Mgr Vodenholzer, évêque de Ratisbonne (Regensburg) et opposant aux dérives hétérodoxes du chemin synodal allemand, a donné une interview au Schwäbische Zeitung le 13 juin dernier où il critique vertement les défenseurs du schisme allemand, comité central des catholiques allemands (ZdK) en tête, mais aussi la FSSPX qu’il accuse de « placer la vérité au dessus de la liberté« , ce qui pour lui est « inacceptable« . La FSSPX répond et souligne les limites des conservateurs allemands, rappelant aussi au passage les critiques récurrentes de l’évêque de Regensburg contre l’activité pastorale du séminaire de Zaitzkofen situé sur le territoire de son diocèse :
« Comme nombre de conservateurs, l’évêque de Ratisbonne n’aime pas le mouvement traditionnel : il proteste régulièrement contre les ordinations célébrées au séminaire du Sacré-Cœur de la Fraternité Saint-Pie X, situé à Zaitzkofen, sur le territoire de son diocèse.
Dans l’entretien précité, il est questionné sur la Fraternité Saint-Pie X. Il fait alors cette réponse : « Il ne s’agit pas du latin ou de la liturgie. (…) Il s’agit de la reconnaissance du Concile Vatican II, de l’enseignement de l’Eglise et de sa tradition. (…) Dans la Fraternité, nous constatons une théologie politique qui place la vérité au-dessus de la liberté. Cela n’est pas acceptable. »
Il faudrait tout d’abord savoir ce que Mgr Voderholzer entend par cette critique qu’il adresse à la Fraternité Saint-Pie X. Il semble qu’il reproche une vision trop radicale de la vérité : une vérité qui doit s’imposer à tous. D’où la mention d’une théologie “politique”, qui impose sa manière de voire à la société. Il refuse ainsi la radicalité de la vérité.
Cette vérité radicale est Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même : « Je suis la voie, la vérité et la vie. » Et lui seul est la vérité. L’homme ne fait que la posséder, ou pas. Mais s’il possède Jésus-Christ, alors il est certainement dans le vrai.
De cette vérité naît la liberté dans sa plénitude selon cette parole du Christ : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres (8, 31-32). »
Pour l’évêque de Ratisbonne, reconnaître la radicalité de la vérité, c’est, semble-t-il, attaquer la liberté. Il accepterait sans doute la parole de saint Jean, mais dans certaines limites : du moment qu’elle laisse un espace de liberté à l’erreur.
Autrement dit, il n’est pas loin de la position de Ponce Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? ». Le procurateur romain prononce cette parole devant Celui qui possède toute vérité, qui est la vérité. Avec une telle position, impossible de reconnaître la royauté du Christ sur la société. Impossible également de se sortir des errements qui fleurissent depuis le concile Vatican II.
Ce n’est pas avec une notion aussi mitigée et frileuse de la vérité que Mgr Voderholzer pourra aider l’Eglise d’Allemagne à se sortir du chemin schismatique qu’elle a emprunté et qu’elle semble vouloir suivre coûte que coûte« .