Dans son éditorial de Nouvelles de Chrétienté (n°214, Juillet-Août 2025), l’abbé Alain Lorans, FSSPX, évoque le 4è anniversaire du Motu Proprio Traditionis custodes :
Il y a quatre ans, le 16 juillet 2021, paraissait le Motu proprio Traditionis custodes qui restreignait de façon drastique la possibilité de célébrer la messe tridentine, pourtant reconnue le 7 juillet 2007 par le Motu proprio Summorum Pontificum. Deux vaticanistes, l’Américaine Diane Montagna et l’Italien Saverio Gaeta, publient pour la première fois, en ce début de mois de juillet, les principaux résultats d’une consultation ordonnée par le pape François en 2020, dans les diocèses du monde entier, sur la célébration de la messe traditionnelle.
Le rapport final de cette enquête comporte une « évaluation globale » formulée par la section de la Congrégation pour la Doctrine de la foi en charge de la consultation. Elle n’a pas été publiée jusqu’à ce jour, parce qu’elle est « radicalement aux antipodes des décisions prises ensuite par le pape François » avec Traditionis custodes, comme l’écrit le vaticaniste Sandro Magister sur Settimo Cielo du 9 juillet 2025. En effet, on peut y lire :
« Une constante remontée par les évêques, c’est que ce sont en fait les jeunes qui découvrent et choisissent cette liturgie ancienne. La plus grande partie des groupes stables présents dans la sphère catholique se compose de jeunes, ainsi que de jeunes convertis à la foi catholique ou qui y reviennent après un temps d’éloignement de l’Eglise et des sacrements. Ils sont fascinés par la sacralité, le sérieux, la solennité de la liturgie. Ils sont plusieurs à constater [en eux], notamment à cause d’une société excessivement bruyante et bavarde, la redécouverte du silence dans l’action sacrée, les paroles concises et essentielles, une prédication fidèle à la doctrine de l’Eglise, la beauté du chant liturgique, la dignité de la manière de célébrer : un ensemble qui attire beaucoup. »
Ce constat n’a pas convaincu François puisqu’il a pris la décision de transformer les évêques en « Traditionis custodes », non pas en « gardiens » fidèles, mais « geôliers » sévères de la Tradition. On comprend aisément son interdiction de publier les résultats de cette enquête et surtout sa volonté de restreindre autoritairement la célébration de la messe tridentine. Car, pour lui, le vrai constat est là : cette messe est dangereuse, contagieuse ; elle attire les jeunes !
Jusqu’à présent on pensait que la disparition de la liturgie traditionnelle se ferait lentement mais sûrement, sociologiquement et démographiquement… Elle s’éteindrait avec la génération des attardés inaptes à s’adapter aux nouveautés conciliaires. Mais cette enquête de 2020 montre qu’un demi-siècle après la promulgation de la messe méthodiquement réformée par Mgr Annibale Bugnini, la messe de saint Pie V attire encore et beaucoup ! Qu’elle exerce une attraction sur des jeunes et des jeunes convertis ! Qu’elle les « fascine » par sa sacralité, son sérieux, sa solennité !
Que fera Léon XIV face à ce fait constaté au terme d’une enquête auprès des évêques du monde entier, et corroboré par le nombre,
chaque année croissant, de jeunes convertis qui demandent le baptême dans les églises et chapelles de la Tradition ?Abbé Alain Loran