La presse locale a dévoilé une affaire de détournements de fonds au diocèse de Belley-Ars, qui s’en serait bien passé alors que le produit des dons – comme le nombre de donateurs – y baisse d’années en année; le titulaire en est Mgr Roland, connu notamment pour avoir interdit le sanctuaire d’Ars… à la messe traditionnelle célébrée par le saint curé d’Ars. Une laïque en charge de faire le traitement comptable administratif des dons des fidèles a été placée en garde à vue peu après avoir pris sa retraite. Elle a reconnu avoir, depuis des années, falsifié des chèques et encaissé les dons des fidèles à la place du diocèse, pour “plusieurs dizaines de milliers d’euros” de préjudice; l’affaire a commencé suite au signalement d’un fidèle qui avait réclamé un reçu fiscal qu’il n’avait pas reçu. Ce n’est pourtant pas la seule affaire de détournements dans le diocèse.
Des détournements de dons de fidèles dans une paroisse en 2018-22
Par ailleurs le 3 septembre dernier la justice civile a condamné un ex-prêtre du diocèse, en poste à Felleins/Pont de Vaux, absent à son procès, pour le détournement de 180 dons de paroissiens en 2018-2022, là encore pour “plusieurs dizaines de milliers d’euros”.
Il avait quitté cette paroisse en janvier 2022 pour prendre une année sabbatique : “M. l’abbé Aimé Fulbert Owah est déchargé à sa demande de ses charges de curé des groupements paroissiaux de Feillens et de Pont-de-Vaux, de doyen du doyenné de Bresse et de délégué épiscopal pour le diaconat permanent, à dater du 8 janvier 2022. Il est autorisé à prendre une année sabbatique“.
Le Journal de Saône-et-Loire indique que ce prêtre congolais présent depuis 2009 dans le diocèse a commis “des abus de confiance, un abus de faiblesse, et des falsifications de chèques en pagaille“. Il a été condamné en son absence : ” poursuivi pour une escroquerie au denier du culte, le père Aimé-Fulbert Owah, 55 ans, ex-curé du groupement paroissial de Feillens/Pont-de-Vaux (Ain), a été condamné ce mardi 3 septembre par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse à une peine de deux ans de prison avec sursis, et une mise à l’épreuve comprenant l’obligation d’indemniser ses victimes“.
D’après la Voix de l’Ain, il risque le renvoi à l’état laïc suite à un procès canonique. Les comptes du diocèse de Belley-Ars en 2022 et 2023 ne mentionnent aucunement cet épisode parmi les “faits significatifs de l’exercice” ou ailleurs – si ce n’est qu’on trouve mention, en 2022, d’une provision de 67.284 euros sur risques et charges, sans mention d’une quelconque raison (page 27 du rapport des commissaires aux comptes).
100.000 euros détournés en 2009-2012 par un prêtre suite à un chantage
Pour rappel, en 2015 le curé de Vonnas dans l’Ain, le père Joël Lambert avait été jugé pour avoir détourné près de 100.000 euros des caisses de sa paroisse, en 2009-2012, suite à un chantage exercé par un Kosovar de 45 ans, lui aussi jugé – et condamné à un an de prison ferme et 1000 euros d’amende; à la demande du prêtre, l’audience avait eu lieu à huis clos. Le prêtre avait été condamné à cinq mois de prison avec sursis et invité à démissionner de ses fonctions – il était resté en effet curé de la paroisse après la plainte du diocèse en 2012.
Comme en rendait compte la presse locale alors, “l’affaire avait démarré au printemps 2012, à la suite de la plainte du diocèse de Belley-Ars, qui avait découvert un trou de 15 000 euros dans les comptes 2011 de la paroisse, a expliqué Guilhem Duval, chargé de communication du diocèse, qui ne s’est pas porté partie civile […] Selon Le Progrès, les détournements de fonds porteraient sur près de 100 000 euros entre janvier 2009 et avril 2012. Entendu par les gendarmes, le père Lambert a alors avoué être victime de chantage de la part de ce réfugié politique, rencontré en 2007, avec qui il aurait entretenu une relation ambiguë“.
