La figure de Mgr Tissier de Mallerais peut rappeler une chose: ce contexte ecclésial tendu entre le Saint-Siège et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X qui se traduisit par différentes démarches et initiatives, mais que l’on tend à oublier malgré certains traits communs entre notre époque et les années climatériques (1976, 1988…). Mgr Tissier de Mallerais fut l’un des quatre évêques ordonnés sans mandat pontifical le 30 juin 1988. Malgré la notoriété de la Fraternité Saint-Pie X, ces circonstances tendent à être oubliées, notamment de la part de fidèles qui n’ont pas connu le contexte de 1988.
Un catholique rebuté par la crise de l’Église
Mgr Tissier de Mallerais a fait partie de cette première génération qui a rejoint Mgr Lefebvre et la Fraternité Saint-Pie X alors naissante, lors de la fondation du séminaire d’Écône. Engagé dans le scoutisme, il appartenait à une famille parisienne très catholique. L’arrière-arrière-grand-mère de Mgr Tissier de Mallerais était la sœur de sainte Émilie de Rodat. Après des études de biologie, le jeune Bernard Tissier de Mallerais songe au sacerdoce, mais la crise de l’Église qui bat son plein à la fin des années 1960 rend perplexe sur les institutions capables de former des prêtres. Les expériences les plus folles ont cours et on ne peut que regretter que ce caractère délirant soit ignoré aujourd’hui dans un contexte où la crise de l’Église tend malheureusement à être “invisibilisée” (le rapport Sauvé passe trop facilement sur cette période calamiteuse).
Il rejoint d’abord le convict de Fribourg. Il fait ensuite partie des neuf qui firent la première rentrée en 1969 à Écône, nouveau séminaire ouvert dans le Valais, mais se retrouva seul à la fin de la même année avec l’abbé Aulagnier. Il demeurera fidèle à Mgr Lefebvre et publiera en 2002 une biographie qui fait encore date, y compris chez les historiens de l’Église et même ceux du fait religieux.
Ordonné le 29 juin 1975, l’abbé Tissier de Mallerais sera l’un des professeurs au séminaire d’Écône et, à la suite du départ soudain du corps professoral, il deviendra même le directeur, fonction qu’il exerça jusqu’en 1983 avant d’être remplacé par l’abbé Lorans. Constamment, la FSSPX sera confrontée à des crises et à des secousses, tout en se développant en France et à l’étranger, au point d’aboutir à un réseau de prieurés, de chapelles et d’écoles. Au cours des années de plomb, si l’on excepte quelques prêtres ayant gardé une pastorale classique (messe traditionnelle, etc.), la FSSPX a été la seule communauté à proposer une “offre” traditionnelle. Par la suite, l’offre s’étoffera progressivement avec l’apparition des communautés Ecclesia Dei et une libéralisation, parfois délicate, du missel traditionnel. Il existe malgré tout un réseau, dont on a peine à imaginer qu’à certaine époque, il était absent.
Hostile aux sacres, mais fidèle à Mgr Lefebvre
Secrétaire général de la FSSPX de 1974 à 1979 et à nouveau entre 1984 et 1996, l’abbé Tissier participa en cette qualité à Notre-Dame du Pointet à la réunion avec les communautés amies de la fraternité pour aborder la question des sacres imminents. Au cours de cette réunion qui se tint à la fin du mois de mai 1988, il avait fait part de son hostilité aux sacres, préférant donner vie au protocole d’accord du 5 mai 1988, dont la légende fait croire qu’ils ont été reniés le lendemain de leur signature. Mgr Tissier de Mallerais a été, avec l’abbé Laroche, l’un des deux négociateurs dudit protocole. La période qui suit la signature du protocole d’accord et les sacres est beaucoup plus complexe qu’on a voulu le prétendre. L’abbé Tissier de Mallerais suivra cependant Mgr Lefebvre dans son choix des sacres et il recevra la consécration épiscopale le 30 juin, à Écône. Il confirmera et ordonnera régulièrement des prêtres dans cette communauté. On le verra au séminaire Écône tous les 29 juin, mais aussi à l’étranger.
