Paix Liturgique, dans une de ses dernières lettres, s’intéresse au très progressiste Mgr Gmür, évêque d’un diocèse de Bâle parmi les plus étendus de Suisse et à qui les idées et les propos très progressistes, voire hétérodoxes de son évêque ne profitent pas du tout.
“Le plus grand diocèse de Suisse est peut-être aussi celui où le catholicisme est de la manière la plus évidente en voie de disparition. Le nombre de sorties d’Église – comme dans le reste de la Suisse – y est en hausse constante depuis dix ans. En 2022, les cantons de Bâle-Ville, Argovie et Soleure qui font partie du diocèse de Bâle étaient ceux qui connaissaient le plus de sortie d’Église en Suisse avec respectivement le départ de 3 catholiques sur 100, 2.7 et 2.2 – sachant qu’il y a en Suisse 32 sorties d’Église pour une entrée. En 2021 selon les statistiques (Riposte Catholique 7/11/2022) 3.6 % des catholiques avaient quitté l’Église en Argovie et 2.4% à Soleure pour une moyenne suisse de 1.5%. Le nombre de baptêmes a baissé de près d’un tiers dans le diocèse de Mgr Gmür en dix ans (5792 en 2022 contre 8000 en 2012), selon les statistiques officielles.
Mgr Felix Gmür, l’évêque qui veut abolir le célibat ecclésiastique et permettre l’ordination des femmes
« Le temps est venu d’abolir le célibat obligatoire», déclarait Mgr Gmür dans la NZZ am Sonntag, le 24 septembre dernier, qui a aussi déclaré être favorable à l’ordination sacerdotale des femmes.
On parle souvent des dérives de l’Église d’Allemagne et de son caractère moribond. Mais nos voisins catholiques belges ne sont guère mieux lotis, de même que les catholiques suisses. Plus que des syndics de faillite, comme un certain nombre d’évêques français, il s’y trouve des évêques qu’on peut qualifier de démolisseurs. C’est le qualificatif qui vient naturellement quand on pense à Mgr Felix Gmür, 57 ans.
Il a été pour partie formé en France, au Centre Sèvres, la très progressiste université jésuite, puis à Munich, et après son ordination, en 1999 pour le diocèse de Bâle, à l’Université grégorienne à Rome. Secrétaire général de la conférence des évêques suisses en 2006, il devint évêque de Bâle en 2010, en remplacement du très classique Mgr Kurt Koch, appelé par Benoît XVI à présider le Conseil pour l’Unité des Chrétien. Et en 2019, il devient président de la Conférence des Évêques suisses.
Mgr Gmür président du Fonds Catholique Suisse de Carême, une association pro LGBT
Mediapresse Infos relève en 2015 que le Fonds catholique suisse pour le Carême, quelque chose comme le CCFD français au temps de sa prospérité, a financé un documentaire sur des « catholiques » LGBT africains afin de marginaliser la voix des évêques africains lors du synode pour la famille : « Le Fonds Catholique Suisse de Carême (Fastenopfer, en allemand) et une importante fondation américaine financent un organisme de lobby LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) pour un projet visant à faire taire les évêques africains lors du Synode consacré à la Famille qui se tiendra au Vatican en octobre. Fastenopfer est une fondation catholique de développement qui traditionnellement récolte des fonds durant le carême. L’évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür en est son actuel président et deux membres de la Conférence épiscopale suisse en sont membres.
Michael Brinkschroeder, qui était co-président de ce Forum européen des groupes LGBT chrétiens, a signalé que l’aide de Fastenopfer s’élevait à environ 15.300 dollars. « Réagissant à l’influence extrêmement négative des évêques de l’Afrique de l’Ouest sur le document final du Synode sur la famille, nous considérons qu’il est important de présenter les voix des catholiques LGBT de cette région pour obtenir une plus grande attention », écrit le Forum européen des groupes LGBT chrétiens dans son rapport d’activités 2014/2015.
