Après le rassemblement national des séminaristes début décembre 2023 à Paris et l’enquête sur le profil des séminaristes diocésains publiée par la Croix, Paix Liturgique s’attarde sur le profil des séminaristes des diocèses français.
Du vendredi 1er décembre au dimanche 3 décembre dernier, a eu lieu à Paris, organisé par l’épiscopat français, le rassemblement des séminaristes diocésains français, dans le but, semble-t-il, de regonfler leur moral. Sur 673 séminaristes que décomptent les services de la Conférence des Évêques, près de 600 se sont ainsi retrouvés dans la capitale, accueillis dans des familles catholiques qui avaient répondu à l’appel des paroisses.
Les points forts de leur rencontre étaient : le vendredi 1er décembre, jour d’adoration en diverses églises de Paris ; le samedi 2 au matin, messe présidée à Saint-Eustache par Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Évêques, qui répondit ensuite à leurs questions ; et le dimanche 3, messe à Saint-Sulpice présidée par le cardinal Aveline, archevêque de Marseille, le seul cardinal français à la tête d’un diocèse.
On a pu ainsi, à Paris, embrasser l’ensemble de ceux qui se préparent à être les prêtres français de demain. Ce coup d’œil exhaustif a confirmé ce que l’on savait d’eux par ailleurs. Et d’abord, qu’ils ne sont qu’un tout petit reste. Les photos devant Notre-Dame ou devant Saint-Sulpice de leur groupe qui ne constituait vraiment pas une foule, provoquent presque de l’angoisse. Ils sont 673 seulement, et combien parmi eux parviendront au sacerdoce ?
On a pu aussi constater que ce petit reste était très différent des générations formées dans les années de plomb d’après le Concile. Séminaristes très classiques, ils sont même différents de ces « classiques » produits par les maisons parisiennes des années Lustiger. Ceux d’aujourd’hui paraissent timides et un peu fluets. On verrait bien une bonne part d’entre eux mêlés à ces jeunes catholiques des paroisses qui rejoignent tous les ans les jeunes tradis du pèlerinage de Chartres.
L’autre étonnement a été qu’ils ont été traités comme tels. Il y a trois ans seulement les propédeutiques de Paris qui se préparaient à entrer dans le premier cycle du séminaire étaient rudement malmenés parce qu’ils demandaient à recevoir la communion sur les lèvres et non dans la main. Tout au contraire, les organisateurs du rassemblement parisien s’étaient adaptés à la sensibilité de ces jeunes gens.
Le samedi, on leur a fait chanter la messe De Angelis, Kyrie, Sanctus, Agnus, « Chez nous soyez Reine » en chant de sortie, et pour finir on les a conduits sur le parvis de Notre-Dame pour y chanter un Magnificat en latin ( Rassemblement des séminaristes : la messe présidée par Mgr de Moulins-Beaufort – Riposte-catholique ).
Lors de la messe du dimanche à Saint-Sulpice, qu’on peut retrouver sur KTO ( Messe du rassemblement des séminaristes de France 2023 — KTOTV ), on pouvait repérer une foule de détails symptomatiques : leur vêture était une aube blanche serrée par un cordon, pour la presque totalité, et non une aube pendante, et pour un certain nombre entrés dans la cléricature, c’est-à-dire les diacres, ils portaient soutane et surplis ; la presque totalité tenaient les mains jointes, à l’ancienne ; presque tous se sont mis à genoux dès la consécration. La communion était particulièrement intéressante : la plupart faisaient une génuflexion préalable ; une moitié d’entre recevaient la communion sur les lèvres et un quart au moins, un tiers peut-être, la recevaient à genoux sur les lèvres. Les prêtres qui donnaient la communion avaient dû recevoir des consignes : pas un d’eux ne marquait d’hésitation pour s’incliner et la leur donner.
En fait, ces jeunes hommes ne sont pas très éloignés, parfois pas du tout, de ceux qui peuplent les séminaires traditionnels. Et ils sont comme les jeunes catholiques d’aujourd’hui, dont les évêques remarquent avec effroi qu’ils préfèrent la messe en latin. C’est très encourageant, mais attristant aussi, lorsqu’on pense à la répression qu’ils subissent souvent et qui les fait s’enfuir vers la Communauté Saint-Martin ou rejoindre les séminaires traditionnels.
Christian Marquant avouait qu’il aurait bien aimé faire un sondage parmi eux, avec des questions du genre : « Êtes-vous favorable à la liberté de célébration de la liturgie traditionnelle ? » ; « Quand vous serez prêtre, célèbrerez-vous la messe tridentine ? » ; « Parfois ? souvent ? » ; etc. Il disait n’avoir aucun doute : les résultats auraient été une bombe.
Les responsables ont-ils lu cette Lettre aux veilleurs, ou ont-ils eu de leur côté la même idée et ont-ils voulu concrétiser leurs impressions ? En tout cas, ce sondage, La Croix l’a réalisé.
Une enquête publiée par La Croix
Bien entendu, les auteurs de l’enquête n’ont pas posé des questions aussi claires sur les sujets délicats. Mais ils ont cependant réalisé un travail détaillé au moyen d’un questionnaire qui, avec l’aide de la Conférence des Évêques, a été envoyé aux 673 séminaristes français, et dont les résultats ont été publiés par La Croix le 22 décembre dernier sous le titre : « Qui sont les prêtres de demain ? »
430 ont répondu, chiffre qui paraîtra énorme à ceux qui connaissent le milieu des séminaristes, lesquels sont obligés, quand ils professent des idées non conformes, à une prudence de serpent, tant ils ont peur d’être retardés aux ordres. Il est cependant probable que beaucoup de réponses ont été très affaiblies par ceux qui répondaient.
