L’abbé Davide Pagliarani, Supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, a donné un entretien paru dans la revue « The Angelus », novembre-décembre 2024. En voici un extrait :
Vous parlez de nos évêques, et je crois que nous avons tous à l’esprit le triste décès de Mgr Tissier de Mallerais. Que représente ce départ pour la Fraternité ? Pouvez-vous nous dire quelles conséquences cela entraîne par rapport aux moyens dont la Fraternité dispose pour poursuivre sa mission ? Autrement dit, pour revenir à votre mi-mandat, quel est votre point de vue sur les six années à venir ?
Le décès de Mgr Tissier de Mallerais est un des événements les plus marquants de l’histoire de la Fraternité. C’est vraiment toute une page de notre histoire qui se tourne, et qui entre dans l’éternité. Mais quelle page magnifique ! Mgr Tissier était présent dès le tout début, dès les premières heures de l’épopée de Mgr Lefebvre. Il a vécu dans l’intimité de notre fondateur, partageant avec lui les joies et les peines qui ont accompagné la croissance de la Fraternité, jusqu’à être finalement choisi pour être l’un des quatre évêques qui lui ont succédé. Et toute sa vie aura été une vie de fidélité ardente et courageuse au combat de la foi, à la mission de la Fraternité. Pour l’Église, pour les âmes, jusqu’au bout. Il est allé même au-delà de ses forces. Sa générosité et son zèle l’ont emporté plus loin que ses pas ne pouvaient le porter. Il avait aussi une flamme unique pour nous entretenir de Mgr Lefebvre et de l’histoire de la Fraternité. Sa présence nous manque. Mais nous sommes fiers de Mgr Tissier de Mallerais. Fiers de notre évêque et de l’exemple qu’il nous laisse.
Alors bien évidemment, la Providence nous parle à travers cet événement. Il est très clair que ce décès soulève la question de la continuité de l’œuvre de la Fraternité, qui ne compte plus que deux évêques désormais, et dont la mission auprès des âmes apparaît toujours aussi nécessaire, dans les temps de terrible confusion que vit l’Église aujourd’hui. Mais cette question ne peut être traitée que dans le calme et la prière. À l’exemple de Mgr Lefebvre, la Fraternité se laisse guider par la Providence, qui a toujours indiqué clairement les voies à suivre et les décisions à prendre. Aujourd’hui comme hier, cette Providence nous conduit. L’avenir est dans ses mains, suivons-la avec confiance. Le moment venu, nous saurons prendre nos responsabilités, en conscience. Devant les âmes et devant les membres de la Fraternité. Devant l’Église. Devant Dieu. Demeurons dans la paix et confions simplement cela à Notre-Dame.
Quant à l’avenir, plus généralement, je souhaiterais vivement que ces prochaines années voient prêtres et fidèles donner une nouvelle importance à une question vitale : celle des vocations. Non seulement quant aux moyens d’attirer toujours davantage de nouvelles recrues au service du Christ, que ce soit dans la vie sacerdotale ou religieuse, mais aussi quant aux moyens de garantir la persévérance des vocations.
Et je crois que nous devons comprendre en particulier qu’il nous faut prier davantage. Oui, prier. Prier pour que Dieu envoie des ouvriers à sa moisson, car elle est abondante et qu’ils sont peu nombreux. Et prier pour remercier des vocations déjà reçues, car ces dernières années ont été très encourageantes à ce sujet. Mais l’idéal de la sainteté doit attirer toujours davantage les âmes consacrées, et susciter toujours plus d’attrait parmi notre jeunesse. Les âmes attendent. Elles ont soif. Elles ont besoin de légions d’apôtres. Et ces apôtres, pasteurs ou âmes contemplatives, Dieu seul les suscite. Il faut donc prier Dieu qu’il appelle, et que les âmes généreuses sachent s’ouvrir à sa voix pour y répondre fidèlement. Demandons spécialement cette grâce à la Vierge Immaculée, à Notre-Dame de Compassion, mère des prêtres et modèle des âmes religieuses.