Paix Liturgique réagit après les propos du très hétérodoxe évêque d’Essen en Allemagne, qui envisage de mettre de côté la Tradition apostolique pour faire avancer l’agenda de certains lobbys – l’intéressé, un des hérauts du schisme allemand, s’était déjà fait remarquer lors des JMJ à Lisbonne en posant avec un drapeau LGBT dans une église.
“Monseigneur Overbeck, évêque d’Essen (ville allemande, située dans la métropole industrielle de la Ruhr), a mis les choses au point. Interrogé par une journaliste durant l’actuel Synode, il a répondu positivement à la nécessité de rompre avec la Tradition apostolique. L’information en est relayée par la lettre de la Fraternité Saint Pie X de cette semaine. « Les signes des temps » doivent prévaloir sur toute autre source de la Révélation, tel que le Magistère ou la Tradition, sans oublier l’exégèse théologique. Car de la cohabitation de ces références avec l’inspiration instantanée magnifiée par le Concile Vatican II, nait un faisceau de contradictions facile à concevoir. La rupture sournoise avec l’enseignement constant nourrit les antagonismes, alimente les incompréhensions, et accroit le risque de fracture schismatique. Pourquoi ne pas crever l’abcès pour de bon, d’un bistouri tenu d’une main ferme ?
Alors même qu’une oligarchie triée sur le volet se pare des plumes du paon pour conférer au Synode un aplomb médiatique, à défaut d’une autorité canonique réelle, il n’est pas mal venu qu’un évêque valide l’accusation principale portée à l’encontre du caravansérail, celui qui débuta en Allemagne avant d’embraser l’Institution, sous l’aval bergoglien. Sous prétexte de dynamiser l’Eglise, la conjuration synodale s’emploie à la dynamiter, sans vergogne. Vu qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre…
C’est donc un signalé service rendu aux adversaires de la décomposition ecclésiale que cet aveu de l’évêque d’Essen. D’autant qu’il ne s’agit pas de conserver la « Sola Scriptura » à l’instar des luthériens, que Mgr Overbeck pourrait rejoindre, du reste, à titre personnel, sans contaminer l’Eglise de son égarement. Le déchiffrage des « signes des temps », nouveau charisme mis en valeur par Gaudium et Spes », n’est rien de moins que la porte d’entrée artificiellement forgée pour une nouvelle révélation. La Tradition Apostolique, qui transmet la Foi Catholique reçue des apôtres, déclare la Révélation Christique close à la mort du dernier des Apôtres. L’Eglise Catholique s’honore d’une longue fidélité historique au dépôt de la Foi, et ce trésor de vérité et de grâces, précieux pour les fidèles, est insupportable, non seulement au Monde dont Satan est le Prince, mais aussi à l’armée d’occupation qui, sous l’habit du clerc, sert les intérêts du Monde.
La cohérence globale de la pensée catholique n’a jamais été affaiblie par les objections spéculatives des adversaires de l’Eglise. Ordres mendiants et prêcheurs, dès le 13e siècle, Compagnie de Jésus dès le 16e siècle, ont constitué autant de troupes de choc pour enseigner la vraie foi et dénoncer les erreurs, fautrices d’errance et de désordre. Pour abattre la Citadelle, impossible d’investir le pont levis levé. Quant aux bombardes, exploitables dès le 15e siècle, peine perdue. Le roman d’Ismaïl Kadaré, « les tambours de la pluie », détaille à l’envi les procédés des assaillants turcs pour tenter de s’emparer d’une forteresse albanaise, en vain, du reste. L’actuelle reprise de la guerre israélo-palestinienne dévoile l’impressionnant réseau souterrain creusé par le Hamas. Cette pratique est loin d’être une première en matière tactique. L’Eglise peut être combattue politiquement ou perdre du terrain, mais elle est immunisée contre l’ennemi déclaré.