Les résultats qui remplissent trois pleines pages du quotidien sont à lire avec attention. Le Salon Beige ( 47 % des séminaristes diocésains ont fréquenté régulièrement ou occasionnellement une paroisse ou communauté traditionaliste – Le Salon Beige ) les a condensés :
– 72 % viennent d’une famille catholique pratiquante qui se rendait à la messe chaque dimanche, et pour 62 %, leurs parents sont les premières figures déterminantes de leur itinéraire spirituel.
– 36 % des répondants disent avoir envisagé la prêtrise pour la première fois avant l’âge de 10 ans.
– 61 % citent en premier la transmission familiale comme meilleure modalité pour partager la foi.
– 59% ont été servants d’autel pendant de nombreuses années
– 56% ont été scouts, dont 34 % parmi les Scouts d’Europe.
– Trois quarts ont participé aux Journées Mondiales de la Jeunesse
– Plus d’un tiers a fréquenté régulièrement une communauté nouvelle.
– Benoît XVI est le pape qui a le plus marqués 39 % d’entre eux.
– 17 % sont peu ou pas en affinité avec le pape argentin. 65% se disent en affinité à diverse degrés. Il faut préciser que l’enquête a précédé la parution de Fiducia supplicans. À propos de ce dernier résultat, Mgr Micas, évêque de Lourdes, ancien supérieur de séminaire, confiait franchement à La Croix qu’il n’en espérait pas tant.
– Pour 70 %, le cœur de leur mission sera d’abord la célébration des sacrements, loin devant la prédication ou la transmission des Écritures.
– Il convient aussi d’ajouter que 29% d’entre eux estiment que l’on devrait pouvoir ordonner des hommes mariés, mais qu’un pour cent seulement sont favorables à l’ordination des femmes.
Les réponses qui suivent doivent être particulièrement examinées. Elles montrent la proximité d’une partie notable de ces séminaristes avec le monde traditionalistes :
– 47 % des séminaristes ont fréquenté régulièrement ou occasionnellement une paroisse ou communauté traditionaliste.
– Près de la moitié envisagent de porter la soutane régulièrement, un quart occasionnellement.
– 34 % expliquent ne rien avoir contre la messe traditionnelle.
– 14 % apprécieraient de célébrer selon les deux formes.
– 7 % préfèrent la messe traditionnelle et espèrent la célébrer régulièrement
Les résultats sont d’autant plus étonnants qu’il faut tenir compte du fait que les réponses sont vraisemblablement très prudentes sur ces sujets. La formulation des questions ne semble pas non plus avoir été limpide, puisque pour 60% « la messe tridentine n’est pas vraiment un sujet », ce qui peut s’interpréter dans tous les sens. Enfin, La Croix n’a pas traduit ces résultats par un schéma explicatif comme elle l’a fait sur tous les autres points, mais elle a donné les réponses des séminaristes dans le courant de l’article de commentaire. Ces bémols signalés, si on ajoute aux 21% qui sont prêts à célébrer la messe traditionnelle concurremment avec la messe nouvelle les 34% qui n’ont rien contre, on est en face de résultats qui vont dans le sens de ceux récoltés par les enquêtes de Paix liturgique auprès des pratiquants des paroisses de France.
Qu’on pèse bien les chiffres, tels qu’ils sont donnés, même s’il faudrait sans doute les augmenter : aujourd’hui, 21% des séminaristes diocésains de France, et non des séminaristes des communautés traditionnelles, se disent clairement prêts à célébrer l’une et l’autre messe, 7% parmi eux préférant cette messe et espérant la célébrer régulièrement. Ces jeunes hommes seront bientôt prêtres dans les paroisses françaises.
D’ailleurs, les séminaristes sont extraits du peuple des paroisses et représentent la part la plus motivée et la plus pieuse des jeunes pratiquants français. L’inquiétude qui nous saisit vient de leur nombre infime. Une inquiétude plus grande encore si l’on pense que leurs pasteurs, nos pasteurs, les évêques de France, ne sont nullement, pour la majorité d’entre eux, en phase ni avec eux, ni avec les laïcs de ce qu’il est convenu d’appeler « les forces vives » de l’Église, autrement dit de ce qui restera de l’Église dans les décennies à venir. Et cependant, il ne reste plus à ces évêques de France en tout et pour tout que 673 séminaristes fort classiques. Ils feront tout pour « interpréter » ces résultats. Ils sont là cependant : 14% de ces futurs prêtres sont prêts à célébrer la messe traditionnelle ; 7% préfèreront la célébrer.
Le Cardinal Xavier BUSTILLO ne serait il pas Évêque d’Ajaccio Donc à la TÊTE d’un diocèse
Voilà qui devrait faire réfléchir à Rome… Mais y a-t-on encore le souci des vocations et des âmes, quand on cherche à s’attirer les bonnes grâces du lobby LGBT plutôt que d’obéir aux commandements de Dieu ?
LES REPONSES DE CES SEMINARISTES n’ont rien d’étonnant, car ils vivent vraiment pour le Christ et vont à l’essentiel!
que nos évêques méditent longuement ces résultats pour conseiller à notre Pape de mieux discerner le sacré et le message du Christ.
“Timides et fluets”. Comment étaient donc leurs prédécesseurs lustigériens ? Arrogants et costauds ?
Les études durent 7 ans.
On ignore la proportion des premières années (propédeutique, philo) de ces réponses.
Or cela importe m ce n’est pas pareil de donner certaines réponses à 4-7 ans d’une éventuelle ordination, ou de répondre alors qu’on se prépare au diaconat , ou, ordonné diacre, au presbytérat : car dans ce dernier cas, et le plus réaliste, il est possible de les voir célébrer de fait indifféremment une liturgie ou l’autre. Dans le premier cas cela reste de l’horizon lointain et incertain