D’ailleurs, en 2019 il est distingué par le lobby « catholique » LGBT américain New Ways Ministry car il approuve les bénédictions pour les couples LGBT à l’église et l’égalité législative entre « mariage » homosexuel et mariage hétérosexuel. Hansruedi Huber, porte-parole du diocèse de Bâle, a affirmé le travail des législateurs civils suisses pour légaliser l’égalité du mariage. Le Luzerner Zeitung a cité Huber disant : « Nous saluons les réglementations proposées qui donnent aux partenariats homosexuels une couverture juridique stable et fiable. Il est important pour nous que les enfants qui grandissent dans des partenariats homosexuels bénéficient d’un cadre juridique qui sert l’intérêt supérieur de l’enfant. » Huber a approuvé les bénédictions de l’église pour ces couples à condition qu’elles « diffèrent dans le contenu et la forme du mariage à l’église ». Quant à Mgr Felix Gmür, il a suggéré que même si les mariages sacramentels et civils devaient rester séparés, l’Église devait « trouver des moyens significatifs pour impliquer les couples de même sexe »
En août 2023, le site de l’église catholique de Lucerne indiquait que pour la seconde année de suite, les Églises catholiques seront présentes à la gay pride de Suisse centrale (RC 11/9/2023) : « Une Bible queer sera notamment créée pendant la semaine de la Pride dans la chapelle saint Pierre. Les églises lucernoises apportent également une touche arc-en-ciel à la Pride ». En effet, « sous la devise ”Dieu aime la diversité” elles participeront au cortège de la manifestation du 26 août à travers le centre-ville […] pendant toute la semaine de la Pride, à partir du 21 août, la chapelle saint-Pierre accueillera diverses manifestations œcuméniques traitant de thèmes et de questions queer […] la Pride de Suisse centrale est un événement important qui réunit des personnes de la communauté LGBTIQ pour célébrer l’importance de l’acceptation, de l’égalité et du respect, explique le théologien catholique romain Meinrad Furrer, recteur de la chapelle Saint-Pierre »
Ordination de prêtres mariés, ordination de femmes
Et le 24 septembre 2023, Mgr Gmür, dans une interview de la NZZ am Sonntag, a déclaré notamment que « le temps est venu d’abolir le célibat obligatoire». Il s’agissait de l’ouverture d’une opération de communication de l’Église catholique en Suisse après la révélation d’abus sexuels, vrais ou supposés, notamment d’une enquête de l’Université de Zurich qui a mis au jour plus de 1000 cas d’abus depuis 70 ans dans ce dernier diocèse, y provoquant une forte hausse des sorties d’Église.
Contre-feu ? Mgr Gmür a en effet été accusé cette même année 2023 de non-dénonciation d’abus sexuels dans son diocèse. Il est cependant peu probable que les médias l’absolvent en raison de ses déclarations progressistes.
« Le principe du célibat consiste à dire : “je suis disponible pour Dieu”. Mais je crois que ce signe n’est plus compris par la société aujourd’hui», affirme Mgr Gmür dans la NZZ am Sonntag. « Si le président de la Conférence des Évêques suisses (CES) a toujours été proche de ces positions progressistes, il ne les avait encore jamais si nettement soutenues. La clarté des propos va dans le sens d’une démarche d’ouverture des évêques suisses suite aux affaires liées aux abus sexuels », affirme Cath.ch. La CES avait également invité, le 20 septembre dernier à Zurich, un journaliste par région linguistique, issus de grands organes de presse. Mgr Gmür, Mgr Joseph Maria Bonnemain (évêque de Coire) et Mgr Alain de Raemy (administrateur apostolique du diocèse de Lugano) ont assuré aux journaux Le Temps, Neue Zürcher Zeitung (NZZ) et Corriere del Ticino, qu’un « changement culturel profond » traversait l’Église catholique en Suisse. « Le temps où le prêtre était un demi-dieu est révolu», a affirmé Mgr Gmür.
Les trois évêques ont également relevé le besoin d’évolution sur le plan de la morale sexuelle. Outre la fin du célibat obligatoire, Mgr Gmür s’est ainsi déclaré favorable à l’ordination des femmes. «Je ne comprends pas la subordination des femmes dans l’Église catholique. Elle doit changer», a-t-il assuré dans la NZZ am Sonntag.
Une subversion pratique : les agents pastoraux
Comme le relevait Riposte Catholique le 16 juin 2023, dans le canton de Bâle il est désormais habituel que des laïcs (des agents pastoraux payés – grassement – par l’Église pour faire le catéchisme, gérer, enterrer, prêcher) exercent de plus en plus communément des fonctions sacerdotales : ils prêchent, célèbrent la liturgie de la Parole en se substituant totalement à la Messe, baptisent, célèbrent des mariages.
Une association de fidèles, Vera Fides, émue par ces abus liturgiques, a écrit au Dicastère du culte divin, « les théologiens laïcs sont nommés par les évêques à la tête des paroisses, ce qui n’est pas correct selon le droit canon. Cela leur donne la possibilité de prêcher dans les paroisses au cours de la messe ou d’abolir complètement la sainte messe en la remplaçant par des services de la parole ». Et de noter que « tout cela a entraîné une énorme perte de Foi dans ce diocèse et de nombreuses personnes ont quitté l’Église. Près de la moitié des paroisses du diocèse de Bâle n’ont plus de messe dominicale, mais seulement la célébration de la Parole avec distribution de la communion. »
Dans le diocèse voisin de Coire, l’« agente » pastorale zurichoise, Monika Schmid a concélébré, et même présidé une concélébration, le 28 août 2022. On dit qu’elle n’a pas tenté de consacrer, mais rien n’est sûr. Le nouvel évêque de Coire, Mgr Bonnemain, n’a pu faire moins que de donner un « avertissement », mais en constatant que, selon lui « aucune violation liturgique grave, dont le jugement serait réservé au dicastère du Vatican pour la doctrine de la foi, n’a eu lieu lors de cette célébration. » Ouf !
Un loup déguisé en agneau…
“Je frapperai le berger et le troupeau sera dispersé”
Mgr Strickland, évêque émérite de Tyler au Texas est évidemment infiniment plus catholique que ces énergumènes que le pape François doit trouver à son goût puisqu’ils continuent allégrement et impunément à dévoyer la tradition millénaire de l’Église. Luther était petit joueur en comparaison …