La stratégie de Vatican II ne peut récuser son inspiration marxiste, notamment sur deux fronts. Celui de la paix à tout prix, par la confusion entre un armistice politique et une désertion théologique des fins dernières, d’une part ; et, par corollaire, l’exploitation subversive de la praxis, chargée de dirimer les objections théoriques des prophètes de malheur. La prévalence de la paix sur la vérité reste l’argument massue de la puissance occupante de l’Eglise, par la disqualification en polémique stérile des porteurs de « Dubia ». Une nouvelle étape de déconsidération de la Nef, qu’il faut affaiblir sans relâche pour en justifier la prise de contrôle, s’adosse à la crise des abus sexuels, dont la gravité est toute imputée à une Institution en crise, rongée de l’intérieur par ses contradictions, faute pour elle d’avoir perçu les fameux signes des temps, à commencer par les signaux d’obsolescence de sa théologie morale.
Si l’Eglise, à l’instar d’une fusée, ne comprend pas la nécessité de larguer le lourd lest d’un premier étage (deux mille ans tout de même, excusez du peu !) dont la raison d’être se limitait à la mettre en orbite (au 20e siècle), l’inévitable retombée dans l’atmosphère sublunaire ne peut que lui être fatale. Les prophètes de malheur changent ici de camp…En reprochant à l’Eglise de combattre un monde qu’elle ne connaissait pas, Gaudium et Spes suggérait un armistice avec un monde bisounours qui n’existait pas. La trahison des clercs préludait alors au démantèlement de la Chrétienté, présumée sure d’elle et dominatrice. Mettre l’Eglise et ses implantations généralisées au service d’une foi individuelle intériorisée, dépréciant le collectif et ses cohérences de masse, en attendant que s’éteigne toute trace d’espérance chrétienne, telle est l’apostasie méthodique, graduelle, hostile au sang qui coule et qui tache, que durant plus d’un demi-siècle, sous nos yeux consternés, Rome a refusé de contrarier fermement. Il fallait pour cela que le pouvoir romain reste opérationnel, afin que, par voie d’intimidation, tout dissident hostile au reniement connût la mise à l’écart, devenant le rebut de l’Eglise chassant les baptisés, tout comme un organisme malade suscite des anticorps à l’encontre de ses propres cellules. De nos jours, la haine de la Messe traditionnelle est devenue le signe « pathognomonique », au sens médical du terme c’est-à-dire spécifique d’une pathologie, celle d’une âme ayant renié ses devoirs envers son Sauveur. Le clivage fait foi d’un hiatus infranchissable sans conversion du renégat.
Mgr Overbeck, explicitement, revendique l’inspiration céleste au jour le jour, et son déchiffrage, réservé aux seuls « happy few ». La situation n’est pas nouvelle, tant l’oligarchie synodale ne fait que reprendre, sous divers avatars, l’inspiration déviante accréditée par Vatican II : la seule tradition vivante est celle qui s’exprime aujourd’hui pour aujourd’hui. Mais grâce à l’évêque d’Essen, le dessein de l’ennemi gagne encore en évidence. Qu’il soit donc remercié d’être sorti du bois…”
Rien de bien nouveau dans ce qui arrive, si ce n’est, fait majeur, que ce sont les hommes d’Eglise eux-mêmes qui reviennent aux cultes païens.
” il est écrit: « Elle s’efforce de dérober aux « hommes leur bien le plus précieux, qui est « leur âme ». Que désirait-elle autre chose, en effet, en désignant Scipion, si ce n’est que ce grand homme, exalté par le témoignage d’une déesse, et se croyant arrivé au comble de la perfection, vînt à négliger désormais la vraie piété et la vraie religion, sans lesquelles pourtant le plus noble caractère tombe dans l’orgueil et se perd? Et comment ne pas attribuer le choix fait par cette déesse à un dessein insidieux, quand on la voit se complaire dans ses fêtes à des obscénités que les honnêtes gens auraient horreur de supporter dans leurs festins?”
Saint Augustin “La cité de Dieu” (A lire sans modération pour y voir clair dans la crise actuelle)