Il n’est pas rare d’entendre ou de lire les grands médias parler de la soutane et d’autres expressions traditionnelles de la vie catholique quand ils traitent des prêtres ou des religieux. Pour une partie de nos contemporains, c’est un peu comme si Vatican II et ses suites n’avaient pas eu lieu. Comme si 1965 n’existait pas, alors que cette année a été la marque d’une rupture dans le monde ecclésial. Comme si, enfin, la réforme liturgique ou celle du catéchisme n’existaient pas… Bien sûr, il y eut des exceptions à des changements, soit de nature individuelle, soit de nature collective. Mais la tendance générale fut bien celle d’un gommage de ce qui est traditionnel.
Pour la presse profane et le grand public, la crise de l’Église n’existe pas (sauf celle des abus sexuels)
Mais pour certains de nos contemporains (et ils sont nombreux), la crise de l’Église n’existe pas – sauf celle relative aux abus sexuels. En gros, l’Église, c’est encore celle de Pie XII (ou de Pie X !), avec des séminaristes que l’on imagine porter la soutane et des évêques qui fulminent toujours en chaire. C’est encore une Église qui parle du péché ou de l’enfer, alors que ces sujets ont disparu des prédications. Il faut juste quelques événements officiels – une visite à Rome ou à l’étranger – pour que soudainement, des prélats et des prêtres se mettent à porter la soutane. Comme ici en Égypte, lors d’un récent déplacement organisé en présence de l’Œuvre d’Orient.
Mais les instituts traditionnels restent une exception assez microscopique dans la grande masse du clergé. Même si la soutane se répand, elle est encore loin d’être portée. Elle ne l’est pas massivement, et c’est peut-être ce qui semble échapper.
Beaucoup de religieux ne portent plus la soutane… sauf pour le Canard enchaîné !
Quand dans un article publié aujourd’hui le Canard enchaîné traite de la Commission reconnaissance et réparation (CRR) – l’institution destinée à indemniser les victimes d’abus commis par des religieux -, on est surpris de lire que les salésiens de Don Bosco sont décrits comme des “hommes en soutane”. Sauf que lesdits salésiens ne la portent guère, y compris à l’étranger. Bien au contraire, l’habit civil s’est répandu dans le clergé régulier. Cet article n’a pas vocation à traiter de ce phénomène, ni même d’examiner le bien-fondé de ce qui affirme avoir été indemnisé, mais de rappeler qu’il existe beaucoup de fausses perceptions de la part du grand public et de la presse sur l’analyse des faits ecclésiaux.
Si on se promène sur le site des Salésiens de Don Bosco (SDB), on découvre que la soutane n’est pas l’habit normal des religieux – encore une fois, nous ne discutons pas du bien-fondé de la tenue. En effet:
Bref, offrons au Canard l’ouvrage de Guillaume Cuchet qui aborde ce qui s’est passé aux alentours de 1965 dans l’Église de France:
L’abandon de la soutane est une des conséquences de la laïcisation des prêtres à la suite de Vatican II.
Je ne sais ce que dit le journal dont vous parlez mais l’abandon de la soutane a été une des multiples trahisons du clergé moderniste.
Je pense que beaucoup d’anticléricaux ont une image complètement datée du catholicisme, souvenirs d’enfance ou image de don Camillo en soutane et des bonnes soeurs en cornette des Gendarmes de St Tropez, vu que ces gens ne fréquentent guère les paroisses ; même chose pour la vision des écoles catholiques qu’ils s’imaginent avec des frères en soutane et rabat, avec messe tous les matins, catéchisme par coeur, et bénédicité au réfectoire. Je remarque aussi que dans les films les prêtres portent beaucoup plus le col romain que dans la réalité, et qu’on y voit des religieuses voilées qui ont presque disparue dans la réalité, en dehors des abbayes, le voile étant plutôt celui des musulmanes.
En tout cas, cela montre bien que la soutane permet une visibilité ; aujourd’hui elle n’est plus réservée aux tradis et alors que les derniers vieux prêtres diocésains qui étaient restés fidéles à la soutane sont décédés, la jeune génération prend la relève. Dans des paroisses de plus en plus étendues, le prêtre en civil n’est connu que des pratiquants alors que celui en soutane, au au moins en clergyman, est indentifié par l’ensemble de la population.
Une très juste réflexion !
En gros, donc, l’habit fait le moine.