La paramentique de Jean-Charles de Castelbajac utilisée pour l’ouverture de Notre-Dame de Paris a suscité l’incompréhension et de nombreux détournements… mais visiblement le diocèse de Paris le prend mal. Ainsi la maison de vente aux enchères Orne Enchères, en Alençon, qui avait glissé, pour rire, une des chasubles utilisée pour la cérémonie, dans les lots de sa vente du 13 décembre dernier, a reçu dans la foulée une lettre de l’avocat de l’association diocésaine de Paris.
La chasuble, lot 160, était ainsi présentée : “chasuble de forme pseudo-antique en laine écrue semée d’éclats de velours polychrome. Au centre, croix dorée réappliquée. Fabrication normande typique des années 80; modèle désuet (provenance : chapelle de banlieue aujourd’hui désaffectée)“. Avec une estimation de 10-20 euros, très faible donc.
Description dont l’humour n’a visiblement pas du tout été compris ni apprécié par le diocèse, dont l’avocat a expédié une lettre de mise en demeure à la maison de vente, qu’il commence tambour battant : “l’ADP [association diocésaine de Paris] a sollicité le couturier Jean-Charles de Castelbajac pour créer la nouvelle paramentique dans le cadre de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’ADP est propriétaire des droits de propriété intellectuelle sur les vêtements et ornements liturgiques créés par Jean-Charles de Castelbajac“.
Stupeurs et tout le tremblement
Or l’association diocésaine de Paris, écrit-il, aurait “constaté avec stupeur“ la présence du lot 160 avec ladite chasuble. Mais visiblement pas la stupeur des français et des internautes – à moins que les auteurs de détournements, de mêmes et de gags en tous genres ne vont eux aussi recevoir une volée de lettres de mise en demeure de la part de l’association diocésaine de Paris ?
Le conseil déroule dans sa lettre toute une série d’exigences : “retirer et déréférencer” l’infortuné lot 160, “refuser d’accepter des enchères et refuser toute vente aux enchères” sur celui-ci, “nous communiquer l’identité et les coordonnées du vendeur dudit lot 160, ainsi que toutes informations, photographies et caractéristiques se rapportant audit lot”, “cesser tout acte de contrefaçon de droits d’auteur et pratiques commerciales trompeuses” (bigre!), “cesser toute exploitation, diffusion, publication et communication de quelque manière que ce soit sur quelque support que ce soit de la photographie de la chasuble figurant dans le lot 160 […] à défaut de réponse favorable de votre part dans le délai indiqué, ma cliente [l’association diocésaine de Paris] se réserve le droit d’engager toute procédure judiciaire de nature à protéger ses droits et lui octroyer une indemnisation pour tous les préjudices qu’elle a subi à cette occasion“.
Le lot a évidemment été retiré; du reste, cette chasuble méritait-elle une enchère de cinq ou dix euros seulement ?
La lettre de mise en demeure, du 6 décembre dernier – normalement, c’était la saint Nicolas, mais pour le diocèse de Paris, c’était plutôt la fête du père Fouettard :