Paix Liturgique s’intéresse à l’affaire de Chaligny, où le diocèse de Nancy essaie de vendre au prix fort la chapelle Notre-Dame du Fer, en évacuant totalement sa dimension spirituelle et mémorielle – cette chapelle a été construite par les ouvriers des aciéries de Neuves-Maisons (qui existent toujours) et ornée par eux.
“Comme l’indique la presse locale en Meurthe-et-Moselle, la chapelle Notre-Dame du Fer de Chaligny, construite en 1956-57 par les ouvriers des aciéries et les mineurs de fer sur un terrain donné à l’évêché par l’aciérie de Neuves-Maisons, toujours en activité, a été mise en vente, suscitant l’émoi des habitants pour lesquels elle est un lieu de mémoire majeur.
Inaugurée le 5 mai 1957 par Mgr Huet, elle est large de 7 mètres et longue de 20, avec des vitraux des établissements Benoit Frères de Nancy, et des pieds d’autel en minerai de fer. Deux habitants de Pont-saint-Vincent ont fait les plans et le chantier a été mené par un porion – un contremaître de la mine – ainsi que des mineurs et des sidérurgistes sur le modèle des auto-constructions Castor. « Elle a été construite par des croyants et des non-croyants, tous bénévoles, c’est une chapelle ouvrière », rappellent les habitants dans la presse locale.
En janvier 2023, la presse locale était avec les habitants : « croyants et non-croyants, unis dans la défense de la chapelle, assistent à la messe de l’Epiphanie. Une cérémonie avec une charge émotionnelle particulière. L’Eglise veut mettre en vente le bâtiment. Sylvio Cicotelli, président de Chaligny Patrimoine, considère que le lieu est sacré et ne peut faire l’objet d’une opération immobilière : ”on pense franchement que le but, c’est de la raser pour récupérer le terrain. On est en train de toucher au sacré”. Dans le terme « sacré » il faut entendre le sens religieux, mais aussi la dimension historique et culturelle du lieu ».
Riposte Catholique résume l’affaire le 2 mai 2023 : « Faute de ressources, l’évêché de Nancy a décidé de mettre en vente à 100.000 euros la chapelle Notre-Dame du Fer de la commune de Chaligny. Problème – celle-ci a été construite en 1957 par des mineurs et des sidérurgistes bénévoles, qui l’ont ensuite offerte au diocèse. Les habitants refusent que le diocèse profite d’un travail fait par leurs ancêtres, et refusent que le patrimoine soit bradé.
“La mairie de Chaligny est également vent debout contre la mise en vente du lieu de culte“, expose France Bleu. “C’est difficile à admettre qu’elle soit revendue alors qu’elle a été construite bénévolement par les Chalinéens, j’ai du mal avec ça“, confie André Bagard, le maire de la commune. Mais pas le choix, répond l’Église, la paroisse n’a plus les moyens d’entretenir la Chapelle. “Avec la baisse du nombre de pratiquants et des ressources, ça devient difficile de l’entretenir, en plus, Chaligny compte déjà une autre église“ [propriété du diocèse aussi], insiste le Père Jean-Michaël Munier, vicaire général du diocèse de Nancy et Toul.
La mairie souhaiterait la racheter, mais le prix proposé par l’évêché reste très haut : “face à l’intransigeance de l’Évêché, la mairie propose de racheter la chapelle pour en faire un lieu culturel. L’Église est prête à la céder 58.000 euros, une somme trop élevée pour la mairie. “On n’a pas les moyens, il faut qu’on trouve un compromis avec un prix de cession inférieur et raisonnable“, assure André Bagard”. Une réunion doit avoir lieu en juin entre le maire et le vicaire général pour tenter de trouver un accord ».
Le diocèse finit par communiquer sur le sujet, indiquant qu’une vente à l’euro symbolique à la commune est contraire au droit canonique. De quoi surprendre un canoniste cité par Riposte Catholique : « il n’y a rien dans le droit canonique qui interdise la cession à l’euro symbolique […] de nombreux diocèses la pratiquent ». En revanche, « l’intention des donateurs – ce n’est pas seulement les gens qui ont donné de l’argent, mais aussi de leur temps, fait des œuvres d’art, entretenu – elle compte, elle est même primordiale ».
L’économe diocésain, que Riposte Catholique a contacté, « affirme s’appuyer sur le canon 294. ”Nous nous sommes fixés pour règle de ne pas vendre en-dessous du prix d’une expertise ». Mais les circonstances le poussent à se contredire : il n’y a pas eu une expertise « mais deux. Pas des expertises, mais des offres, à 100.000 et 140.000 euros ». La dimension spirituelle et mémorielle de la chapelle Notre-Dame du Fer ayant totalement été évacuée au profit de son unique valeur vénale”.
Suit la lettre ouverte d’une paroissienne à Mgr Papin, l’ex-évêque du diocèse, que nous avions publiée en mai dernier.
A suivre…
Sainte Jeanne d’Arc, une compatriote de ces fidèles paroissiens (is ne sont pas les seuls à défendre cette cause, mais ils en sont les chefs de file) répondit aux clercs du tribunal d’Inquisition qui lui faisaient remarquer qu’ils étaient l’Eglise :”Vous parlez au nom de l’Église, mais vous n’êtes pas l’Eglise ;vous êtes des gens d’Église “.
On peut méditer sur ces saintes paroles pour rappeler aux clercs qu’ils n’ont pas le” monopole d’Église “, ayant reçu le MÊME baptême que chaque fidèle, ni plus, ni moins.