Après la Joie d’être sauvé, en septembre 2023, Mgr Yves le Saux publie une nouvelle lettre pastorale de vingt pages, Espérance et Fraternité, à la rentrée 2024.
Il y appelle ses fidèles à “développer une culture de l’amitié“, et même à flamber quelque peu : “permettez-moi une image : on n’allume pas une bougie en lui parlant. Nous pouvons répéter sans cesse ”allume-toi”, il ne se passera rien. On allume une bougie en craquant une allumette. Soyons des allumettes“.
Il y définit l’Eucharistie, page 11 : “L’Eucharistie est instituée pour que nous devenions frères, pour que d’étrangers, dispersés, indifférents les uns aux autres que nous étions, nous devenions un, égaux et amis. Elle nous est donnée pour que, de masse apathique, égoïste, travaillée intérieurement par des divisions et des hostilités, nous devenions un peuple, un vrai peuple, croyant et ami. “Peuple d’un seul cœur et d’une seule âme”, affirme le saint pape Paul VI“.
“Ce ne sont pas les majorités occasionnelles, formées ici ou là dans l’Eglise, qui décident de son chemin et de son avenir”
Et l’Eglise, à la page suivante : ” L’Église est l’Église de Dieu, de Jésus. Parfois, nous pouvons être tentés, même sans nous en rendre compte, de remplacer ”son” Église par ”notre” Église. Donc par de nombreuses Églises, chacun la sienne. De cette manière apparaît une Église de petits propriétaires qui parlent de ”mon Église”, que chacun considère comme son œuvre et sa propriété, susceptible d’être remodelée ou conservée, à sa guise. L’Église n’est pas non plus seulement le groupe qui se rassemble pour célébrer l’Eucharistie le dimanche. Encore moins un réseau de personnes qui pensent toutes la même chose. Elle est bien davantage que le pape, les évêques et les prêtres et ceux qui s’investissent au service de son organisation. Elle s’étend plus loin, elle franchit le seuil de la mort. En font partie tous les saints, connus et inconnus, tous les anonymes dont Dieu seul connaît la foi. En font partie tous les hommes et les femmes de tous les temps, de tous les lieux, dont le cœur plein d’espérance et d’amour se penche vers le Christ. Ce ne sont pas les majorités occasionnelles, formées ici ou là dans l’Église, qui décident de son chemin et de son avenir“.
Effectivement, que pensent-ils, ces anonymes, que peuvent penser les saints, des “nouveaux péchés” définis par le synode sur la synodalité, des attaques à répétition contre le sacerdoce ou la sainte messe, ou des errements des fers de lance du “schisme allemand” que leurs fidèles continuent de fuir en masse ?
Que chaque chrétien prenne en charge une personne inconnue
Il demande par ailleurs à ses fidèles de parrainer, chacun, une personne inconnue : “Je propose que chaque chrétien – chacun de nous – prenne en charge, par amitié, par souci d’accompagner, une personne que nous ne connaissons pas encore. Pendant une année, nous nous engageons à être attentif à une personne que la Providence mettra sur notre route – un voisin ou une voisine, un catéchumène ou un néophyte, un jeune en recherche, une personne seule ou en difficulté.
L’accompagner en prenant l’initiative de créer une relation d’amitié avec elle, en lui parlant, en prenant de ses nouvelles, en fêtant son anniversaire, en l’invitant à des moments conviviaux, en l’accompagnant à l’église, en développant à son égard une charité concrète et inventive. La condition, c’est que ce soit une personne avec qui, aujourd’hui, nous n’avons pas encore de relation“.