Fondé en 1983 par des jésuites québecois, le Centre Justice et Foi a suspendu brutalement ses activités le 22 mars, ainsi que sa revue Relations, trimestrielle, qui date, elle, de 1941. Tout le personnel est mis à pied, avec l’espoir de “les réembaucher le plus vite possible“, et ce pour des raisons financières.
Le média catholique québecois Présence Info indique : “les travaux d’analyse sociale que mène le CJF depuis 41 ans sont suspendus «jusqu’à nouvel ordre», et cela à partir de demain, le vendredi 22 mars. Plus tôt cette semaine, dix employés – le CJF en compte douze – ont été convoqués et ont appris qu’ils étaient mis à pied temporairement.
»Ce geste est devenu nécessaire pour permettre au Centre de redéfinir son positionnement et ses priorités, le tout en fonction de ses effectifs humains et financiers et dans le contexte de sa mission», explique le conseil d’administration dans une note qui devrait paraître aujourd’hui à la une du site Web du CJF et que Présence a obtenue.
«On souhaite que la durée de la suspension et des mises à pieds soit la plus courte possible», insiste le jésuite Peter Bisson, le vice-président du conseil d’administration.
Tous les dirigeants bénévoles du CJF «s’affairent au renforcement de la vision du Centre et veulent assurer sa pérennité», ajoute-t-il.
Le père Bisson explique que les défi financiers auxquels fait face le CJF sont importants. «Les dépenses du Centre ont augmenté davantage que ses revenus et, récemment, deux membres stratégiques de l’équipe, la directrice générale et la comptable, ont obtenu des arrêts de travail*. Tout cela rend très difficile la gestion quotidienne du Centre.»
Dans les colonnes du même média, une ex-directrice brocarde une “décision insensée” de la part des jésuites québecois. «Malheureusement, ni le bon sens, ni les arguments pourtant remplis d’un sens aigu de la responsabilité, ni le souci d’agir pour éviter d’entacher la réputation du CJF et celle des jésuites, ni le rappel des principes de justice de base n’ont eu raison de l’intransigeance des représentants du conseil d’administration» qui ont rencontré mardi le personnel du CJF, de son secteur Vivre ensemble (enjeux d’immigration et de pluralisme) et de la revue Relations.
Et de constater, dépitée, que des employés qui ont travaillé 18 ou 25 ans à des questions assez éloignées du quotidien de l’Eglise catholique locale, en plein déclin, soient suspendus du jour au lendemain sans indemnités.
Cependant, une question reste ouverte : à quoi servait vraiment le centre Justice et Foi ?
Un indice : faute de vocations et de troupes, au printemps dernier les deux provinces – anglophone et francophone – des jésuites au Canada avaient fusionné.