Certains gloseront sur l’excommunication relevée par Rome le 2 juillet 1988. Mais on rappellera que ces excommunications ont été levées par le pape Benoît XVI en janvier 2009 et que son successeur a sérieusement déverrouillé l’étau canonique qui pèse sur la fraternité, que ce soit notamment pour les confessions ou les mariages. Dans l’Église actuelle, la Fraternité dispose d’un statut certes incomplet, mais qui écarte toute idée d’état d’apesanteur canonique.
Par la suite, Mgr Tissier de Mallerais a été plus critique sur tout rapprochement avec Rome, préférant mettre en cause la perspective d’un accord, mais sans pour autant quitter la FSSPX. Aujourd’hui, la Fraternité ne comprend plus que deux évêques sur les quatre ordonnés le 30 juin 1988. Même si ces derniers sont en bonne santé et que la mission épiscopale au sein de la Fraternité peut être assumée par eux, il est probable que la nécessité de nouveaux sacres se posera. Néanmoins, on peut envisager une issue sereine, qui tient à différentes raisons.
D’un naturel discret et peu bavard, Mgr Tissier de Mallerais a été l’un des témoins de cette époque fondatrice, mais méconnue.
Quoi qu’il en soit, la FSPPX par les temps (mauvais) qui courent, ferait bien de procéder à de nouveaux sacres d’évêques.
Pas besoin de faire un dessin pour justifier cela.
L’idéal serait que les choses se passent de concert avec les autorités. Un sacre épiscopal ne peut être une démarche unilatérale, juste destinée à se “venger” de la prévarication des uns et des autres, fût-elle au sommet.
On sacre parce qu’il y a nécessité objective de pourvoir aux ordinations, aux confirmations… Les sacres de 1988 ont été abusivement présentés comme une réaction à la crise de l’Eglise, ce qui fait oublier les raisons pratiques qui ont aussi présidé à leur choix. Il faut aussi songer aux conséquences “annexes” d’une démarche précipitée. Notons que dans le communiqué de la Fraternité, Mgr Tissier de Mallerais est qualifié d'”évêque auxiliaire”.
Le sacre d’évêque n’est pas une décision qui doit se faire à l’aune d’un mouvement de colère: il est juste animé par le souhait de perpétuer l’assistance sacramentelle dans l’Eglise. C’est une décision prudentielle. Et si l’autorité donne son accord, on ne pourrait que s’en réjouir.
Mgr Lefebvre a sauvé la foi catholique (NOTA: l’affirmation reste téméraire et c’est la foi – et la charité – qui nous sauve), le sacerdoce et la messe en fondant la fraternité St Pie X et en sacrant des évêques.
Mgr Lefebvre a été le Saint Athanase du 20ème siècle.
Benoit XVI a “levé” des “excommunications” invalides
Quant à l’avenir il passera obligatoirement par de nouveaux sacres épiscopaux (M l’Abbé de Jorna en parle dans la dernière lettre aux amis et bienfaiteurs).
La grande question est de savoir pourquoi les intéressés n’ont eu de cesse de demander la levée d’excommunications « invalides ».
Mgr de Galeretta, de passage à Bordeaux il y a quelques années, a parlé de la question des sacres devant tout le monde :
Il y aura de nouveaux sacres quand les évêques ne seront plus que deux ( nous y sommes).
Ils se feront , que Rome soit d’accord ou non.
TD a bien parlé.
Comme dirait saint Jean Paul II, “n’ayez pas peur”, chère Fraternité!
Et puis :”ne tardez pas à être de vrais successeur si de Mgr Lefèbvre, lui-même successeur de saint Athanase”.
Que Monseigneur Tissier de Mallerais repose en paix.
Qu’il intercède auprès de Dieu pour que la FSSPX puisse continuer à grandir et confirmer ce que Monseigneur LEFEBVRE a pu défendre toute sa vie.
Vive la FSSPX et vive la Tradition!
MJMVAAB En réalité les supérieurs de la Fraternité St pie X ne demandaient pas la levée des fausses “excommunications” mais leur annulation ce qui est tout à fait différent.
Mais la seule chose qu’ils ont obtenue est une “levée”. Benoit XVI ne voulait pas faire davantage.
Pour que la lumière continue de briller au milieu des ténèbres … quatre prochains sacres d’évêques par les évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X qui s’agrandit et pour l’Eglise dans le monde. Prions et remercions le Seigneur.
Mgr Tissier de Mallerais a du rejoindre Mgr Marcel Lefebvre et Mgr de Castro-Mayer au ciel près du Bon Dieu.