Près de deux siècles après le premier calvaire érigé en 1831 en pleine épidémie de choléra, la croix qui marque l’emplacement de l’ancienne église de Saint-Léger du Houlley dans le Calvados a été restaurée par SOS Calvaires, et bénie le 24 mai dernier par l’abbé Jean-Luc Chaumoitre, de la paroisse Sainte-Thérèse en Pays d’Auge, en présence de 400 fidèles.
Le calvaire, explique la presse locale, » était fortement dégradé : socle envahi par la végétation et briques partiellement descellées, bois de la croix en décomposition, et statue du Christ rouillée et brisée par endroits« . Il a fallu l’investissement de deux habitants locaux, « Tony Jamous et Caroline Ducoin, et de deux associations : Ouilly-du-Houley (ODH) Patrimoine, maître d’ouvrage du projet, et S.O.S Calvaires. Près de 8 000 € auront été nécessaires pour refaire le socle intégralement en utilisant les briques d’origine, fabriquer une nouvelle croix, et réparer et repeindre la statue. De l’ancienne croix, il ne reste qu’un seul morceau de bois encore en bon état, qui a permis de réaliser un banc installé devant le calvaire ».
Dans sa publication sur les réseaux sociaux au sujet de cette restauration, SOS Calvaires écrit : « levez les yeux, contemplez les cieux et regardez ce qu’est la croix. La croix n’est pas juste un symbole. Elle est un repère. Une boussole dans la nuit. Le rendez-vous des coeurs et le patrimoine des hommes. Chaque calvaire raconte une histoire. Comme ce calvaire […] qui marque l’emplacement de l’ancien cimetière de saint Léger du Houlley et de son église, détruite en 1831« .
Comme l’indique le relevé des sources de la société historique de Lisieux, « Saint-Léger-du-Houlley était, avant 1790, une paroisse et communauté. Rattaché à Ouilly-du-Houley par Ordonnance du 28 décembre 1825, l’église« , dont la nef est en mauvais état dès 1775, « est détruite, le cimetière conservé« . Avant la Révolution, cette église dépendait de l’abbaye très lointaine de Saint-Laumer de Blois. Elle est citée en 1005 pour avoir reçu des reliques de saint Léger, puis au cours des XVIe,XVIIe et XVIIIe au fil des passations de la cure.
Le dernier curé de Saint-Léger du Houlley, qui avait prêté serment à la Constitution civile du clergé, avec des réserves, l’avait rétracté et était parti en exil en Angleterre : « M. Varin prêta serment le 30 janvier 1791, mais avec des restrictions qui ne furent pas admises : il fut destitué. Les habitants firent leur possible pour garder leur curé. Celui-ci touché de leurs démarches et de leurs prières, finit par céder, et, le 10 juillet, il prêta le serment pur et simple. Mais sa conscience bourrelée de remords ne lui laissa pas un instant de repos. Il déplora publiquement sa faiblesse et dès le mois de septembre, il se rétracta avec la plus profonde humilité. Il partit en exil l’année suivante et se retira en Angleterre à Gosport, chez Harring, King Street« . Dès lors, l’église n’est plus desservie et tombe en ruines.

