Lors d’une conférence de presse consacrée au synode sur la synodalité au Vatican, Mgr Aveline est revenu sur la conférence ecclésiale de la Méditerranée, qui serait un “horizon”.
“Les rencontres méditerranéennes sont un processus qui a commencé en février 2020, l’initiative venait de la conférence épiscopale avec le saint Siège à Bari, ça a continué avec Florence en février 2022, puis Marseille en février 2023, et nous continuerons sur cette lancée […] le pape François a donné comme horizon de créer un jour une conférence ecclésiale de Méditerrannée pour pouvoir faire en sorte que des églises puissent s’entraider, et aussi apporter une coopération à tous ceux qui oeuvrent pour la paix et la justice dans cette zone“.
“Nous avons avancé depuis Marseille 2023, il y a eu une réunion en avril à Marseille sur l’accueil ou le soutien aux personnes migrantes ayant réussi à traverser et le Sahara, et la Méditerranée mais se trouvant dans des situations où l’accompagnement linguistique, spirituel est nécessaire, et au moins s’entraider pour ça […] Il y a aussi eu une rencontre de théologiens qui travaillent autour de la Méditerranée, ce n’est pas vraiment une théologie de la Méditerranée, mais depuis la Méditerranée, il y a eu une rencontre à Palerme en juin dernier. Il va aussi y avoir une rencontre bientôt des sanctuaires mariaux de Méditerranée […] des lieux de paix et porteurs de paix. Il y a aussi un réseau sur l’éducation. Ces réseaux se mettent en place. Il y a eu en septembre 2024 une réunion de nouveaux de jeunes et d’évêques à Tirana en Albanie“.
Et de revenir sur cette notion d’horizon : “la conférence ecclésiale, c’est l’horizon. Mais il ne faut surtout pas décider les choses d’en haut, ou d’Europe. Il faut pouvoir écouter et ça prend beaucoup de temps, mais c’est la seule façon. Les projets politiques européens sur la Méditerranée, il y en a eu beaucoup, mais… ils se sont arrêtés tous seuls“.
Mgr Aveline sur un bateau ?
“Pour 2025 l’idée c’est faire pour le jubilé un bateau école de la paix, qui partira de Barcelone si tout va bien […] avec 25 places à bord, 25 jeunes qui pourront en s’inscrivant vivre sur place, recevoir une formation, y compris aux enjeux de cette mer. Huit grandes escales – on est en pourparlers avec des universités pour que cette formation soit reconnue. Le bateau devrait partir de Barcelone début mars, et arriver à Marseille fin octobre, après être passé en Méditerranée occidentale, orientale… On aurait aimé qu’il puisse entrer en mer Noire, mais je ne crois pas que cela soit possible. C’est une expérience que nous sommes heureux de proposer“.
La toute nouvelle lettre pastorale de Mgr Scherrer, non moins récent évêque de Perpignan, d’où il a été transféré de Laval, aborde le sujet de la conférence ecclésiale de la Méditerranée elle aussi :
“En premier lieu, j’aimerais évoquer un événement exceptionnel qui dépasse largement les limites géographiques de notre département : celui des Rencontres Méditerranéennes qui se sont tenues du 17 au 24 septembre 2023 à Marseille. Plusieurs catholiques du diocèse y ont participé qui en sont revenus enthousiasmés, fortifiés dans leur foi. Quand un diocèse, par la voix et le cœur de son pasteur – le cardinal Jean-Marc Aveline, en l’occurrence – s’ouvre aux inspirations de l’Esprit, cela suscite une créativité missionnaire et pastorale extraordinaire jusqu’à nous offrir cet événement somptueux, un cadeau pour l’Église en France, bien au-delà des frontières de Marseille et de la Méditerranée.
Le pari du cardinal Aveline était audacieux : réunir soixante-dix jeunes, d’origines et de confessions diverses, venant des cinq rives de la Méditerranée (Afrique du Nord, Proche-Orient, mer Noire-Égée, Balkans et Europe latine) et de vingt-cinq pays pour un partage d’expériences et un échange d’idées. Un nombre équivalent d’évêques les ont rejoints dans un second temps, tous issus du pourtour méditerranéen également, pour deux jours de travail commun que le Pape François nous a fait l’honneur et la joie de venir clore lui-même. Et, autant le dire, ces échanges ont été d’une fécondité merveilleuse !
Les Rencontres méditerranéennes nous ont ouvert des pistes qu’il serait préjudiciable de ne pas explorer. Car leur intérêt est évident à plusieurs titres.
Y ont été abordées des thématiques aussi variées que les problèmes de pauvreté, d’éducation, de religion, de migration, d’écologie…, avec, en leur centre, la question du relationnel, des relations entre les « vivants » au sens large. Marseille est en ce sens une belle illustration du « tout est lié » du pape François, la ville s’offre comme un laboratoire privilégié de l’écologie intégrale.
Tout en promouvant la culture du dialogue, ces Rencontres méditerranéennes ont démontré à l’envi que le labeur missionnaire ne pouvait être fructueux qu’à la condition d’être ancré profondément au cœur des problématiques réelles que rencontrent et vivent nos contemporains. C’est tout l’intérêt en particulier qu’a pu offrir, durant ces Rencontres, le village d’associations installé sur l’esplanade de la Major, lequel a réuni un nombre impressionnant d’acteurs de la solidarité engagés diversement dans l’accompagnement des personnes en situation de précarité. Autant d’initiatives heureuses qui peuvent inspirer avantageusement nos pastorales diocésaines ou paroissiales, en les aidant à sortir de l’ornière du cloisonnement, des réflexions hors sol, des propositions de formations peu ajustées, parfois, aux attentes et aux besoins d’aujourd’hui.
Et c’est ce qui a éveillé, dans l’esprit du cardinal Aveline, le projet d’une Conférence ecclésiale de la Méditerranée dont l’objectif justement est de prolonger ces partages d’expérience entre Églises-sœurs pour une fertilisation croisée des idées et des ressources. Et je mesure, là encore, l’avantage évident que ce projet représente pour notre diocèse des Pyrénées-Orientales, terre de métissage, s’il en est, qui s’offre comme un microcosme de tous les défis contemporains évoqués plus haut. Aussi, je forme le vœu que nous puissions, en Église diocésaine, explorer des pistes pour prolonger localement ce bel événement”.
Conférence ecclésiale de la Méditerrannée qui aurait aussi, certainement, le bénéfice de ne pas dépendre de la CEF française et d’être tout aussi, voire plus – car supranationale – représentative. Encore faut-il que ce projet se concrétise… passé les annonces dans la presse en 2023, silence radio…
Excusez moi de mon tropisme terre à terre, mais cette “créativité missionnaire et pastorale extraordinaire”, ça fait combien de vocations nouvelles dans les séminaires et les ordres religieux ?