La SPPEF (Sites et Monuments) alerte sur les implications mortifères du programme Action Coeur de Ville à Bourges dont la municipalité veut, aux frais du contribuable, massacrer à la bétonneuse son patrimoine historique, en profitant d’un programme de “revitalisation” des centre-ville financés par l’Etat. Entre autres, l’ancien Carmel, reconstruit au XIXe pour le Bon Pasteur, puis devenu un foyer d’enfants du ministère de la Justice, et vide depuis des années, serait presque entièrement rasé.
Situé entre la gare et le centre historique, ce fut le premier Carmel de Bourges, jusqu’en 1792 : “les premières Carmélites arrivèrent à Bourges en 1617 et s’installèrent dans leur nouveau monastère en 1620, sur un terrain aujourd’hui desservi par l’avenue Jean Jaurès”, rappelle la SPPEF. “Les religieuses durent quitter leur couvent le 12 septembre 1792. Alors partiellement démoli, il fut reconstruit au XIXe siècles pour les sœurs du Bon-Pasteur. Le seul de ses trois ermitages du XVIIe siècle subsistant [1625] a récemment été inscrit au titre des monuments historiques. Les Carmélites revinrent s’installer en 1803 à Bourges, rue du Puits-Noir, où elles sont toujours.
Le monastère des carmélites de Bourges, devenu celui des sœurs du Bon-Pasteur, puis dévolu au ministère de la justice [qui l’a racheté au Bon Pasteur en 1968 pour prendre lui même en charge les jeunes filles confiées à la protection judiciaire de la jeunesse], a été racheté par la ville de Bourges en 2009 [lorsque le foyer a été reconstruit en neuf plus loin sur la parcelle] Situé au sein de l’enceinte médiévale, il a la particularité de marquer l’entrée dans la vieille ville dans un contexte urbain et naturel de grande qualité“, notamment l’ancienne abbaye Saint-Ambroix, devenue un hôtel-restaurant, qui marque la limite nord de la ville enclose. Depuis 2009, plusieurs projets ont capoté et les lieux sont vides, y compris la chapelle ouverte à tous les vents – mais efficacement protégée derrière un massif portail plus moderne.
“Le projet retenu, loin de réhabiliter les beaux bâtiments donnant sur l’avenue Jean Jaurès, s’apprête à les démolir en totalité, à l’exception, bien entendu, du minuscule ermitage du XVIIe siècle inscrit au titre des monuments historiques et, “peut-être”, d’une chapelle du XIXe siècle. En mars 2022, la ville expliquait ainsi : “Les constructions existantes, à l’exception peut-être de la chapelle, seront détruites, et les matériaux réemployés dans la mesure du possible. Les bâtiments seront construits sur micro-pieux, sans parking en sous-sol afin d’éviter des fouilles archéologiques dans un secteur dont l’occupation remonte au moins à l’époque gallo-romaine.” (Diagnostic du patrimoine architectural, urbain et paysager de Bourges, mars 2022, p. 45). Les constructions prévues, en rupture de l’urbanisme existant, seraient placées en recul de l’alignement des façades de l’avenue, destructurant ainsi l’urbanisme de l’ensemble du quartier”.
Tout ça pour remplacer l’existant par des constructions neuves d’une banalité saisissante (photo). Pendant que certains rêvaient de Pontigny, sous leurs yeux, un ensemble de bâtiments dont le gros oeuvre est globalement en bon état, mais qui a le seul tort d’être moins prestigieux, était livré à l’abandon et l’est maintenant à la démolition.
les jeunes délinquants récupérables pourraient y être ré-insérés, s’il y avait des ateliers crées de travail manuel. quand je regarde les reportages sur les ouvriers de toutes sortes qui travaillent à la reconstruction de Notre Dame de Paris, et ailleurs, ce serait possible.
réponse à Gabrielle
Vous avez mille fois raison,ces bâtiments pourraient être restaurés,si ce n’est par des délinquants,par des associations caritatives ,et ainsi redonner vie à tout un patrimoine historique et religieux ,mais sans aucun doute des élus trouvent-ils un intérêt personnel à massacrer ce quartier de la ville ancienne!
Je remarque que les religieuses du Bon-Pasteur ont cédé leur propriété en 1968 à la municipalité,la date à son importance,pourquoi n’ont-elles pas fait appel à une autre communauté religieuse,ou bien à une association laïque catholique?
L’ouverture au monde du concile, a souvent donné lieu au passage d’oeuvres religieuses à des associations non confessionnelles ,voire athées.
Bonjour Monsieur
Les religieuses ont cédé l’établissement en 1968 – où elles accueillaient des mineures confiées à la protection judiciaire de la jeunesse, la PJJ, au ministère de la justice, dans un contexte particulier – post-1968, établissement pilote, volonté de rompre avec des méthodes qui ne seront dénoncées en vrac que bien plus tard.
C’était en réalité un établissement qui allait plus mal que les autres, démonté par une inspection interne en 1963, et que les sœurs avaient mis en vente dès 1966.
Le foyer existe toujours, mais en neuf au fond de la parcelle, avec une servitude et des communs du côté historique. Les bâtiments, abandonnés en 1992, repris par la municipalité, ont failli être vendus deux fois, le dernier projet étant planté par le Covid. Entre temps ils ont été bien murés pour les protéger.
Quand on voit les photos quel travail de rénovation ! C’est beaucoup d’argent
Tout est vandalisé