En garde à vue depuis le 10 juillet dernier après que les gendarmes se soient rendus dans la fausse abbaye de Tarasteix, l’ex-père Jean-Claude Mercier, renvoyé de l’état clérical en décembre 2022 et excommunié après avoir rejoint une fausse église schismatique, a été mis en examen et déferré pour abus sexuels sur mineurs. Il y a plusieurs victimes entre les années 1970 et 2006 – des faits qui ne sont pas prescrits. Le procureur a requis son placement sous surveillance électronique dans le cadre d’une assignation à résidence avec diverses interdictions – en clair, il est sous bracelet, mais il a été finalement placé en détention.
“Un déferrement est en cours pour ouverture d’information judiciaire devant le juge d’instruction.” La procureure de la République des Hautes-Pyrénées, Bérengère Prud’homme, confirme que Jean Claude Mercier, ancien abbé de Tarasteix, va être mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs“, indique la Nouvelle République des Pyrénées.
Le journal complète : “plusieurs personnes accusent l’abbé Mercier d’avoir abusé de jeunes garçons issus de la communauté des gens du voyage pendant des décennies, profitant de leur vulnérabilité, de leur précarité, et du tabou qui entoure les relations homosexuelles au sein de cette communauté. Certains témoins assurent que l’[ex] abbé aurait acheté le silence de leurs parents en leur proposant de fortes sommes d’argent. Des dires portés à la connaissance de la justice, qu’elle s’emploie à vérifier malgré les décennies qui ont passé.
Car les faits dénoncés sont anciens et la plupart prescrits (la première victime présumée connue est un Gersois qui a déclaré avoir été abusé par l’abbé Mercier dans les années 70). En revanche, on apprend que depuis l’ouverture de l’enquête préliminaire en 2021, pas moins de 7 personnes ont déposé plainte contre l’ancien homme d’Église. Ces plaignants, tous des hommes, déclarent également avoir été sexuellement abusés et/ou violés par l’abbé lorsqu’ils étaient mineurs. Pour deux de ces dossiers, les faits ne tombent pas sous le coup d’une prescription puisqu’ils auraient été commis en 2006.
Des investigations plus poussées vont désormais être menées afin de savoir si l’abbé Mercier a bien violé et abusé ces jeunes garçons, voire fait d’autres victimes. Mais le temps est compté pour que la vérité éclate. En effet, si l’on ignore l’âge exact de Jean-Claude Mercier, l’homme a été ordonné prêtre il y a 53 ans, et souffrirait de maladie“.
De fait, un certain évêque de Tarbes – qui a refusé de commenter les faits – doit être content d’avoir réussi à ranger son bureau. Et la présence d’élèves du collège Pierre Mendès France de Vic, en sortie scolaire à deux reprises (!) les 12 et 15 mai derniers dans la structure de l’ex abbé Mercier, alors qu’il était sous le coup d’une enquête pour abus sexuels – largement médiatisée à son ouverture – est d’autant plus incompréhensible. L’académie de Toulouse s’est montrée jusqu’ici incapable de répondre aux questions de France 3 sur le sujet.
Tout comme le silence assourdissant d’un grand titre de la presse régionale – le dernier en réalité à ne pas avoir traité cette affaire dans ses colonnes [le papier qui apparaît sur le site est celui de la NR]. Aucun rapport, certainement, avec l’enquête ouverte contre Jean-Michel Baylet, ex-ministre et PDG dudit journal pour agression sexuelle sur mineure en 2021, finalement classée pour cause de prescription.
Une association d’aide aux victimes lance un appel à témoins
Dans les colonnes de France Bleu, l’association Parler et revivre, fondée par un homme qui a été victime d’abus de la part d’un ex-prêtre orléanais renvoyé de l’état clérical en 2021 et jugé en 2018 a lancé un appel aux témoignages :
“Olivier Savignac est co-fondateur de l’association Parler et revivre, il a été victime d’abus sexuels de la part d’un prêtre durant un camp de jeunes à Arthez-d’Asson en 1993. Olivier Savignac redoute qu’il y ait plus de victimes que de plaintes enregistrées : “Des éléments tangibles sont remontés jusqu’à la procureure de Tarbes, c’est important mais il faut savoir que cet abbé Mercier avait été renvoyé de l’état clérical, il n’y a pas de fumée sans feu.”
“Il y a dû avoir d’autres faits bien avant parce que cet abbé était à l’abbaye de Tarasteix poursuit Olivier Savignac. Il y a eu du passage, potentiellement des personnes victimes originaires d’autres régions. […] On peut faire un appel à témoins, un appel à victimes parce que chaque parole compte. C’est ce qui va permettre à la justice d’évaluer l’importance des dégâts. Si ce monsieur a œuvré dans son abbaye depuis la fin des années 70 et que des faits remontent à 2006, il a pu être actif pendant des décennies.” Olivier Savignac conseille aux victimes de se manifester auprès de la procureure de Tarbes, Bérengère Prud’homme”