La Croix publie un article sur la nouvelle vie des églises – et chapelles – désaffectées, vendues et reconverties; un sujet qui suscite de fortes crispations dans la société, même s’il représente une part marginale des édifices religieux – cependant, beaucoup plus sont désaffectés de fait et à l’abandon, notamment au milieu d’anciens hôpitaux ou couvents qui ont été reconvertis, d’établissements scolaires qui n’en ont plus l’usage, voire de paroisses urbaines ou rurales qui n’arrivent plus à faire vivre tous leurs clochers. S’ajoute à cela l’accélération de la fermeture des couvents en France et donc la vente de leurs bâtiments, y compris religieux. Même si vendre une édifice religieux peut parfois prendre des années, voire des décennies… ou échouer. A Bourges, le Bon Pasteur a finalement été racheté par la ville et rasé, sauf la chapelle qui est classée aux Monuments Historiques.
“En France, de telles reconversions d’églises désaffectées restent rares, contrairement aux pays nordiques ou anglo-saxons où la pratique se banalise. « Il y a une constante : une dizaine à une quinzaine d’églises – communales ou diocésaines – sont mises en vente chaque année. Mais, à côté, nous observons une hausse des cessions d’édifices religieux privés appartenant à des congrégations », explique Me Édouard de Lamaze, président de l’Office du patrimoine religieux (OPR).
Selon les derniers chiffres de l’Église, 255 églises – dont 140 communales et 115 diocésaines – ont ainsi été désacralisées ou vendues entre 1905 et 2015. « Cela représente 0,07 % du parc, et il n’y a pas d’accélération pour ces catégories », corrobore le père Gautier Mornas, secrétaire des états généraux du patrimoine religieux et responsable du département art sacré de la Conférence des évêques de France (CEF).
Une tendance marginale, bien que la forte médiatisation de certains cas ait pu fausser le regard sur l’ampleur réelle du phénomène. Comme lorsque le géant du fast-food KFC s’était positionné, en 2012, pour racheter une église de Meurthe-et-Moselle [diocèse de Nancy, qui a tenté de vendre plusieurs églises pour des usages profanes, et continue actuellement à faire polémique avec la vente envisagée d’une église à Joeuf, rénovée en quasi-totalité avec des fonds publics] , avant de rétropédaler devant le tollé national suscité.
Ailleurs, quelques anciens lieux de culte ont connu une seconde vie insolite : caves à vin, bars à chicha, salle d’escalade… À Angers, il est possible de danser dans la célèbre boîte de nuit La Chapelle. À Rennes, de se dépenser dans une ancienne église des clarisses reconvertie en club de fitness [rue Brizeux] – et dont le slogan d’ouverture, en 2017, « envoyez brûler vos calories en enfer », avait à l’époque heurté les communautés chrétiennes.
« En réalité, ces fameux usages profanes jugés “inconvenants” ou choquants concernent très largement des chapelles d’ultra-centres-villes, propriétés privées depuis des siècles de congrégations vieillissantes contraintes de vendre », rappelle Gautier Mornas”.