Le père Joël Lambert, toujours prêtre, est décédé en février 2017 – ni sa biographie dans la lettre du diocèse de Belley-Ars, ni l’homélie de Mgr Roland lors de ses obsèques ne font mention des événements pour lesquels il a été jugé; en revanche il est indiqué dans sa biographie qu’il avait été envoyé après sa démission dans le diocèse d’Autun, où visiblement personne ne lui a posé de questions embarrassantes : “ces deux dernières années, il fut en service dans le diocèse d’Autun dont il apprécia la délicatesse des paroissiens et des prêtres à son égard“.
En revanche, sa biographie donne d’autres précisions sur son parcours, et notamment les péripéties de sa formation au sacerdoce : “il entra au séminaire de Nantes, pour le diocèse du Mans, au début des années 1980 pour faire ses cycles de philosophie et de théologie. Mais, de sensibilité comme l’on dit «classique», le séminaire de Nantes ne le garda pas.
Cependant, le Seigneur avait donné à Joël Lambert une vocation bien enracinée. Il partit donc dans sa 2CV du Mans, avec un autre camarade d’infortune, directement à Rome où il ne connaissait personne. Arrivé place St Pierre, il alla voir le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, qui l’accueillit avec bonté, l’encouragea et l’aida.
Après son ordination épiscopale, en 1987, Mgr Bagnard l’accueillit dans le diocèse de Belley-Ars et l’envoya au séminaire de Louvain-La-Neuve accomplir une licence en théologie. Le supérieur de ce séminaire était le futur archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Léonard dont Joël Lambert a toujours loué la grande bonté paternelle et qui l’affermit dans sa vocation de prêtre diocésain.
Après son ordination, le 8 juillet 1990, il fut vice-recteur du séminaire saint Jean-Marie Vianney à Ars, nouvellement fondé. Il enseignait l’Histoire des Pères de l’Eglise, l’Histoire de l’Eglise et l’Histoire de la Spiritualité. Ses élèves ont bénéficié de son bel esprit de synthèse. C’est en 1994 qu’il put accomplir son sacerdoce en paroisse d’abord dans le groupement paroissial de Jassans-Riottier et ensuite dans celui de Vonnas“.
De profundis.
Ouais, ce n’est pas le seul que ce séminaire et ce diocèse n’a pas “gardé” avec la même excuse d ‘être trop “classique”.
Excuse qui visiblement existe toujours.
Combien de jeunes hommes ont été dans ce cas, partout en France?
On voit bien que la décision de qui peut devenir prêtre est aussi une question de politique ecclésiale. Pas uniquement de conformité du candidat au dogme, sa vie spirituelle, ses qualités humaines et aptitudes intellectuelles et pratiques.
Le séminaire n’a pas le pouvoir de décider de renvoyer un séminariste, me semble t il? En tout cas, pour l’ordination leur avis n’est que consultatif, c’est l’évêque qui décide.
Mais l’évêque a t-il les mains libres pour décider? Il s’en remet à ses conseils qui votent et si il y a une minorité pour, le sujet est renvoyé. Il ne peut pas se défendre.
Il manque une déontologie pour cela. Un séminariste a fait plusieurs années sans cotisation pour sa retraite. On en fait un bon anticlérical.
Cela n’engage pas à se lancer dans cette voie.
Quand vous faites des études supérieures, si vous travaillez , vous avez votre diplôme puis une carrière d’ouvre devant vous.
Qui pour défendre un séminariste viré sans raison valable? Il y a la un vide juridique. Tout est soumis à la décision épiscopale non contestable. C’est une profonde injustice. Est-il entendu?
Si peu de jeunes hommes n’entrent pas au Séminaire, c’est en grande partie pour cette raison et cela se sait. Il faut être prudent.
Le cas de Jean-Marie Vianney est un exemple; il a failli être lui aussi viré. taxé de ” DD debilissimus”.
Pour ce qui est de ce diocèse de l’Ain, l’interdiction à Ars de la Messe Usus Antiquior, cela ne passe pas.
on pourrait aussi parler des prêtres haïtiens en Guyane française, qui prélevaient 50% de la quête du dimanche, pour envoyer cet argent le lundi suivant par Western Union en Haïti…