur les abus sexuels du clergé? On peut en douter, et pas seulement à cause des nombreux dossiers – instruits aujourd’hui par le tribunal pénal canonique national – qui concernent la communauté – dont celui du petit séminaire d’Autrey qui met en cause au moment de l’enquête du magazine de la Croix rien de moins que le numéro 2 des Béatitudes, ainsi que ceux d’anciens des Béatitudes qui sont allés créer des communautés charismatiques assez semblables, ou sont passés dans d’autres communautés aux nombreux abus issues du même mouvement spirituel. Après deux ans de négociations, la Mission de France a annoncé que les Béatitudes refusaient la “responsabilité partagée” des agressions commises par le père Jacques Marin, de la Mission de France, mais qui a exercé dans les communautés du Verbe de Vie et des Béatitudes, où il a fait respectivement 15 et 3 victimes.
Comme le rappelle la Croix, le père Jacques Marin, décédé en 2019 à l’âge de 90 ans, était “incardiné au sein de la Mission de France, ce dernier a toutefois exercé son ministère pendant une trentaine d’années au sein du Renouveau charismatique, en particulier dans les communautés du Verbe de Vie et des Béatitudes, en y prêchant des retraites et en y confessant les fidèles. Près d’une vingtaine de personnes ont dénoncé les agressions sexuelles dont elles ont été victimes dans le cadre de la confession ou d’un accompagnement spirituel du père Marin. Trois d’entre elles l’ont été au sein de la communauté des Béatitudes. Si la Mission de France affirme avoir toujours maintenu ses liens avec le prêtre, l’affaire d’aujourd’hui montre à quel point celui-ci a pu vivre en « électron libre », exerçant son ministère dans un diocèse et des communautés dont il ne relevait pas juridiquement.
La Mission de France indique qu’elle « ne veut pas se défausser de ses responsabilités» à leur égard. Mais, considérant que ces trois agressions se sont produites dans le cadre des Béatitudes, elle a offert à la communauté de prendre en charge l’adhésion à la Commission Reconnaissance et Réparation – l’instance indépendante créée pour reconnaître et réparer les personnes victimes de violences sexuelles présumées commises par des membres d’instituts religieux –, puis de partager les frais de réparation qu’elle aurait décidés. Au terme de plus de deux ans de discussions, les responsables des Béatitudes ont fait savoir début décembre leur refus de participer à cette réparation, sans proposer aucune autre solution.
Pendant une trentaine d’années, les Béatitudes ont non seulement logé Jacques Marin à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher), jusqu’à la fin de sa vie, mais elles ont versé une indemnité de remboursement des frais de formation à la Mission de France, selon un procédé habituel entre diocèses ou communautés, quand l’une bénéficie des services pastoraux d’un prêtre formé par une autre juridiction, reconnaissant ainsi leurs liens étroits”.
Mgr Giraud “indigné par l’obstination” des Béatitudes
« Je suis indigné par cette obstination », réagit Mgr Hervé Giraud, prélat de la Mission de France, qui assumera donc seule la réparation des actes commis par Jacques Marin. Au-delà d’une réparation financière, les victimes, qu’il a lui-même rencontrées, espéraient cependant, selon l’évêque, une reconnaissance de cette communauté dans laquelle elles avaient mis leur confiance en y passant un séjour ou en y vivant une retraite. Il leur a donc répondu en ces mots dans une lettre, que La Croix a pu lire : « Votre institution confirme ainsi ne pas vouloir être concernée et manifeste une fin de non-recevoir à la reconnaissance d’une quelconque responsabilité, attendue pourtant par les victimes. Cela traduit in fine un mépris de ces personnes en souffrance ».
Les Béatitudes quant à elles ont trouvé un prétexte. Elles reprochent à la Mission de France de “n’avoir pas été tenue[s] au courant d’une première condamnation en 2001, prononcée par Mgr Gilson, alors prélat de la Mission de France, et ayant abouti à une interdiction de confesser pendant trois mois. « Je reconnais les fautes de mes prédécesseurs, répond Mgr Giraud, mais je ne comprends pas que l’on puisse faire cette réponse aux victimes, alors qu’elles ont été agressées dans le cadre de la communauté ».
La Croix précise qu’avant sa dissolution, le Verbe de Vie avait répondu favorablement à la proposition de la Mission de France.
A quand une dissolution pure et simple des Béatitudes ?
Cette secte charismatique est une vraie plaie, au même titre que les frères de saint Jean !