Il s’appelle Camille Rio, s’est engagé dans la question des abus commis au sein des Missions étrangères de Paris (MEP). Dont acte. Les zones d’ombre des Missions étrangères de Paris (MEP) ne manquent pas sur ces questions, même si d’autres choses seraient aussi à dire sur cet institut (proximité avec les pouvoirs publics, identité missionnaire plus avachie, mais passons…).
Mais la prose de l’intéressé confine parfois au charabia dans cette tribune de La Croix, où fleurissent les mots “décentrement”, “expérimentation”, “paradigme”, “monde à découvrir” (mais le mot Christ n’apparaît pas) un prurit qui peut laisser sur sa faim.:.
Le cardinal Aveline, à son tour, invite à ce décentrement qui consiste à sortir de soi-même pour se tenir disponible. Décentrement : je ne sais si ce mot peut donner une exacte idée du bouleversement qui saisit le missionnaire au contact d’un nouveau monde. Il n’est plus aucun référent connu. Tout est neuf. Face aux mœurs, coutumes et religions, plus encore à la langue, le maigre bagage culturel, les leçons apprises ne sont plus d’aucun secours. C’est une humiliation radicale et douloureuse. La sortie alors n’est plus une option, elle s’impose, de gré ou de force.
Mais aussi, quelles perspectives enthousiasmantes : un monde à découvrir ! Des manières de croire, de penser, de vivre et de mourir ; une culture, une histoire, une société qui bouge et se transforme, elle aussi ! Pour qui consent à s’y risquer, c’est une aventure exaltante, et on formule le vœu que l’Église de France se saisisse des défis formidables que lui offre la société française d’aujourd’hui, non plus pour un combat de réserve, mais en une audacieuse sortie vers un monde qu’elle ne bornera pas d’avance à ses propres limites.
Dans l’exercice de l’apostolat missionnaire, surgissent d’innombrables problèmes à résoudre, nouveaux, inattendus. La mission de l’Apôtre est perpétuelle expérimentation où la moindre erreur d’appréciation se paie comptant. On ne peut s’y laisser griser par les concepts d’une théologie d’école ou le lyrisme des déclarations d’intention. Par conséquent, sa « théologie de la mission » s’éprouve, elle aussi, se purifie, en recherche incessante : traductions, pastorale, liturgie…
La réflexion missionnaire est le lieu par excellence d’une théologie « fondamentalement contextuelle », comme le rappelait récemment le pape François à l’Académie pontificale de théologie. La rencontre de la vie et des hommes ne conduit pas à un changement de paradigme, comme nous y invite Mgr Jean-Luc Garin : elle bouleverse à chaque instant certitudes et résistances ; elle est, en fait, le paradigme.
Un humour douteux sur l’Eucharistie
Mais l’humour du prêtre « justicier » (encore une fois, nous n’interférons pas dans son combat contre les abus dans l’Eglise et au sein des MEP) est aussi douteux, comme nous l’ont signalé des internautes. Il est même étrange que les « croisés » contre les abus n’apparaissent pas toujours comme des hommes de dialogue (pourquoi le compte Twitter de l’intéressé est-il fermé et pourquoi boque-t-il systématiquement quand on exprime quelques réservés ? C’est vraiment “top secret” ? La DGSI a certainement d’autres chats à fouetter !).
La lutte contre les abus ne justifie pas un humour discutable qui, non seulement, ne fait pas rire, mais qui peut même blasphémer comme on le voit dans ce dessin qui parle de la communion. Est-il normal qu’un prêtre qui se prétend engagé dans la lutte contre le cléricalisme donne cette triste – et sinistre – image aux fidèles ? On appelle ça un scandale. Qui peut rire quand un prêtre ridiculise la communion en relayant de bien piètres caricatures dignes du Canard enchaîné ?
Il serait bon de s’interroger sur ces “éradicateurs”. Si l’intéressé entend être un lanceur d’alerte, Riposte catholique a aussi alerté sur ce qui ne va pas dans l’Église. Il y a en tout cas des choses dont on ne peut rire. Et nous n’avons pas ri.