Faute de vocations en nombre suffisant, la province francophone jésuite disparaît au Canada, fusionnée avec la province anglophone. Encore un résultat du “printemps de l’Eglise” depuis Vatican II.
“Il est bien lointain, le temps des martyrs canadiens et des collèges où les jésuites formaient l’élite du Québec. La Province jésuite du Canada français cessera dans un an et demi d’avoir une existence propre, à la faveur d’une fusion avec les jésuites du Canada anglais. C’est d’ailleurs un Néo-Brunswickois qui a été choisi comme prochain patron des jésuites québécois, l’automne dernier.
L’automne dernier, Erik Oland a été nommé « provincial » des jésuites du Canada français. Un quart acadien par sa mère, il dirige depuis huit ans le noviciat où habitent durant leur formation les futurs jésuites, à Montréal. Durant cette période, il a vu passer plus d’une vingtaine de novices, dont un seul Québécois de souche.
« Pendant trois ans, dans les années 60, il y avait tellement de jésuites au Québec qu’on a fait deux provinces pour le Canada français, explique le père Oland, en entrevue à Montréal. Je préfère parler de création d’une nouvelle province plutôt que de fusion. C’est un phénomène mondial. La France formera une nouvelle province avec la Belgique wallonne et aux États-Unis, on passera de dix à quatre provinces. »
Au Canada, ce mariage des deux solitudes est aussi l’union du passé et de l’avenir. « Le mouvement de sécularisation au Québec est beaucoup plus fort », explique Jean-Marc Biron, l’actuel provincial du Canada français, qui demeure en poste jusqu’en mars.
« Au Canada anglais et aux États-Unis, le catholicisme est une religion minoritaire qui s’est développée de manière plus défensive. L’objectif a longtemps été de conserver la foi et la culture. »
Les jésuites ont longtemps été associés au pouvoir et à l’élite, mais en 1975, les jésuites du Québec ont abandonné les collèges (à l’exception de l’Université de Sudbury) pour se consacrer aux laissés-pour-compte, par exemple, la Maison Dauphine pour les jeunes de la rue à Québec. C’est peut-être la seule province jésuite au monde à avoir abandonné le domaine de l’éducation. La province du Canada anglais, qui compte presque deux fois plus de membres, est toujours active en éducation, notamment avec l’école secondaire Loyola à Montréal“.
Du reste, il n’y a pas qu’au Canada que les Jésuites déclinent : “la France formera une nouvelle province avec la Belgique wallonne et aux États-Unis, on passera de dix à quatre provinces“.
Le renouveau de l’Église dont parlais Mgr Roche, certainement.